En vaquant, lavant un
pantalon, un chandail, du linge et Brigetoun, la coiffant,
débarrassant le lit d'un drap très laid retrouvé au fond du coffre
en rangeant et utilisé pour la seconde fois en vingt ans pour me
punir et me désoler de ce choix bizaroïde dans la boutique soldant
du linge qui n'existe plus rue Saint Martin entre le libraire et la
rue des Lombards (ne sais ce que j'avais vu à Pompidou, et si cela
m'avait influencée), je cherchais à renouer avec l'idée qui avait
percé, timidement, en lisant avant de tomber dans le sommeil le
texte de la dernière proposition de l'atelier de François Bon #3 le
«comment j'ai fait» de Marguerite Duras
http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article4735
, ai bifurqué, s'est infiltré dans la nouvelle ébauche
d'idée mon souci pour trois amis, virtuel, réel, ou aimé familier,
leur ai parlé à sens unique, ai voulu revenir au comment j'ai fait,
ai senti combien j'avais froid, ai vu que j'étais en retard, a passé un enfant, en portant les draps jusqu'au sac ai pensé qu'il
était trop tard, sans doute, pour aller chez le
teinturier-blanchisseur et que j'étais définitivement illégitime
pour dire «comment j'ai fait» dans la mesure où c'était comment
j'ai créé et ce que cela entraîne comme exigence, besoin et puis
que besoin il y avait chez moi au fond mais qui ne saurait être
regardé comme admirable, et que je ferais mieux de sortir dans
l'après-midi, qu'il fallait que je fasse mes comptes parce que
j'étais devant la petite liste de trois livres désirés –
incursion d'une blogueuse devenue silencieuse et des satires d'Horace
– et que je pourrais en profiter, mais qu'au fond, si il m'arrivait
de faire, brimborions etc.... à vrai dire tout ceci se chevauchait
et incorporait des bribes de ce qui sortait de la radio et le
ternissement d'un bougeoir – me suis assise devant l'ordinateur et
me suis plongée dans ce que trouvais avant de me mettre à la
cuisine.
Après une sieste d'une
heure ai mis liste dans la poche de ma parka, ai empoigné le sac de
linge, posé dedans mon appareil, suis partie dans la lumière
ai rentré mes épaules
pendant qu'une rafale pénétrait, glaciale, la parka, les deux
chandails, le petit débardeur de soie et une partie de ma chair, ai
fermé ma bouche pour ne pas avaler l'air qui voulait y entrer et
relevé les coins de la dite bouche pour affirmer ma joyeuse
détermination et continué
après avoir échangé
draps sales contre draps propres et un pantalon dadame (un des deux
qui ne sont pas en velours et ne viennent pas du rayon garçonnet de
Monoprix) et par le Vieux Sextier et la place Pie ai rejoint «la
mémoire du monde», ai commencé à circuler le long des tables et
puis, comme ne voulais pas être tentée, ai simplement sorti ma
liste... la Corderie de Christian Grossi n'était pas là, je l'ai
commandée, la vie princière de Marc Pautrel est déjà en
réimpression...
suis revenue, m'arrêtant
en route pour le Canard et des cigarillos, avec un monument à poser
là où pourrais le prendre, le reposer, pour des lectures
fractionnées, le gros et beau bouquin qui contient la traduction par
Marie Cosnay des Métamorphoses d'Ovide, et le feuilletant
immédiatement, avec mon thé vert à l'orange (un délice vivifiant)
je cueille le début du Livre II
Le palais du Soleil
était tout en haut, sur les colonnes de l'air,
clair, d'un or qui
palpite, d'un cuivre de feu.
L'ivoire brillant couvrait le faîte du toit,
L'ivoire brillant couvrait le faîte du toit,
les doubles portes
irradiaient une lumière d'argent...
La
nuit est là.. ai envie d'un vieux film léger, vais chercher, mais avant encore un peu d'Ovide...
8 commentaires:
Il fait bien envie ce pavé
genre : livre de fond
Cela semble logique : être avide d'Ovide.
A garder près de soi..
ADMIRATION renouvelée pour ton écriture. .un roman de brimborions , moi qui privilégie le style télégramme Bravo Amie cela fait du bien de te lire
Dominique oh ! (sourire) un peu comme une boite de délices à déguster lentement mais là, prête à servir
Arlette merci amie (peut être un peu en roue presque libre)
J'ai eu plus de chance que vous : ai trouvé hier Corderie de Christophe Grossi! et j'ai aussi à portée de main le beau livre traduit par Marie Cosnay....
je me console parce que j'aime bien (et ne vais pas assez, je passe par éditeurs ou occasions sur Amazon, budget de retraitée de plus en plus rétréci) que j'aime bien rendre visite à ce couple de libraires, et parce que j'ai deux lectures auxquelles je tiens et qui mérite lecture lente avec détours en cours - gardé de mon époque de travail obsédant l'habitude de garder les lectures importantes pour la nuit alors ça dure….
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