Voulais pantalon et bermuda blanc mais le sort n’a pas voulu déroger pour moi à la normalité, elles sont restées fermés - me suis contentée de courses alimentaires pour continuer ma quête de formes (ce qui ne va pas sans mal et rejet) au delà du kilo cent que j’ai conquis…
Et par brides entre coups de téléphone et hébétude chaleur/douleurs comme tous ceux qui ne sont pas, les pauvres, contraints à passer outre leur désir de ne pas… au repris le tour de la Méditerranée en pénétrant comme Philippe et Alexandre de Macédoine en Grèce (même si dans leur cas c’était par la mer Egée et non en longeant les cotes de l’Adriatique) avec
GRECE
Titos Patrikios
Sifnos ou le jeu de dés
« Mes étés d’enfance
je les ai vécus entre deux cubes.
Au-dessus le cube de la maison blanche
sous mes pieds la citerne
cube invisible et plein de nuit. »
Kiki Dimoula
Choses nouées
Excursion
« La mer à Skaramangas est nouée,
compacte. Les pétroliers dégagent
une fumée noire d’immobilité.
Mettons que tu existes.
Le parcours se dilate suspendu au regard.
Un nuage sale tache les routes là-haut,
en bas l’âme pure est reportée encore.
Mettons que tu existes.
La bride du cheval restera nouée à l’arbre
Dans ma cervelle, beaucoup de pareils noeuds,
beaucoup de pareils bleus.
Mettons que tu existes.
Dans le rétroviseur se regarde
un puits à sec.
La terre ici et là fraîchement creusée.
Le même soin
pour les morts et les graines.
La terre frémit.
Mettons que tu existes… »
Katerina Anghelaki-Rooke
Hélène
« Le sens profond des rêves est l’obscurité ; leurs idées s’expriment par d’autres rêves. Décrire l’amant c’est aussi faire l’amour. Penser égale vivre une autre vie parallèle. Ezra Pound ferme très fort les yeux comme si on l’embrochait. Ses poèmes dans son silence reprennent vie, régénérés. Le monde béant sous tes pieds attend que lui dise que oui, tu l’aimes, avant qu’il t’engloutisse. Alors tu fabriques un amour pour te protéger du vaste paysage. Ménélas a vécu lui aussi le drame de la beauté, en vaincu. Dans son pantalon pourpre grossier son sexe nage comme un poisson dans des eaux polluées. Non, non, mieux vaudrait que ce soit lui qui ait fabriqué Hélène, même si ce n’était qu’un poème. »
Michalis Ganas
Fiançailles
« La nuit est descendue ; en parachute.
Le ciel s’approfondit.
Ce qui respire en la maison
tient son bon droit entre ses dents.
Dors ; c’était le serpent dans les poutres.
(Anneau glissant de l’un à l’autre doigt) »
Athina Papadaki
L’éveillée des cieux
« Je peux bien passer sans étudier la passion
violente que j’éprouve même pour les malheurs.
J’aime ce qui préserve intact le noyau de sa blessure
et m’appelle insatiablement
rien ne peut me guérir.
Mais d’où viennent mes habits
pour devenir nuages sur la terre de chez moi,
que les pas du mâle soient légers, quand par mes vertus souterraines
le vent pèse de tout le feuillage des sons depuis les rossignols vers la montagne
quand du printemps coupé en deux jaillit la camomille aux armes légères.
Chacun à sa propre taille aux Pâques des instants.
Je pose le pied ici et l’étincelle me mêne ailleurs.
Lieux inconnus sans chasseurs.
Et toutes choses alentour immorales comme la lumière.
L’éveillée des cieux, taille un mètre soixante. »
Yorgos Markpoulos
L’étranger
« Car l’étranger dans la journée ne connait pas la ville.
L’étranger la connaît le soir, quand elle dort.
Il repart au matin, l’air dur
de qui a cherché en vain.
Toi qui l’aimas un jour
quand tu le verras passer devant ta porte
donne-lui un peu de l’ancienne tendresse.
Et pense après des années
que par ta vie un jour Ulysse est passé. »
Stratis Pascalis
Première pluie
« L’automne est entré dans la maison
comme une femme qui tient
une lampe allumée.
(Dehors il commence à pleuvoir)
Timide elle pose la lumière sur la table
et sort sans bruit, paysanne
sentant le thym et l’olivier mouillé. »
Thanassis Hatzopoulos
Tombeaux voûtés
(les ancêtres)
« Ils dorment dans des lits hors de portée du sommeil
Droits comme des prières ou comme
Une fumée d’encens dans la crise d’un calme plat
Dénudés de tout regard de toute peur
Âpres de corps désarmés de l’âme.
