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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

dimanche, novembre 20, 2011

Un petit peu de contre-forum – timidité – Publie.net (et lâche renoncement transmué en longueur excessive)

Samedi, j'avais envisagé d'assister au contre-forum organisé en pendant au « G 20 de la culture », mais : réveil trop pénible pour écouter à 10 heures le responsable de l’AMACCA de la Ciotat. (Associations pour le Maintien des Alternatives en matière de Culture et de Création Artistique) qui aurait pu m'intéresser, pluie et manque de motivation pour la rencontre avec un directeur d'une salle de cinéma alternative de Bruxelles, qui suivait, et surtout tempête intestinale... j'ai décidé d'attendre l'après-midi.

Suis partie sous un reste de pluie,

qui rendait un peu sinistre le rocher de la rue Peyrollerie,

côtoyant l'ennui vêtu de bleu, (j'ai vu tout de même un joli carrousel de motard venant se garer, en dessinant une longue courbe, sur la place du palais)

Ai traversé le verger d'Urbain V au sable détrempé, suis passée sous la tour de Trouillas vertigineusement voilée, pour rejoindre la Manutention, sous les Doms, et l'intervention de Valérie de Saint-Do

(je noie ma très mauvaise photo qui la défigure) venue parler du spectacle vivant, de ses difficultés, de la possibilité de maintenir un théâtre autre, en s'appuyant sur les expériences réussies, ou sur ceux qui n'ont plus de galères quasi insurmontable, comme Nicolas Frisse pour la musique («si l’on ne comprend pas que le travail et le culturel ont tout à faire ensemble, on ne peut approfondir ni l’un ni l’autre», Franck Lepage et le Pavé ou Armand Gatti – casser la sacralisation de l'art, donner accès à la pratique ce que fait (faisait) l'éducation populaire. Un exposé construit, nourri, vivant – entre deux interventions savoureuses d'acteurs lisant des textes de leur choix. Et un petit dialogue avec la salle (pleine mais petite) au cours duquel j'ai mesuré une fois encore l'étendue de ma timidité, et mon manque de foi en la pertinence de ce qui me venait aux lèvres.

Une attente devant la Manutention, sans grand contact avec les petits groupes, à part échange de feu, sociabilité de base, le dernier intervenant : Thierry Discolo des Éditions Agone étant en retard, et comme mon mal-être reprenait un bon peu d'existence, comme surtout il me devenait évident que je serai incapable, contrairement à mon idée de départ, d'évoquer, ensuite, Publie.net, et d'être pertinente, j'ai finalement renoncé à l'entendre, et à assister, en début de soirée, à un spectacle, en face, au théâtre du Dom, chez les belges, de et par Raphaële Arditti qui « s’appuie sur de vrais textes pour révéler l’aspect fumeux des discours conceptuels sur l’Art » pourtant prometteur.

Et en me morigénant mollement pour ma lâcheté grandissante, ai regagné, d'un pas flou, l'antre.

Pour relever des passages de textes de Publie.net qui, me semble-t-il, auraient été dans l'air de cet après-midi, avec de l'écriture en plus peut-être, (mais je n'aurais jamais pu les présenter ou même les citer dans le petit échange post-exposé) – m'a plu, en prend une partie - c'est trop long, prévenus vous êtes – avec des photos non utilisées prises cet après-midi, de ma cour et de mon trajet, en ponctuation

comme

«C’était voir les délégués du personnel raser les murs, de leurs affichages syndical ou CE, de leur permanence hebdomadaire à laquelle personne n’osait se rendre, tout comme eux n’osaient pas passer dans les bureaux à la recherche des revendications. C’était se dire « nous sommes en France, c’est pire ailleurs, tenons bon, encaissons, tenons bon encore un peu. »

Joachim Séné - « c'était » http://www.publie.net/fr/ebook/9782814505162

ou

« Zainaba a 18 ans et prépare un B.E.P. carrières sanitaires et sociales. Elle est mère célibataire d’un enfant d’un an. Elle est arrêtée et clame sa volonté de retrouver son bébé resté chez la voisine. On passe outre et elle est expulsée comme tous les reconduits à la frontière vers Anjouan (île la plus proche). Elle revient quelques jours plus tard dans un kwassa-kwassa chargé de 30 personnes et de 7 cabris. Elle aura versé 100 euros pour cela à des passeurs sans scrupules. Elle ne dira jamais comment elle a trouvé cette somme, mais elle racontera les larmes de terreur et les prières collectives dans cette fragile embarcation sans cesse au bord du naufrage… »

Juliette Mezenc « sujets sensibles » http://www.publie.net/fr/ebook/9782814502406

««Vous savez su que Hurlin a été planté, c’était dans un squat, libéré de trois jours, ce n’était pas un méchant non il ne méritait pas ça… »

