Matin, devant la porte fenêtre, culpabilité et plaisir en croquant un troisième toast débordant de confiture d'orange amère, et ce resserrement des muscles du visage - lumière descendant et rameaux fouettés en brusques danses folles - dans la mémoire, les mots entendus à la radio annonçant temps dégagé et vent d'environ 100 km/h.

Pas encore rangés dans la mémoire, encore moins effacés, ni digérés, les mots d'un politicien et l'inconfort de ce qui n'est même pas rage mais refus.

Et, le temps d'une douche, dans la rue, un air immobile, une lumière filtrée à en être irréelle, l'impression idiote de marcher dans un monde autre, un clair espace des morts. Rythmant les pas, ce mot, qui est remonté comme une découverte, un cadeau, si peu employé, démodé, remplacé par des périphrases qui permettent d'éviter sa radicalité sans raideur : droiture, et le bon goût qu'il a, le plaisir qu'il me fait, petit refrain revigorant.

Circulation douce entre les groupes, une petite ironie sans méchanceté devant certains troupeaux, humains en clans ouverts - devant moi la déchirure et le bleu qui repousse les nuages devenus blancs, ou presque, - droiture, et pour lui tenir compagnie loyauté, leurs jeux, leurs combinaisons.

Retour avec linge propre, en longeant les terrasses où les attablés semblent moins absurdes, douceur devenant tiédeur, insistant, et toujours l'absence de vent. L'humain qu'il faudrait être, la facilité apparente de cela : droiture, loyauté, gentillesse, et la longue expérience des imperfections.

La clarté installée, sans stridence, mon quartier – j'ajoute humilité

parce qu'il y a aussi inconscience, et même pas de grande taille.

Et au cours de la journée, le gris et le vent nous sont revenus.