Volets ouverts sur dalles humides... et coin de ciel bleu dur au dessus de la cour. M'en suis allée dans un froid de gueux (au moins de gueux d'ici), sous un ciel partagé entre douceur bleu et fins nuages (qui ont pris le dessus peu à peu), ai pensé devant certains décors qu'il était dommage que n'ai plus âme d'enfant, même si alors je ne croyais pas au Père Noël mais au petit Jésus (question de civilisation ambiante), acheté du pain, suis passée près d'une fleuriste...
et au retour me suis servie de cette fleuriste (fermée ce matin) pour inventer la petite histoire du carnet tiers.livre (ne le dites pas, mais mes rencontres du matin sortaient du cadre prévu)... Bruits divers du chantier mais sans nouvelle poussière, écouté débat d'hier à l'assemblée (première séance d'une proposition de loi pour punir d'une peine de prison les squatteurs).
Dans le début de nuit, un peu après six heures pour respecter le délai nécessaire pour retirer mon billet, suis partie vers le Théâtre des Halles |constatant en passant qu'à part le Père Noël et les lourds portiques de la rue de la République les décors sur mon chemin étaient plutôt réussis et m'étonnant de voir la fleuriste que j'avais vu fermée le matin était en train de fermer | pour écouter une conférence d'Henri Pena-Ruiz « Culture et laïcité »
La laïcité n’est pas seulement un cadre juridique et politique propre à faire vivre ensemble, paisiblement, des personnes de convictions différentes, qu’elles soient religieuses ou philosophiques, en leur assurant la liberté de conscience, la stricte égalité des droits, et le bénéfice partagé d’une puissance publique tournée vers l’intérêt général.
Elle vise l’émergence d’un monde commun de sens, nourri de la culture universelle et des œuvres du génie humain. La laïcité émancipe la sphère culturelle de toute tutelle. Elle libère ainsi les arts, la science, la technique, la philosophie, mais aussi la spiritualité religieuse des croyants et l’humanisme sans dieu des athées ou des agnostiques. La culture devient alors l’apanage de tous les êtres humains, appelés à choisir eux-mêmes, en connaissance de cause et librement, leurs références culturelles. C’est ce rapport extraordinaire entre la culture et la laïcité, qui est à la fois le résultat remarquable de la culture et son meilleur instrument de promotion, que la conférence entend illustrer.
Au préalable, une mise au point sur les deux sens du mot culture sera nécessaire pour lever toute équivoque. Au sens ethnographique, les cultures sont des ensembles d’usages et de coutumes codifiés par les traditions particulières des différents groupes humains. Au sens philosophique humaniste, la culture se définit par la créativité de l’esprit humain qui s’objective dans des œuvres et s’accomplit par la vigilance d’une pensée critique multiforme, à distance de tout conformisme. Ce processus dynamique est en phase avec la nature de l’être humain, homo sapiens qui se produit en se dépassant. Il peut conduire à la remise en question des usages traditionnels, interrogés au nom de droits humains conçus à rebours des pratiques oppressives. La culture dénonce alors l’intolérance, l’homophobie, la domination sexiste, les mutilations. Comme l’a montré la philosophie des Lumières, la culture ainsi comprise impulse l’évolution voire les révolutions. Elle se met donc à distance des cultures particulières pour les délivrer des injustices qu’elles hébergent.
La littérature, la science, et la philosophie, entre autres, sont parties prenantes d’un tel effort, qui est la condition d’un progrès humain authentique. Lucrèce dénonçant la superstition religieuse, Copernic revendiquant la liberté du savant, Montaigne critiquant le dogmatisme, Montesquieu et Rousseau rejetant l’intolérance et imaginant une refondation de la politique, Hugo militant pour la République sociale et l’État laïque, sont des exemples célèbres d’engagements culturels en faveur du progrès de l’Humanité. Vecteur d’émancipation, la laïcité délivre la sphère culturelle de toute pression, et en féconde ainsi le libre dynamisme....
Salle pleine et à une exception près pas de dérapage dans les questions. Un plaisir.
Cette approche de la laïcité est très enthousiasmante puisqu'elle s'attache à promouvoir un idéal d'un progrès universel. Je me demande tout de même si la limite n'est pas de la concevoir du point de vue de la pensée occidentale. La nôtre, comme toujours. C'est une question... Merci pour les photos des belles et sobres illuminations. Rassurant, alors que nous entrons dans la période du bling-bling déchaîné:-) Bonne journée Brigitte.
RépondreSupprimerClaudine C
en fait il s'agissait de montrer qu'elle n'était pas uniquement de nous et que nous avions aussi eu (et je dirais avn-ons encore) des tendances inverses
RépondreSupprimerPère Noël partout, "Minuit chrétien" et laïcité quelque part : beau débat en perspective... on sera tous illuminés ! :-)
RépondreSupprimerDominique espérons que nous garderons tous esprit clair
RépondreSupprimerOn envie votre froid de gueux provençal. Entendu ce matin sur France Inter un débat de haute volée entre Bernard Hamon et Marlène Schiappa (surprenante dans sa mesure) concernant les politiques migratoires. En une phrase : n'ayons pas peur.
RépondreSupprimerje dirais que je n'aurais pas besoin de cette femme pour ne pas avoir peur - aurais plutôt peur de l'action des siens et de leurs alliés LR et RN puisqu'ils se désignent pas ces lettres sur les migrants
RépondreSupprimerLa laïcité nous rappelle que nous sommes citoyens du monde avant tout, sans aucune marque d'appartenance religieuse, c'est elle qui pourrait nous conduire vers la paix et la tolérance . peut-être suis-je naïve, mais j'y crois :-) Certainement une très intéressante conférence.
RépondreSupprimerSuis allée admirer les vitraux de Chagall dans la Cathédrale de Metz. Chez nous, la séparation de l'Eglise et de l'Etat ne date que de quelques années et il n'y a pas de réflexion sur la laïcité; il n'y a qu'une indifférence et un laisser-aller devant les conséquences de cette étape fondamentale.
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