Camaïeu en gris
souffle froid sur la face
besoin de couleurs
Et quelques gouttes espacées en rentrant avec des ampoules et de la colle.
Journée plongée lectures provoquées au départ pour la première proposition du nouveau cycle du tiers.livre qi me donne envie de lire mais absolument pas d’écrire, et de dérive en dérive picorage divers.. reprise ici du #8 de l’atelier « gestes »
Même pas grave…
Je n’ai rien vu, je n’ai pas vu le pied qui est venu crocher ma jambe gauche dans son avancée, je n’ai pas vu la main, le bras ou l’objet devenu arme qui a poussé mon épaule droite. Je n’ai pas eu le temps de les sentir, ou de comprendre. J’ai peut-être cru voir le monde basculer, ou je le reconstitue ainsi dans cette seconde où je gis sur le ciment coloré du quai. Je n’ai pas eu mal immédiatement, la surprise gommait tout, sensations et conscience. J’ai certainement étendu les bras dans un réflexe puisque je redresse mon cou, bascule ma nuque, prends appui sur les coudes où ce geste éveille la douleur, pour regarder ces trois silhouettes qui courent, disparaissent sur l’escalier, et en même temps j’entends leurs rires. Je replie les jambes précautionneusement vers mon ventre, comme un foetus, elles fonctionnent et sont déchirées soudain douloureusement par le souvenir de leur brusque contact avec le sol, et puis se calment. Je reste immobile un temps, pour reprendre conscience de mon corps, attentive en même temps à ces pieds qui me dépassent et à la rancune que j’en ai, plus forte sans doute que celle que pourrait m’inspirer la petite bande | trois garçons ou deux et une fille, je n’ai pas eu le temps de les voir réellement | leur jeunesse éveille plutôt un peu d’envie et de regret de n’avoir jamais eu pareille liberté cruelle. Je repose ma joue en pensant « jamais ? tu es sûre ? ». Deux pieds, des sandales à talons, jolies, une voix « ça va ? », un bras qui descend, un sourire frissonnant en moi. Je redresse le buste | une grimace qui se veut et devient sourire, un peu crispé | je ramène mes jambes, prends appui sur ce bras tendu, me retrouve debout, redevenue civile, un peu froissée et encore un peu tremblante, mais civilisée oui. Je refuse l’aide proposée. Je dis. « Merci. Ce n’est rien ou presque. Pardon, je récupérais. Bonne fin de journée et merci encore. Suis à peu près présentable ? » Elle tapote mon manteau, fait un pas en arrière, sourit, dit « ça peut aller. Vous n’avez besoin de rien ? Vous êtes sûre ? Bonne chance. Quels idiots ! ». J’acquiesce. Elle reprend son chemin. Je m’assieds une minute sur le banc, et puis me relève, marche un peu gauchement, mon corps est bavard, je vais être en retard pour mon rendez-vous avec Anne-Françoise K.
Sur le vif ..comme un souvenir vécu
RépondreSupprimerles autres avaient souvent des récits passablement horrifiques, je voulais quelque chose de banal (sauf que c'était un vrai souvenir très ancien et resté assez vif)
RépondreSupprimerUn quai de métro ? Heureusement, il n'y en a pas à Avignon ! ;-)
RépondreSupprimerjuste de tramway Dominique mais j'ai été cinquanre ans parisienne
RépondreSupprimerUne jeunesse insouciante et pas très consciente, une aide chaleureuse, la balance humaine reste équilibrée.
RépondreSupprimerce qui a marqué mon esprit c'est le dédain inconscient des trentenaires installés
RépondreSupprimerIls pensaient peut-être qu'il y avait des préposés à cela ?
RépondreSupprimer... aider ceux qui ont par malice ou par malheur
trébuchés.
ils étaient en retard à un rendez-vous (cela nuos arrive)
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