commentaires

désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

vendredi, décembre 19, 2014

Yeux toujours levés, ciel bleu et tempête

Comme j'avais oublié, chose importante, d'acheter du produit vaisselle,
comme une voix au téléphone m'avait dit que, cette année, l'UNICEF était en rupture de stock et ne pouvait m'envoyer ni le calendrier qui m'offre chaque mois un nouveau visage d'enfant à regarder depuis ma douche, ni l'agenda où je pense parfois à inscrire des rendez-vous et que je bourre de factures à payer, appels de fonds auxquels réfléchir etc.. (et que donc leur montant, ainsi que celui de paquets de cartes de voeux était converti en don), m'en suis allée dans la ville, vers l a FNAC parce que c'était le seul endroit auquel j'étais capable de penser... sans regarder les tenues de fêtes devant lesquelles je passais, 
yeux dans le bleu animé du ciel..
Ai longtemps cherché, ai pu éviter une trop grande laideur, ai continué à virer entre les rayons, à peu près fermement décidée à ne rien prendre puisqu'ils n'avaient en principe, et d'ailleurs en fait, à peu près rien qui figure sur ma liste de désirs,
et m'en suis retournée, près de deux heures plus tard, avec produit vaisselle, des photos de Londres pour la douche, des estampes de Hiroschige pour le pense-bête, et puis un peu de Thierry Crouzet, d'Agatha Christie, de François Cheng, de Jean-Philippe Toussaint, de Quignard et de Giono, avec Roma de Fellini, l'île nue, Schock Coridor et Quinze jours ailleurs (Minelli), et pour que le corps soit à la fête, y ai ajouté, extrêmement, superbement, autoritairement odorant, un petit, pas si petit d'ailleurs, Pecurinu.
Et comme vraiment n'ai rien de plus intéressant à dire, comme je pense que ceci l'est fort peu, comme c'est tant pis, mais tout de même, je reprends la description d'un tableau du musée Calvet, un peu d'Avignon publié chez les cosaques http://lescosaquesdesfrontieres.com
Joseph Vernet, de la rue ensoleillée à l'orage
Ce serait suivre dans la lumière la courbe tendue de la rue jusqu'à la grille – ce serait la calade, l'escalier, chercher ses oeuvres en écho à la rue.
Ce serait
les regardants, petites silhouettes colorées éclairées violemment comme un ancrage, et pourtant mes yeux attirés par le grand trou de lumière, par la grande diaprure qui pleut en biais sous les nuages.
la mousse des ressacs qui poursuivent les hommes couchés sur l'eau, bande de bois disloquée portant un moutonnement indistinct de corps, légèrement inclinée pour que l'oeil, par delà le rouge et les cheveux flottant à la proue, sautent l'onde noire animée de brisures blanches vers le fouillis lumineux qui se brise sous le rocher et les effarés.
Ce serait
l'arche rocheuse devant laquelle ils se tiennent, son élan, l'arbre secoué dans le vent, branches tendues dans leur résistance vers cette trouée en camaïeu animé blanc et bleu grisé, la boursouflure des nuages, cette diagonale qui s'ouvre sur une zone de ciel libre en haut à droite.
une petite tache qui serait un bateau très lointain, les yeux qui reviennent saisissant au passage ce voilier en détresse qui se penche, coque et mats, en parfait parallélisme avec l'averse, les yeux qui rebondissent jusqu'à l'étrange écueil.
l'étrange écueil qui se dresse sous l'immense ciel, occupant le milieu de la toile avec, accroché à lui, à contre sens, en embrassade désespérée, les fétus roux qui sont les mats, les vergues, les voiles carguées, le gréement en désordre et la rondeur de la poupe inclinée vers sa dislocation
Ce serait l'artifice de la composition qui laisse deviner les lignes sous-tendues pour les effacer dans un désordre théâtral – ce serait l'éloquence de la lumière et des ombres qui effacerait la gesticulation des corps esquissés
Ce serait les regarder en partant, eux sur leur balcon de roche, ce serait la culotte jaune, la chemise blanche et la ceinture nouée. Ce serait avoir envie de santons.
Joseph Vernet – naufrage d'un voilier sur des rochers – Musée Calvet, Avignon

6 commentaires:

Dominique Hasselmann a dit…

L'Île nue... Shock Corridor... autant de films incontournables (et un Thierry Crouzet comme livre à la plage)...

annajouy a dit…

les impressions si romanesques que peuvent nous offrir ce genre de toile de genre de voiles..! ***

Brigetoun a dit…

sourire - oui, il tient sa place

arlette a dit…

La chute est imprévue!! Bravo pour le raccourci vers les santons
viens justement d'installer la crèche

Brigetoun a dit…

moi pas encore, mais c'est le jour où je suis allée acheter le pêcheur d'Isoline Fontanille

Gérard a dit…

En extase devant le tableau de Vernet