eu la stupidité le matin,
me sentant toute fiérote, de faire, assez mal d'ailleurs, mais pas
tant, tout le repassage en retard - préparer déjeuner, corps
appuyé à la paillasse, déjeuner, petite sieste, et puis téléphoner
pour réserver, mettre chemise rouge pour la force, pantalon de lin
léger, pastille vichy en bouche, attente en coeur, et m'en aller à
corps refusant dans la touffeur du milieu de l'après-midi,
dans les ombres des rues
et les petits déserts lumineux, les blocs mous de touristes en travers de mes pas..
jusqu'à la place Pasteur,
ses théâtres, et surtout le dédale de salles, cours, classes,
terrain de foot, chapiteaux etc... du Collège de La Salle, que
j'avais toujours fui, effarée par les six théâtres qu'il contient,
tous dûment climatisés, dont le tout petit, tout au fond,
l'Atelier, qui était mon but, et le choix entre les soixantes
spectacles proposés...(mais plaisir déjà de la simplicité, de
l'efficacité de l'accueil, du mélange de public, de la courtoisie
générale et de la liberté grande)
mais voilà j'avais appris
la veille, au théâtre de l'Isle, qu'Etienne Minongou y donnait les
Cahiers d'un retour au pays natal de Césaire et,
quelques représentations de j'mappelle Mohamed Ali
(dernière aujourd'hui) et que
le désir de voir ce que donnait l'association Mohamed Ali,
Dieudonnée Niangouna (auteur du texte) et Etienne Minongou était
irrésistible (en fait peut-être la première, ou une des finalement
assez rares, expérience théâtrale cette année, le théâtre comme
je l'aime d'où l'on ressort riche.. pour un temps plus ou moins
long).
Ne
connaissais pas la pièce, qui a eu 140 représentations et a
beaucoup tournée, il y avait cette présentation dans le programme
Minoungou et Niangouna
en appellent à Ali pour repenser une Afrique moderne, pour laquelle
relever des défis est une activité quotidienne. M’appelle Mohamed
Ali donne à réfléchir sur la résistance, la foi en soi, la
complémentarité des êtres et le franchissement des limites. Etre
Africain et en faire le choix , en porter l’identité fièrement
comme on porterait un drapeau; résister sans se départir d’une
grande ironie. Trois hommes noirs vont au combat.
Mohamed
Ali tout le monde connaît, plus ou moins, Niangouna est pour moi
(enfin pas que pour moi, sourire) un des plus grands auteurs théâtral
actuel, et un militant, et Etienne Minongou, comédien,
conteur, metteur en scène, dramaturge et entrepreneur culturel... a
fondé une troupe théâtrale à Ouagadougou et les Récréales,
premières résidences d'écriture et
de création théâtrales panafricaines
qui tentent d'explorer une nouvelle
approche de la création dramatique en Afrique, en privilégiant un
travail conjoint du texte et de la mise en scène.
Et
là, ce soir, renonçant à un petit spectacle plaisir dans le coin
j'ai un peu fouillé et j'avais trouvé une
vidéo où il parle de la génèse de ce texte, et de Dieudonné
Niangouna, vidéo dont blogger ne veut pas
http://www.theatre-contemporain.net/spectacles/M-appelle-Mohamed-Ali/entretiens/,
puis sur YouTube une vidéo
qui, plus encore peut-être, rend, mieux je ne le saurais, compte de
ce à quoi j'ai assisté, qui donne l'impression d'une parole libre
(avec tout de même quelques images fulgurantes de poésie de
Niangouna, outre l'ironie mordante, l'inquiétude politique), une
adresse, une interpellation
lire aussi, si
vous en avez le temps (pas très long) l'article de Karminhaka
http://attractions-visuelles.over-blog.com/2015/07/m-appelle-mohamed-ali-de-dieudonne-niangouna-boxe-de-l-esprit.html
Seulement
voilà, sortant dans la poussière et les ombres longues de la cour,
ai senti mes jambes commencer à flotter, ma peau se tendre de
chaleur, et j'ai décidé de rentrer comme pouvais, le plus
directement possible, avec arrêts contre murs pour laisser passer
vertiges, et de renoncer au petit spectacle que devais aller voir,
dans la foulée, à côté de chez moi.
Pondu ceci
comme pouvais, et me suis enfoncée en une longue oisiveté, bercée
par France Musique.
3 commentaires:
"Le dernier coureur du marathon se retourne derrière lui."
(Abbas Kiarostami)
Vous allez enfin pouvoir vous reposer un peu !
Merci pour ces cavalcades théâtrales quotidiennes...
encore deux jour et dix envies (vais en sélectionner trois ou quatre, puis un marché et une grosse expo ensuite : nada
Cultivez l'envie, ce talent !
Enregistrer un commentaire