Détente entre les draps
avant de se décider à entrer dans le jour, en refus de le
programmer.
En rester au lavage de
cheveux, m'interdisant ainsi toute sortie matinale.
Chercher sur le site du
Ministère de l'intérieur les résultats des cantons du Vaucluse qui
s'est donné depuis longtemps à la dérive vers la droite extrême,
au point d'être le champ d'une rivalité entre deux familles, celle
depuis longtemps installée à Orange, les Bompard,
l'importée-installée avec en jeune vedette aux dents longues Marion
Maréchal Lepen.
Commencer par regarder ce
qui m'intéresse directement avec Avignon 2 où restent en lice les
verts (la gauche unie s'était partagée entre les trois cantons)
avec 38,21% des suffrages et le FN avec 31,22%, où se pose le
problème de savoir comment se répartiront les voix de l'UMP/UDI
18,84% (Dufaut sénateur depuis la nuit des temps est exclu) et des
deux autres couples de divers droite (un divers qui peut-être très
extrême dans un cas mais ne sais lequel) 5,9 et 5,68%
et faire prière
intérieure aux électeurs et militants UMP que je côtoie (une
pensée à un vieil homme qui avait un certain mal à se faire à ce
que devenait son parti sous la direction de notre ex) pour qu'ils se
rebellent contre la gangrène qui peu à peu ronge leur parti, qu'au
moins ils aient le sursaut de vouloir qu'Avignon se distingue du
Vaucluse profond, et des riches bourgades qui nous entourent.
Et puis consulter les
résultats canton par canton et pour le premier par ordre
alphabétique Apt, où l'union de la gauche est en tête très
fragile avec 35,60% dans une triangulaire, avoir la curiosité de
regarder ce qui s'est passé dans les villages et découvrir un
endroit où me viens l'envie de partir, Auribeau, ses maisons
groupées en haut d'une épingle de la route, ses 83 inscrits, ses 42
votants, les 27 de la gauche, et même les 10 de l'UMP, et un salut
détaché aux deux FN
Saluer la gauche en tête
à Bollène (mais sans espoir, suivie de près qu'elle est par les
deux familles extrêmes), grimacer à Carpentras, Cavaillon,
Cheval-Blanc, Monteux, Orange (le FN devance la famille princière),
Pernes-les-Fontaines qu'est si beau, Pertuis, Sorgues, Vaison,
Valréas.. soupirer devant le ferme entêtement des gens du Pontet qui ont élu
directement leur maire FN (leur ex-maire) et, puisque je pensais à
un de ses «fils», et que j'aime son charme (mais incapable de
retrouver d'anciennes photos, et sans envie de les chercher ai eu
recours à Google), m'arrêter sur l'Isle-sur-la-Sorgue où les verts
et les socialistes qui se présentaient séparés sont exclus alors
que le total des voix qui se sont portées sur eux devance le
résultat du FN 36,59% et que l'UMP suit d'assez loin avec 28,28% -
j'espère pour les électeurs orphelins que la faible proximité de ce
dernier couple avec l'extrême leur permettra de voter pour lui sans
trop de révolte.
Et dans l'après-midi,
pendant que le ciel, brouillé au petit jour, régnait en bleue gloire
printanière sur la cour, me suis longuement plongée dans les trois
recueils de René Char de ma bibliothèque, relevant au passage (mais
je dégustais le reste, enfin presque tout, n'aime pas tout, ne
lisait pas tout) sur sa présence dans la région - ou simplement sur
ce que devenait le monde notre -, depuis la maison paternelle
Dans le parc des Névons
Ceinturé de prairies
Un ruisseau sans talus,
Un enfant sans ami
Nuancent leur tristesse
Et vivent mieux ainsi
(la sieste blanche dans les
Matinaux)
et
taisant la beauté de l'évocation de la campagne, des femmes aimées,
des amis, artisans, compagnons,
Extrême braise du ciel
et première ardeur du jour,
Elle reste sertie dans
l'aurore et chante la terre agitée (l'alouette
– la Parole en archipel – réunie avec les Matinaux)
ai
noté des bribes que je reprend dans l'ordre de leur parution, sans
tenter de les organiser davantage
Obéissez à vos porcs
qui existent. Je me soumets à mes dieux qui n'existent pas.
Nous restons gens
d'inclémence (Contrevenir dans
Quitter – la Parole en archipel)
Ce temps par son
allaitement très spécial, accélère la prospérité des canailles
qui franchissent en se jouant les barrages dressés autrefois par la
société contre elles (Feuillets
d'Hypnos – 1943-44 – dans Fureur et mystère)
mais
parce que ces hommes sont de cette nature, sont les devanciers de
ceux qui se laissent ainsi aller de nos jours
Jadis l'herbe était
bonne aux fous et hostile au bourreau. Elle convolait avec le seuil
de toujours. Les jeux qu'elle inventait avaient des ailes à leur
sourire (jeux absolus et également fugitifs) et
voilà que je pense à Christin Jeanney en copiant ces mots. Elle
n'était dure pour aucun de ceux qui perdant leur chemin souhaitent
le perdre à jamais. (le poème
pulvérisé – 1945-47 – dans Fureur et mystère)
...l'enfant
que je fus.. a eu beaucoup de chance. J'ai marché sur le miroir
d'une rivière pleine d'anneaux de couleuvre et de danses de
papillons. J'ai joué dans des vergers dont la robuste vieillesse
donnait des fruits. Je me suis tapi dans des roseaux, sous la garde
d'êtres forts comme des chênes et sensibles comme des oiseaux
(suzerain – même recueil)
une
image de Lourmarin (canton de Cheval-Blanc)
Les civilisations sont
des graisses. L'Histoire échoue, Dieu faute de Dieu n'enjambe plus
nos murs soupçonneux, l'homme feule à l'oreille de l'homme...
…
Lumière pourrissante,
l'obscurité ne serait pas la pire condition (Les
apparitions dédaignées – Le chien de coeur – dans Le Nu perdu)
Des hommes de proie
bien civilisés s'employaient à mettre le masque de l'attente
fortunée sur le visage hébété du malheur... O le galbe porcin de
leur prospérité ! (Hôte et
possédant – L'effroi la joie – même recueil)
Tout ce que nous
accomplirons d'essentiel à partir d'aujourd'hui, nous l'accomplirons
faute de mieux. Sans contentement ni désespoir... (contre
une saison sèche – même recueil)
Tout en nous appelle,
hélas ! la tyrannie. Question de masse et de volume, plus que de
surface (la nuit talismanique..
- même recueil)
Tu
avais dit silence, Brigetoun?
encore ceci : une spécificité vauclusienne : la déroute de l'UMP.
encore ceci : une spécificité vauclusienne : la déroute de l'UMP.
3 commentaires:
René Char nous fait prendre à la fois de la distance avec ces élections et nous rapproche de l'engagement indispensable.
Le "même panier" estimé pour tous est le signe de l'aveuglement politique au nom d'un radicalisme purement théorique et les bras ballants, qui laisse la porte ouverte au néo-fascisme à tête peroxydée.
colère contre eux qui ont rendu dérisoire le mot de gauche, bien entendu
mais ici le mal est plus ancien et la frontière entre les droites plus poreuse qu'autre part
la bonhomie méridionale c'est aussi ça
Il faut entendre ce qui se dit dans les rues ou les cafés...La honte dans de si beaux villages...
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