Et ce qui reste de celui qui ne portait pas de chaussettes et six semaines n’eut pas de pantalon de rechange, des lunettes qui ne tenaient plus dans la monture cassée et quémandait son tabac à rouler en parlant de trop près et impossible à fixer dans la pièce avant qu’il se mette à écrire, alors le visage tout contre la feuille et la silhouette cassée en deux, une main tenant le stylo bille qu’on lui avait prêté, l’autre main, la gauche, retenant le verre des lunettes : je prends liberté de parole parce que le corps a cessé et s’ils l’ont finalement ramené dans sa famille tout au long de la route en diagonale de Bordeaux à Metz ou bien s’il est resté là dans une concession provisoire, tiré dans un véhicule des services concessionnaires de la ville est-ce que ça compte sauf l’engrenage, pour les bêtises faites à vingt-quatre ans l’engrenage de parois dures qui rongent et des deux côtés se resserrent. »

François Bon - « Prison » http://www.publie.net/fr/ebook/9782814504301

«Je tends la main, assise sur une des marches d'un des escaliers du tréfonds d'une station de métro. Je me suis enfoncée dans ce lieu sans nom. Espace immense, labile, sans sol tangible. Lieu de bruits de pas et de souffles de stress. Marche où seule, figée, je reste traversée par ces corps pressés. Ma main levée dans son immobilité, presque agressive puisqu'ils se jettent dessus et l'évitent de peu au dernier moment. La tête tourne dans ce flux, plus d'attention. Un grand mouvement vide dans les yeux. »

Marina Damestoy «mangez-moi » http://www.publie.net/fr/ebook/9782814503083

« Nous sommes l’axe du bien. Nous faisons le bien et portons le bien au mal qui fait du mal au bien. Nous sommes l’axe du bien. Nous sommes l’axe du bien en lutte contre le mal. Contre l’axe du mal. L’axe du mal fait le mal où se trouve le bien. Nous sommes l’axe du bien en lutte contre le mal. L’axe du mal fait le mal au bien qui lutte contre le mal. Nous sommes les forces du bien pour le bien des forces du bien qui luttent afin de rétablir le bien de l’axe du mal »

Jean-Michel Espitallier « en guerre » http://www.publie.net/fr/ebook/9782814504394

« Niko Bellic croisé dans le hall, je lui ai tenu la porte et il m’a suivi. Plusieurs minutes après son visage contre le mien : ce silence dans la verticale de l’immeuble. Ces sons stridents échappés. Je me dis : le calme avant la tempête. Je me dis : c’est l’odeur des jours avant la bombe. La déflagration vient du dessus, des étages supérieurs, et s’abat vers le sol. Le plafond perce et me recouvre, je reste figé-blanchi sous les gravas. Mais le bruit reprend son cours, le tympan se débouche ; ce n’est qu’une impression qui n’arrivera jamais. »

Guillaume Vissac - « livre des peurs primaires » http://www.publie.net/fr/ebook/9782814503021

« Vivre avec la peur qui rôde est le grand défi des temps présents, du moins c’est le dilemme tel qu’il est présenté sur les écrans, dans le cône de lumière incident à leur bombardement ondulatoire. Lorsque, débranchant l’ordinateur, on sort des ondes qui y sont associées, on découvre un autre paysage. On peut voir le temps rouler sur lui-même comme un lourd tapis de matière auquel un nombre grandissant de participants brûle de mettre le feu, tandis qu’un nombre plus réduit de protagonistes – mieux équipés – s’affaire à neutraliser les incendiaires. »

Vincent Eggericx « la position de l'observateur » http://www.publie.net/fr/ebook/9782814500907

« et on était, je parle de la France en général,

on était en plein dans le mot « violence »

vraiment à l’intérieur du mot

puisque les dites émeutes avaient été déclenchées

par des mots

du Ministre de l’Intérieur »

Leslie Kaplan - « les mots » http://www.publie.net/fr/ebook/9782814502253

« Au mois de novembre 2008, une famille du Kosovo était expulsée de l’aéroport de Biarritz. Il faudrait donner un nom à chacune de ses personnes, rétablir la chaîne des responsabilités, pensions-nous. Trouver les noms de chacun des membres des escortes, des pilotes d’avion, des médecins qui établissent des certificats médicaux, des gendarmes qui donnent le signal permettant à l’avion de décoller. Établir une sorte de tableau des responsabilités, un tableau des listes de taches accomplies qui mènent à ce que des enfants soient emportés et que des parents s’évanouissent au seuil de l’embarquement. »

Marie Cosnay - « quand les mots du récit.. »

« Là tu tombes nez à nez avec lui. Il parle, il parle, il parle sans arrêt. Il suffit que quelqu’un le regarde dans les xyeux et voilà qu’il démarre. Il n’a pas d’argent. Il est malheureux de faire la manche. Il n’a pas d’autre solution. Il poursuit sur le même thème. Il a un défaut de prononfiafion. Il sort bredouille au moment où entre un grand type, bel homme, cheveux dans tous les sens. D’une voix tendu, il s’excuse lui aussi de mendier. Dormir dehors est difficile. Ne pas manger est pire. Il y a de la rage dans ses mots. Et aussi de la honte derrière. Personne ne donne de pièces. »

