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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

samedi, juillet 22, 2017

Avignon – festival – jour 16 – halles pour nécessaire et jardins pour regarder, écouter

sous couverte mouvante et dans la lumière frisante s'en aller couffin en main par les rues encore très calmes
prendre de l'argent à l'heure où les premières files de spectateurs entrent dans les salles du Roi René
et remplir couffin (trop déjeuné du coup) en m'amusant de voir les sièges disposés, comme une réclame, par un vannier et rempailleur dans l'allée centrale des halles être investis par les postérieurs plus ou moins importants de touristes déjà fatigués
Puis m'en revenir vers l'antre
Sortir en milieu d'après-midi pour aller une dernière fois retrouver le jardin de la vierge du lycée saint Joseph
pour le dernier programme de sujets à vif avec un vrai plaisir et un plaisir évaporé (photos Christophe Raynaud de Lage, as usual)
le vrai plaisir Bâtards (petite forme éducative) de Mathieu Desseigne-Ravel (devenu acrobate dans une MJC avignonnaise, a travaillé avec Alain Platel, membre de Naïfs Productions) vrai contorsionniste (et capable de se présenter, dans la foulée de la mise en place des spectateurs, auxquels il a distribué les programmes, comme un émissaire de la mairie pour affirmer la présence de l'immobilier avignonnais dans la culture, et d'inventer une fable édifiante sur le jardin de la vierge, en me faisant croire à la vérité non de la fable mais de l'imposture) et Michel Schweizer (scénographe et chorégraphe, qui se joue des limites et des relations qu'entretiennent art, politique et économie en portant un regard caustique sur la marchandisation de l'individu et du langage) qui intervient pour relativiser, et cela s'enchaîne sur une invention le fil de fer barbelé, sur ses perfectionnements, sur les limites des territoires sur... pendant que l'un fait subir à son corps des positions étranges, qui peuvent être tentatives de passage ou corps endommagé, l'autre fait part de ses recherches, mêlant la langue de bois à sa dénonciation déguisé.. et c'est savoureux
pour le second au joli titre l'éclosion des gorilles au coeur d'artichaut de Jann Gallois (a commencé la danse par le hip-hop, a fondé une compagnie, signé deux chorégraphies, créé un duo Compact avec Rafael Smadja) et Lazare (auteur, metteur en scène, formé à l'improvisation et au Théâtre du fil, a fondé une compagnie Vita Nova, créé une trilogie)
présentation sur programme de salle
À l'extérieur, il y a deux corps disproportionnés, deux voix dissonantes, deux univers lointains. À l'intérieur, les sensibilités convergent : elles se découvrent de la même taille, prêtes à foncer, à dériver, à chavirer même, si possible. Toujours curieuses, parfois sauvages, les âmes ondulent sur leurs jambes dans une jungle d'émotions, entre interludes à grand bruit et luttes internes dans le silence.
Plaisir dans la plus grande partie de ces deux corps qui se ruent l'un sur l'autre, chutent, se raccrochent dans des positions invraisemblables, mais curieusement dès qu'interviennent les textes et dialogues, un peu décalés, qui pourraient être drôles et intelligents, quelque chose ne colle pas, s'ajuste mal (et le silence du public, concentré, perplexe ou s'absentant le marque)
un peu l'impression d'une possibilité gâchée, et un regret

leur salut (sont arrivés au mariage ou son idée)
et un retour à travers les rues à temps pour arroser, tourner un peu en rond, décider de garder l'immense chemise tente que j'aime bien 
et repartir, pensant être très en avance vers le jardin de Calvet, où l'on n'accède pour quelques soirs qu'avec billet (et en fait la queue était presque décourageante déjà) pour les récits-concerts de Rokia Taoré, accompagnée par Mamadyba Camara (kora) et Mamah Diabaté (ngoni) Dream Mandé - Djata
« Après chaque audience royale, un griot se lève et fait le récit de ce qui vient d'être accompli pour que la décision prise s'ajoute à l'Histoire. Son second est le dépositaire de cette parole, rendue aussi matérielle que le cuir, le fer ou la terre. Le griot ne doit dire que la vérité, que ce qu'il a entendu d'un autre griot. C'est aussi à lui qu'il revient de détruire la parole pour construire une autre parole – c'est-à-dire un autre royaume. » Rokia Traoré, au XXIe siècle, rend hommage à l'art multiséculaire des griots d'Afrique de l'Ouest : entourée de deux musiciens, elle raconte l'épopée de l'empereur Soundiata Keïta dans l'Afrique du XIIIe siècle. Son récit en français est entrelacé de scènes jouées, de récits et de chants classiques mandingues, tels qu'ils lui ont été transmis par des griots dont les familles ont conservé, de génération en génération, le trésor immatériel de l'histoire d'un peuple de tradition orale. Des prophéties annonçant la naissance miraculeuse de l'homme qui unifiera le Mandé, jusqu'à l'établissement d'une charte de droits par l'empereur décidant d'asseoir son règne sur le respect et non sur la cupidité ou la violence, un étonnant récit venu du lointain passé de l'Afrique où le continent se construisait déjà sur la base d'énergies et de synergies propres.
J'avais, après avoir salué en passant la petite statuette d'Ousmane Sow qui n'était pas encore en place lors de ma visite, obtenu une chaise au premier rang sur le côté, mais comme j'étais gênée par le pied d'un projecteur, et pas mon voisin italien à catogan qui aurait été charmant sans son intérêt prononcé pour son smartphone, qu'il s'obstinait à consulter et que mon regard ne pouvais éviter avant de parvenir à la scène, me suis levée après un échange de regard avec les jeunes responsables pour m'assoir, sur le côté de la scène, dans un fauteuil de jardin en fonte, 
juste à la distance raisonnable pour entendre correctement le récit dit en français, les chants en mandingue, hors du regard des autres, et bénéficiant de la vision en profil un peu lointain de Rokia Traoré en princesse d'or sombre (photo Danny Willems) et de sa grande ombre noire, bras fins lançant le son ou caressant l'air, sur le mur de l'orangerie
Et les cigales déchaînées vont plutôt bien avec la kora et le ngoni...


3 commentaires:

Claudine a dit…

Ce qu'elle est belle Rokia Traoré, juste en dessous de la magnifique statuette d'O. Sow

Brigetoun a dit…

n'ai pas assez profité des africains (un spectacle à Benoit XII que je redoute, et les lectures à Mons pour lesquelles n'avis pas le temps sauf une fois
aujourd'hui : grèce ancienne vue par les italiens et un tunisien de retour dans son pays - suis mare nostrum

Lavande a dit…

Vous n'avez pas vu Fiesta?
Je l'ai regardé un (petit) moment sur Arte. Rien regretté!