Matin sans vent, ou presque, avec lumière et bleu revenu – une sensation trompeuse de presque tendresse de l'air (n'exagérons rien il devait faire environ 10 degrés ce qui pour moi est température polaire)
ai passé le nez en revenant du bureau de tabac dans la mairie qui annonçait une exposition à l'occasion du futur festival de BD local... (ce que m'avait rappelé un billet de Michel Benoît http://avignon.hautetfort.com/archive/2021/11/05/la-bd-d-avignoun-6347787.html et me suis attardée le temps de capter deux images de chrysanthèmes (pas osé davantage, j'avais une stupide impression de voler), de m'amuser en voyant sur une ébauche de Dominique Rousseau (Avignon de la préhistoire à Clément VII) une idée de ce qu'était mon quartier à l'époque romaine (les arcades qui sont maintenant sous les maisons des rues de la petite et de la grande Fustrerie, les deux rues parallèles la mienne qui est quelque part sous les coques, portant le petit forum local vers lequel je grimpe quand je m'en vais place de l'horloge... enfin en gros) et devant les planches représentant des enfants croquant la ville d'Oliver Berlion (Carnets de mômes)
journée sans grande réalisation... avant le départ en début de soirée dans un sacré bon froid (suis fille du sud)
vers le Théâtre des Halles, qui pour tenir compte du Covid a numéroté ses places mais m'en a attribuée une presque très bonne pour cet hiver,
Deux filles et deux garçons ont été élevés dans la forêt, isolés les uns des autres, hors de toute société. Désormais adultes, libres de découvrir le monde et le sexe opposé, ils se rencontrent et connaissent leurs premiers émois…
Courte pièce métaphysique, La Dispute entend révéler qui de l’homme ou de la femme a commis la première infidélité en amour. Marivaux botte en touche et nous offre un éden sans faute originelle. Eve est revue et corrigée. Des personnages féminins, dans une désarmante liberté, énoncent leurs désirs, leurs élans, leurs attentes, sans soumission, sans résignation, sans culpabilité, parfaitement décomplexés.
Nos différences sexuelles n’induisent aucune excellence ni supériorité. Voilà qui est dit. Choisir cette pièce répond à une forte envie de le répéter aujourd’hui. Paré d’une grâce extrême, subtil mélange de lucidité et de légèreté, évitant l’optimisme béat comme le pessimisme outrancier, Marivaux y distancie et désamorce les cruautés de nos vies sentimentales... (la photo vient de la page Facebook du théâtre)
Un Tchekov très moderne donne un prologue introduisant, en dérivant à partir d'une querelle sur un paiement de dette, le thème de l'inconstance de l'un ou l'autre sexe - le panneau qui leur était plafond se redresse en leur absence, devient fond de scène, nous montre une forêt dessinée dans le goût des panoramiques exotiques (ai pensé une seconde aux voyages du Capitaine Cook de mon ancêtre ou du moins à la probable esquisse de son papier peint), et on entre, avec du Rameau dans Marivaux... un jeu joliment outré mais pas trop, du Rameau ou autre et du jazz pour marquer discrètement les scènes, de la danse, un couple de bons acteurs pour les « gardiens », quatre acteurs qui savent dessiner la sortie de l'innocence, surtout les deux premiers, des rires, (je ne me souvenais pas que Marivaux faisait tout de même une différence entre les jeunes femmes qui sont rivales dès leur rencontre et les garçons qui sont tout de suite camarades jusqu'à ce que la jalousie – non durable – s'instaure), un très bon moment et un retour portant avec moi la joyeuse chaleur du théâtre dans une ville que les derniers souffles de vent avaient abandonnée.
Marivaux jamais démodé qui peut en remontrer à tous les machos à la "Z" et autres petits marquis de la réaction en marche...
RépondreSupprimerIl est bien que des théâtres fonctionnent à Avignon même en dehors de la période festivalière ! :-)
il y en a six ou sept dits permanents (certains se limitant aux cours de théâtre l'hiver) mais avec mes moyens actuels et mon hésitation de petite vieille à trottiner dans le froid de la nuit je me focalise surtout sur l'opéra et le théâtre des Halles où je me sens bien
RépondreSupprimerMarivaux, souvenir d'un bras de fer avec mon cher professeur de français, celui tout en haut de la liste...
RépondreSupprimeret qui avait gagné ? (sourire)
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