Bruno Allain - « Paysages urbains » http://www.publie.net/fr/ebook/9782814501904

« En 1998, le groupe Daewoo décide de liquider trente-deux de ses quarante-sept usines dans le monde. Les trois usines de la Fensch ont été payées par les subventions publiques, au motif de redonner du sang et du travail à une région exsangue depuis qu’on en a terminé avec les aciéries et la mine : à qui appartiennent-elles, alors ? Les responsables politiques de la région répondent sans s’attarder qu’ils ont soi-disant récupéré leur mise (« on a récupéré notre pognon », lance élégamment le président de l’exécutif régional, Gérard Longuet – et dans notre société du « bon sens économique » selon le mot d’ordre du premier ministre de ce temps où j’écris, il suffit). Les trois usines-sœurs Daewoo emploient à ce moment-là 1200 personnes. »

François Bon - « Daewo » http://www.publie.net/fr/ebook/9782814504684

« Et le pompon, l’article L. 212-4 bis sur la période d’astreinte… Alors, « une période d’astreinte s’entend comme une période pendant laquelle le salarié » – genre mon mec – « sans être à la disposition permanente et immédiate de l’employeur »– merci de nous rassurer… ! – a l’obligation de demeurer stressé à son domicile en flippant à chaquefois que le téléphone sonne ou à proximité en écoutant sa messagerie toutes les cinq minutes afin d’être en mesure d’intervenir pour « effectuer un travail au service de l’entreprise » qui est en train de foutre notre vie en l’air ; la durée de cette intervention étant considérée « comme un temps de travail effectif » que d’autres soit dit en passant, aimeraient bien avoir. »

Jean-Charles Massera « croissance, familles savoyardes et baskets à scratchs »

http://www.publie.net/fr/ebook/9782814501263

« Une preuve d’existence de « la crise » c’est « la crise ».

La vie chère nourrit « la crise » qui nourrit la vie chère.

« La crise » mène la vie chère.

« La crise » ça s’épelle : c-a-p-i-t-a-l-i-s-m-e.

« La crise » sponsorise les carrières politiques.

« La crise » inégalise verticalement et égalise horizontalement. »

Joachim Séné – « La crise » http://www.publie.net/fr/ebook/9782814503045

« Selon Spinoza, le désir serait l’essence de l’homme, notamment le désir de « persévérer dans son être ». Un dictateur peut tout nous retirer, sauf ce désir de vivre encore et encore. Alors chacun de nous devient semblable aux autres et ensemble, unis par notre désir, nous formons une multitude. Nous agissons comme un seul être. Aucune idéologie ou revendication ne nous anime, sinon la volonté de persévérer dans l’être. »

Thierry Crouzet - « Ya basta » http://www.publie.net/fr/ebook/9782814504769

pardon imploré et il y en avait d'autres qui auraient aussi bien ou mal convenus, sans compter, bien entendu, « le droit à la paresse » de Paul Lafargue, « instructions pour une prise d'armes » de Blanqui ou « Blanqui, l'enfermé » de Gustave Geffroy.

10 commentaires:

Pierre R. Chantelois a dit…

Comment dire? Et si la vraie conférence sur l'art, et sous ses formes, se donnait ici, à travers ces compte-rendus et ces errances au cœur d'une ville fondée sur des assises de création et de créativité? Et déjà Lafargue avait prévenu le coup : le droit à la paresse.

JEA a dit…

la crise en thèmes...

tanette2 a dit…

La crise a bon dos. Terrible la vie de ceux qui galèrent à côté de ceux qui se pavanent et clament des bénéfices indécents...comme par provocation...

jeandler a dit…

Avignon investi...Encore des hommes en bleu ! Misère.

micheline a dit…

"la volonté de persévérer dans l’être."
la seule énigme où nous sommes enfermés

Michel Benoit a dit…

Je serais bien allé écouter le résultats des études de comparaison entre les deux forums d'un groupe d'étudiants de l'université à 17h30 salle des Hauts-Plateaux, mais j'eus encore plus de flemme que toi !

Brigetoun a dit…

tiens je ne savais pas que c'était prévu - j'ai essayé d'interroger les étudiants qui attendaient dans la rue en fumant avec moi mais aucun n'avait assisté aux deux, les autres devaient être dans ceux qui buvaient à l'intérieur - de toute façon j'étais incapable de prendre la parole ce que je voulais

joye a dit…

J'aime surtout tes photos d'Avignon-sous-la-Pluie, brige.

Gérard Méry a dit…

J'aime la photo de la police qui se mouille sut le carrelage

Brigetoun a dit…

les pauvres : imagine l'ennui de patrouiller dans un Avignon qui au pire est un peu vexé d'être tenu pour rien par ces industriels de la culture