Morts que nul n’est venu
Recouvrir et qui rêvent d’un peu de terre, aveugles
Dans des chambres nues de lumière et sans chemin
Sous leurs ongles l’écho se tord
Sur le marbre d’un banc ils endorment
De leur mère le mort sans sépulture
Une Antigone que le poids mûrit
Veille la dépouille et le catafalque
Et chez le mort sans tombe traque la lumière
Des hommes dans l’entrée gardent la pénombre
Et cette folle attente, qui jamais
N’a été n’a voulu être deuil »
CHYPRE
Michalis Pieris
En passant par Thessalonique
« Ce n’était pas un rêve, je me retrouvais dans la ville
qui m’avais gardé dans ses entrailles
dix ans. Dans la ville qui avait rongé
mon meilleur corps. Je marchais
lentement sur le quai, et la nuit
je montais vers les remparts. J’étais là
de nouveau, j’avançais transparent
comme une vapeur, là où j’avais gâché
mes années de faiblesse, où dénué
de toute force et de tout pouvoir
Je m’étais livré à la volupté.
La volupté d’une ville pareille. »
Mehmet Yashin
Coeurlangue de ma tante préservée par la mort
« On a ouvert le coffret de glace où elle nous attendait
j’ai soulevé le drap blanc, j’ai touchée ses cheveux et
— dans cette morgue où pour la première fois j’ai éprouvé que nous avions une famille —
j’ai embrassé pour la dernière fois ma petite tante
près des cadavres des soldats dont on dissimulait la suicide. »
TURQUIE
Gulten Akin
Le voyage d’hiver
« Surgissant sans prévenir devant moi dans un jardin enneigé
Cette fleur d’un bleu tempête dont j’ignore le nom
Il suffit de me pencher pour qu’elle réapparaisse
Allongée de tout mon long sur la steppe
Dans le bleu du ciel
Le monde, lui et moi, nous deux
Nous sommes très jeunes encore, plus jeunes
Notre sourire
A un goût d’école buissonnière
Est-ce le retour, un rêve pu avons-nous vieilli
Cette fleur bleu tempête placée entre nous
Nous deux le monde et moi
Nous cessons de revenir »
Ozdemir Ince
« Ne m’aviez-vous pas demandé où je me trouvais —
ne me demandez pas avec autant d’acharnement
désormais je ne serai pas moi pour moi
peut-être serai-je à nouveau moi pour moi.
J’y vais, j’y suis allé, je suis en train d’y aller, peut-être irai-je. »
Hilmi Yavuz
Les exils de l’orient
« le soir est la plus belle des histoires
s’il est bien raconté
dans tout ce qui est vrai il y a un peu
de colère un peu d’épouvante
dit une fable
si le verre est fin plus fin est le vin
la vie, de la souffrance au rouge
la mort, de la tristesse au blanc
et s’il vient une rose
elle vient de cette séparation de routes
absolument et en tout cas
l’exil que nous avons fondé de nos propres mains
il n’y a pas de bannissement plus dur
que nous vivions ou non
décret pour l’espoir et pour l’automne
daté de l’ère impériale de la rose
quoi que nous ayons aimé depuis aujourd’hui
et quoi qu’il soit resté d’hier
qu’il transforme la souffrance en rubis
qu’il transforme la tristesse en diamant
parce que le soir est la plus belle des histoires
s’il est bien raconté »
Enis Batur
« C’est mon pays bien-aimé, la guerre dans mon sombre destin
Elle attendait, mon Dieu que cette guerre forcée était dure
J’ai espéré passer mon temps dans votre chambre, votre bois
Qui aurait dit que j’aurais eu froid cette guerre soudaine nous torture
Je sais la patience et la guerre sont des pierres de touche dit-on
Guerre et patience sont-elles des remèdes au feu de mon coeur pur
Quand je prend la route ne nait nul plaisir de mon âme ni joie.
Ton corps ne quittera ma m mémoire la guerre ne sera pas blessure
Sans votre corps ni son ombre à mes côtés longue est ma route
La présence de votre corps et de votre ombre la guerre n’en a cure
J’avais tout de même empoigné la terre que votre pied avait foulée
Si seulement je pouvais comprendre pourquoi cette guerre est ma nature
Venez vous retrouver sur le chemin d’Enis afin que soient occupés ses jours de route
C’est mon pays bien-aimé adjoignez-le moi afin que finisse cette aventure »
Bejan Matur
Au Nord
« Le glacier fond.
