mardi, mars 09, 2010

Je marchais en lisière du mouvement de la rue, le long du trottoir. Quand je suis passée, rêvant un peu, infléchissant un peu mes pas pour éviter les tables, devant le Café du Commerce, Mario m'a attrapé le bras. Me suis arrêtée, l'ai regardé. Il souriait mais il avait l'air de mauvaise humeur, rides, sourcils, cheveux en berne.

  • Comment vas-tu ?

  • Et toi ?

  • Oh, ça va, et puis non, je..

et comme le bruit des voitures, des conversations – et il regardait avec un rien de férocité les gens attablés autour de nous – nous gênait, nous forçait à élever la voix, il a pris son verre de bière sur le guéridon, repoussé sa chaise, et m'a entraînée à l'intérieur, en demandant

  • qu'est ce que tu prends ?

et, sans attendre ma réponse, parce que bien entendu il la connaissait, il a crié au patron derrière son bar

  • un café !

et le patron a complété

  • serré

Mario, assis, jambes plantées et écartées, regardait comme s'il les découvrait, sourcils froncés, bouche chagrine, les coupes sur une étagère, les fanions, les photos de joueurs

  • qu'est ce que tu as ?

Il a fait un grand geste, et puis a montré le plateau de la table, au moment où le patron posait une tasse sur le verre qui recouvrait une réclame.

  • tout ça, partout

et, vers le dos de l'autre qui s'éloignait

  • pardon Julien, mais c'est vrai quoi !

Retourné vers moi,

  • il y en a marre, il y en a partout. Ah la beauté du sport, tu parles !

  • Quoi ?

  • Des publicités

  • Mais là, les coupes, les trucs au mur, c'est pas de la publicité, c'est de l'amitié

  • Sur le terrain, sur les joueurs, dans la rue, partout. Tu me croiras pas. Je suis allé hier à X avec mon cousin Wilhem, parce qu'il avait pris des billets pour une corrida, tu sais il aime croire qu'il est d'ici, ou du plus sud, espagnol quoi

  • Je ne savais pas que tu aimais ça..

  • Oh ! J'ai rien contre. J'ai même de bons souvenirs. Il y a longtemps. J'avais une amie... Mais là, tu peux pas savoir

    et après une petite pause, en me regardant bien, pour souligner

  • le taureau, même lui, était couvert de réclames, alors tu vois !

P.S. Je voulais en rester là, mais me titillais, pendant que je vaquais, le sujet des impromptus littéraires

http://www.impromptuslitteraires.fr/dotclear « Cette semaine nous vous proposons une alternative : plaire ou pleuvoir, c’est à vous de choisir. Quoi qu’il en soit vous commencerez nécessairement votre texte par ces 3 mots : Il (ou elle) a plu... , alors finalement, brièvement, assez idiotement :

Il a plu ce jour là, à cordes, à tonneaux, à verse, sur la ville.

Je pataugeais maussadement.

Je l'ai vu. Il m'a plu.

Nous marchions en clapotant.

Quand sommes arrivés près du fleuve, les nuages s'en étaient allés, et, enfin, il n'a plus plu.

Un rayon de soleil m'a chauffée. La lumière du soleil l'a frappé.

Je l'ai vu. Il ne m'a plus plu.

13 commentaires:

  1. Anonyme6:54 AM

    c'est vivant, c'est gai. J'aime ce texte

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  2. 1 - Il ne faut pas faire de tort au taureau.

    2 - Oh tu as tes habitudes au bar du Commerce je vois !

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  3. J'aime les deux !

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  4. La bête si fière
    jusque sur la table
    de papier mâché
    froissée qu'elle est la bête!

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  5. ça m'a fait sourire et c'est déjà ça.
    ce télescopage des mots..
    plût au ciel que cela vous
    eut plu aussi.

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  6. Sympa le Mario
    pressé Bar du commerce
    pause d'évasion

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  7. Il a plu ce jour là, à cornes, à taureaux ...

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  8. Ton premier texte est plein de vie; aura-t-il une suite?
    Pour les Impromptus, feignasse que je suis ne sais si je conribuerai...enfin plus de 7 h de conduite aujourd'hui...

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  9. Il a plu ce jour là, à cordes, à tonneaux, à verse,....comme vache qui pisse on dit par chez moi

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  10. Le tablier virevolte et le plateau aussi ....belle image dans le vent

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  11. Anonyme1:25 AM

    Je n'ai pas tout lu jusqu'ici mais quelques textes et vu bien des photos

    Vous m'avez donné envie d'écrire
    c'est ce petit texte qui est sorti

    Paumée moi aussi
    Par moments et par endroits
    Aux abords des nulle- parts

    Paumée dans les marges

    Prend ma paume dans la tienne
    Comme un froufrou pour les grandes

    J'ai bu tes pages
    Dévoré tes images

    Et je peux bien t'offrir
    Ce petit digestif

    Te souviens-tu à l'école?
    Nous nous serions souri
    Et peut-être
    Aurions -nous unis nos pas
    Sur le paradis d'une marelle

    Pommée moi aussi
    En chantant dans les sucres
    Ou dans l'or d'un paysage

    Pommée dans nos pages

    Prend ma paume dans la tienne
    Comme une prose qui s'épanouit

    Comme une rose
    Sur nos insomnies

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  12. si loin, si loin
    est le temps de l'école
    que je ne peux
    m'en souvrenir
    Mais merci beaucoup de le faire à ma place

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