commentaires

désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

vendredi, août 17, 2018

Calme lumineux – et les cieux dans l'atelier d'été du tiers.livre

matin charroi un peu comme peux (m'agace, malgré repos et amorce de poids, mes jambes dès que sors dans la rue se désintéressent de la situation) de draps et robe, les yeux jouant sur les ombres et la lumière
journée tranquille, dans lecture, et le second point cardinal pour répondre, comme hier et les deux prochains jours, à la vidéo 34 de François Bon https://www.youtube.com/channel/UCyhmq2FXs8JxwkFLUgQ2n4w (point cardinal qui a changé de nom en cours de route, pour jouer avec le décentrement du coeur de cette ville qui n'est pas Avignon)
et je reprends (là aussi ce fut un plaisir, peut-être un peu trop) ma réponse à la proposition 32
(rappel : les contributions sont regroupées sur http://www.tierslivre.net/revue/spip.php?article211)



Il est revenu du cimetière vers les remparts, a traversé la ville, sous un amas en bataille de nuages gris, grandes masses sombres glissant sur grisaille mouvementée, se fuyant se heurtant, se mariant, un tumulte ralenti qui survolait la ville en grand élan, assez haut pour ne pas être menaçant, un spectacle venant comme une distraction après des jours de calme bleu, mais avec des blancheurs lumineuses faisant irruption entre les boursouflures, se déformant, s'effaçant, recouvertes pour renaître un peu plus loin, qui lui faisaient espérer que ne s'installerait pas cette couverture grise, douce et humide que les habitants saluaient un temps avant de se lamenter devant sa persistance, l'impression d'être enfouis sans fin dans cette morne neutralité, espérer que ce serait uniquement une pause dans l'autorité, l'évidence implacable de la lumière bleue qu'ils maudissaient certains jours de chaleur pesante et qui faisait leur fierté, comme si elle n'avait pas été le lot partagé avec les villages, les bourgs, les campagnes. Espoir renforcé par le vent qui se levait dans les hauts du ciel, l'oblique fouet délicat des minuscules gouttes d'une averse passagère, les masses noires qui s'amenuisaient peu à peu, s'effilochaient en haillons sombres ou d'un gris palissant. Et ce fut, le soir, depuis sa fenêtre, une fuite de nuages, légers, une dentelle si délicate que les yeux y trouvaient joie, une gamme du blanc le plus pur à l'or finement ocré, un amas de mousseline, avant qu'un rose de chair illuminée, une condensation de lumière en adieu se répande, se diffuse dans le gris tendrement bleuté comme une aisselle de tourterelle, l'accompagne dans son naufrage... le salut matinal d'un bleu de vierge florentine, que des lambeaux de nuages blancs, étirés et légers, parcouraient paresseusement, un jour tendre, un ciel sans violence, ciel d'affiche ou de dessin, juste un peu trop chargé de mauve, l'air devenu visible pour donner alacrité aux esprits et aux jambes, un bleu presque pur, prenant au fil des heures force et profondeur, sous les bourrasques ; et les jours suivants, après que le mistral ait balayé les arbres, les couches de l'air, se soit brisé avec rage contre les murs, le retour de leur ciel d'un bleu improbable, saturé, profond, plombé, immobile, implacablement, la plaque rayonnante entre indigo et lavande, l'intensité de la lumière qu'aucune humidité ne filtrait, cette intensité qui s'effaçait en regardant vers le soleil dont la puissance annulait toute couleur, dardé sur la ville, brûlant les pierres. Ces jours où on ne peut regarder la violence de cette lumière qui abolit le ciel, affaiblit l'azur, sa sereine ironie, quand le sang bat sous les paupières.

5 commentaires:

casabotha a dit…

On se demande s'il y a tout dans le ciel

Dominique Hasselmann a dit…

Hosanna in excelsis deo... :-)

Brigetoun a dit…

Dominique, grâce à vous mon premier rire ce matin

arlette a dit…

Si les gambettes rechignent l'esprit est au plus haut...des cieux

Brigetoun a dit…

là François Bon était gentil avec moi parce que bien ou mal je parle encore plus du ciel que des halles… suis très animale