Je me sens me fissurer, éclats heurtés par de gris rochers.
Ils se maintiennent avec harmonie dans la mer de l’existence.
Chacun à la striure de la lumière, s’effondrant ainsi.
Il n’y a pas de géométrie dans la perception de l’existence .
Il n’y en a plus.
Tout est dans la recherche de sa compétence.
Tu es un soleil froid. Un soleil froid du nord, dans la solitude des monts baignés de brume.
Le glacier fond.
Au fur et à mesure que corps se rétracte, je prends ton sourire pour de l’amour.
Dans le nord, dans le climat pénible des toundras, les yeux ensanglantés d’un animal blessé.
Qui tournent. »
SYRIE
Chawqi Baghdadi
Il est certaines choses
« Je ne cherche pas à percer les secrets
Si j’entre dans la caverne surveillée
et franchis des murs
je ne cède à l’opium
ni ne m’abandonne aux rêves des marchands…
Je sais…
Il est des portes verrouillées
des coursiers à l’inflexible croupe
des galaxies refusant le retour
des femmes ignorantes de l’amour
des hommes au sourire creux
Ce que je cherche…
Je ne sais
Il est certaines choses…
Pain cuit à point
amour très pur
Certaines choses qui adviennent…
Partage entre les enfants
sincérité dite avant la mort
fleur sauvage
pointant dans la fange d’une tranchée
et donnant vaillance au combattant
histoire d’amour
née dans l’effroi
et survivant aux armes
Certaines choses qui adviennent…
Si ma main pouvait s’étendre
ne point sombrer dans l’abîme
je saisirais un appui
moi qui vacille sur l’étroite passerelle
poussé
dépassé
piétiné par un cheval
rejeté par une femme
quand un soir
je lui vouai
corps et folie
Il est des échos
qui ne peuvent grandir
sans voix pour les animer
dans tant de bruit
flûte unique
langage secret
coeur se souvenant
Il est certaines choses qui adviennent
que révèle ce monde
que nous empoignons
ne lâchons
choyons faisons croître
et offrons
ailleurs »
Adonis
L’égaré
« Ce qui fut entre nous n’était pas distance
L’arbre de l’amour est poussière
Et la nuit, vaisseau portant mes pas et le désert.
Ce qui fut entre nous n’était distance
L’heure était nue
Ma mort, vêtement.
L’héritier des sables
Porte la Pierre noire comme son pain
Il porte le soleil ; une ombre, une eau. »
Nazih Abou Fach
Ô temps étroit… Ô vaste terre
«… Ni assassin
ni saint
tu ne peux vivre
ne peux mourir
Au commencement Dieu créa l’homme
le cou pour les virevoltes du regard
la bouche pour le baiser
le coeur pour le battement
les ongles pour les patouilles
les dents pour le sourire
les bras pour l’étreinte
et le corps pour l’amour
les yeux pour la fleur
et la feuille de papier
pour l’écriture
A la fin Dieu créa l’homme
le cou pour la lame
le coeur pour la balle de fusil
les bras pour la hache
le corps pour la bombe
les dents pour le marteau
les ongles pour les pinces
les yeux pour les clous
et la feuille de papier
pour le feu
Ô homme surprenant… pourquoi ce corps !
LIBAN
Salah Sétié
Embrasures
Alep, pour l’adieu
« Pour toi
par-delà tout passe qui commence
et l’aventure est déjà dans tes rues
par-delà la distance qui figure
une fille que sa beauté rend folle
pleine de miroirs et de bras
par-delà l'aube vierge et mère
et les feuilles
par-delà les ombres de midi
qui rendent le jour orphelin
par-delà les cercles dans l’eau
d’une larme lentement détachée
par-delà les saules violets
pleins d’intimités de colombes
par-delà les biches de la pluie
par-delà le bleu du ciel bleu
pour toi
rien que des bouches de poésie
rien que des formes du vent »
Ounsi al-Haje
L’irradiante
« Celle qui ressemble à un soir de guerre
Celle qui irradie
Celle qui s’infiltre dans son ombre
Celle qui retourne boire dans sa cage comme l’oiseau
Celle qui pose les énigmes
Et qui fait don d’une de ses mains
Celle qui descend
Et qui court dans son sommeil
Quand la foudre est paralysée. »
Vénus Khoury-Ghata
Les obscurcis
« … Nous étions sept par temps de véhémence et de promiscuité
Cinq enfants et deux platanes aux bras raccourcis
La première neige tombant du front de la mère
mouillait son corsage plein à craquer de noix creuses et de cris
La mère portait son chagrin sur sa paume et soufflait dessus
Elle profitait de notre sommeil pour déplacer la montagne face à la fenêtre
Nous offrait un peu de planète et de dépaysement
Déplaçait la montagne mais pas le vent
La mère ne connaissait pas le nom du vent ni sa consistance
Ses mains vouées à la fourche à la pelle creusant sans cesse le même sillon
de sa gorge à la clôture du champ
Ses mains ne lui appartenaient pas lorsqu’elle trainait la tempête par le licou
l’attachait à l’ombre du cheval debout sur son hennissement. »
Abas Beydoun
« Nous avons passé une nuit, plongés dans un courant de parfums marins, et une autre nuit auprès des cyprès et des amphores de pins, sous le feuillage des safranières, là où s’étendent les prairies de la mer. Puis, nous nous sommes abreuvés du sang du coeur de l’aube et de celui de la nuit. Nos yeux se sont embués, tandis que nous étions sous les eaux vertes. Nous sommes sortis, étincelants, de l’oeuf de la Pâque marine et de l’argent des poissons. Le sable était sur nous autant d’étoiles ; nos peaux bruissaient telles des feuilles d’or et, sous l’eau de nos âmes, nous fûmes sable prisonnier. L’eau envahit nos feuillages et d’écailles et de nacre nous fûmes recouverts. Nous sommes entrés au creux de la mer, au milieu de ses multiples fils et sous l’enveloppe de notre coeur ; et sur les prairies de nos veillées, battait la mer… »
Issa Maklouf
« Ce que je raconte aujourd’hui
Ce sont les histoires que j’aurais espéré entendre
Ce que je raconte n’est qu’une part de ce que je n’ai pas vu
Si j’avais vu, je n’aurais pas raconté. »
ISRAËL
Avrom Sutzkever
Paysage de fin de nuit
« La lune chevauche un chameau de granit bossu.
Ecoute :
Des frémissements traversent la terre
Comme des nuées
Un éclair aux cornes violettes
Plonge dans la mer, allumant
La courbure d’une vague
Mais la lune méfiante regarde
Comme un vieux fossoyeur qui voit un nouveau-né »
Nathan Zach
Veuve
« J’ai acheté un parfum turc
Don du ciel il s’appelle
je l’ai mis au lobe de mes oreilles
pour trouver grâce aux yeux des hommes.
Aux yeux des hommes pas de parfum,
leurs yeux sexe rasé
le musc n’attire personne
mes seins attirent les hommes.
Moi aussi, je suis lasse des parfums,
me maquille quand ça me prend,
me coiffe par habitude,
mets du rouge à lèvres, à joues, déjà démodé.
Quand je viendrai vers toi le Sabbat
je t’apporterai un gâteau.
Je ne l’ai pas fait,
aussi ne garantis rien.
Tu m’ouvriras la porte
tu apprécieras le parfum
me regarderas au fond des yeux
caresseras mes cheveux
sur un tapis persan.
Viens alors entre mes seins,
Mon coeur déborde d’astres vieillis,
Mais ne viens pas trop vite,
nous devons encore attendre. »
Israël Eliraz
Tu dors Orient
« 1 - à l’heure qu’il est, ici, le champ
est l’abysse du ciel.
sur les branches bruissent
des anges qui attisent le feu.
un vent vient balayer
l’oeil, la poussière.
révélant ce qui se cache
au-dedans du visible.
Et si cela n’est pas une
montagne c’est un dieu.
et un homme crie vers les montagnes
Tu dors, Orient »
Nurith Zarchi
« Arahimon le terrible
Vient joue avec moi ma couche
Et toute son abrahamité s’est détachée de moi
Comme les lys du b, ton de la tige
son ventre était doux comme maman
Nous étions mon Loth moi et lui à son niveau des frères
Et j’ai découpé pour lui dans le ciel
Les noms de tous les animaux des pensées —
Mais dans le ventre on m’a coupée
La voix d’Abraham Abrahoum de lui
Et il s’est approché m’a appelée ma mort
Abraham mon frère étreins-moi
Avec toi et ne peut s’arpenter en moi
Sa paume de l’odeur du champ sur mon sein
Toute la nuit quand je l’ai longé
Toute la nuit. »
Ronny Someck
Première leçon du cours sur la poésie exacte
Selon La Mendiante de Naples de Max Jacob
« Tu vois », dit-il, le moustachu ? »
« Il y a trois moustachus », je réponds.
«Le moustachu », continue-t-il, « avec l’oeil chinois ? »
« Les trois sont moustachus avec l’oeil chinois », je précise.
« Le moustachu », insiste-t-il, « avec l’oeil chinois et une cicatrice
au-dessus du sourcil.»
Alors il sortit un revolver, tira sur celui de droite et sur celui du milieu,
et montra celui de gauche
«en disant :
« Celui-là, je meurs d’envie de le tuer. »
Demain, chers élèves, dans le cours sur la poésie d’amour, on va étudier comment transformer le coeur
En criminel traqué. »
Haviva Pedaya
Un homme s’en va
« Un homme va
De Damas à Paris
A-t-il franchi un tunnel découpé dans l’air
Comment le savoir
J’ai vu soudain que l’Orient migrait
Qu’une colonne médiane ne peut que trembler
Je suis allée de Jérusalem à Beer-Sheva séparées par tant d’années
Je n’ai pas fabriqué d’ustensiles pour l’exil
Comme Ezéchiel couché sur le côté
dans son lit de Babylone
365 jours
Et sa bien-aimée, morte, et Sion en exil
Abraham est allé de Beer-Sheva au Moriah
Trois jours de marche
liant et détachant son fils dans sa pensée
Trois jours d’égorgements et de pleurs
Nous sommes toujours attachés nous dénouons encore
Qui sont ceux qui égorgent et rient
Voilà que tous s’en vont
Certains nous ont devancés et sont déjà partis pour la ville des morts
Y allons-nous aussi
Alors que je veux être extraite des tombeaux
Voilà
Jusques à quand n’y aura-t-il rien
En lui et suffoque
Un homme qui monte
Sous l’effet des larmes de la vodka
Je ne saurais le dire
En ira-t-il toujours ainsi en Orient
Soit le vent soit la terre
En attendant je préfère demeurer dans le mot
Il n’existe pas d’autre maison
Je doute qu’il y en ait jamais eu
Dans mon hébraïté ma cécité mon arabité
Car c’est une musique qui ne chante que d’elle-même
Mes lèvres remuent
Mais ma voix est inaudible
Car c’est la langue dans laquelle les grands ont maudit et aimé
Dont j’ai été chassée pour être rachetée Hébreu parle hébreu
Maintenant l’Orient crie aussi. »
PALESTINE
Taha Mohammed Ali
Quarante ans après la destruction d’un village
« Le passé sommeille à côté de moi
Comme le tintement
Près (auprès ?) de sa grid-mère la cloche
L’amertume me poursuit
Comme les poussins poursuivent
Leur mère la poule
Et l’horizon…
Cette paupière fermée
Sur le sable et le sang
Que t’a-t-il laissé ?
Et quelle promesse t’a-t-il faite ? »
Walid Khaznadar
Absence
« Sa chambre vide
Un siège de cuir noir à droite
Un siège de cuir noir à gauche
Un tricot vert et noir, fatigué, éperdu d’amour
Posé sur le rebord en marbre de la fenêtre
Rien : sa chambre vide
Pas de vent, pas le moindre bruit
Les violettes se réfugient dans le mur
Et derrière la votre les nuages
S’enfoncent dans l’azur impénétrable
Soudain…
Un bruit étouffé et doux, dans le corridor
Soudain…
Son absence ardente et profonde
Emplit la chambre. »
Ghassam Zaqtan
Plus loin que cela
« J’ai besoin de voir la terre
de reprendre la lecture à la sagesse des récitants
de penser comme l’aigle
J’ai besoin de voir la terre, intégrale
de restituer le chant à la poésie
d’appeler les montagnes étrangères : ô mes soeurs
de soustraire le coeur au cadavre des souhaits
au miel lourd des prophètes
Peut-être reste-t-il sur les hauteurs des montagnes
d’autres lilas que tes yeux
un autre fil d’argent que ta voix
Peut-être reste-t-il
dans un lieu superbe purifié par les péchés
un appel qui n’a pas été lancé
un métal qui n’a pas été palpé
un désir qui n’a pas abouti
Ô mon aimée que je ne peux nommer autrement que mon aimée
la fleur de l’âge risque de s’enflammer dans ma main
alors je t’en prie
je t’en prie
séparons-nous »
Merci ...
RépondreSupprimermerci à vous Miche
SupprimerTroisième photo : fait partie des multiples expos de Jean-Michel Othoniel en Avignon ? :-)
RépondreSupprimeroui, ne les ai, pas encore vues (pas mal de retard dans les tâches domestiques, tris, dons etc...) mais j'ai profité de celle installée dans la cour d'entré de Clavet (avec un gros plan décentré parce que ça me plaisait ; sourire)
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