commentaires

désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

lundi, février 13, 2023

En paresse extrême et impossible retour


Réveil un peu après six heures | petit tour internet un peu dans le vide, en croquant pain grillé, confiture de reines-claudes ou miel | me rallonger avec en bruit de fond France Inter (pour éviter les émissions religieuses) après avoir lu le billet de Dominique Hasselmann https://hadominique75.wordpress.com/2023/02/12/presences-en-rond-1/ évoquant un concert du festival Présences | tomber dans le réel un peu avant dix heures | maladresse extrême de mes doigts pour dire bonjour au revoir | s'attarder sous douche, se laver les cheveux, lessive, lit | il est presque midi etc...


s'attacher à se faire de la graisse | lecture internet un peu | lire/écouter la proposition pour la semaine de l'atelier de François Bon | cheveux sont secs mais il est trop tard pour faire quoi que ce soit d'autant que n'en ai finalement pas envie, tant pis pour mes jambes |


écouter le concert du 8 février https://www.radiofrance.fr/francemusique/podcasts/le-concert-du-soir/festival-presences-2023-recital-bertrand-chamayou-9939517 grâce au podcast qui, outre le programme du concert : études pour piano de Unsuk Chin, compositrice que (trop longtemps il y a que suis coupée de la musique contemporaine, ouin) je ne connaissais pas et qui semble-t-il est la colonne vertébrale de la série de concerts, la sonate de York Holer que pour ma part j'ai plutôt aimée... peut être est-ce l'écoute dans l'abstrait, je me baladais très distraitement dans le Jutland en sautant d'une photo de rivage à une autre et pour mon bonheur « Vortex Temporum » de Gérard Grisey dont je n'ai plus entendu l'oeuvre depuis un peu plus de vingt ans (traversait une période de petit oubli quand j'ai quitté Paris) comportait une courte pièce pour violon de Sasha Blondeau... (une photo ratée conservée parce que l'aimais bien et dont je trouve qu'elle va assez à Blondeau et Grisey)


Et comme la nuit s'était installée, je recopie la seconde partie du #3 de l'atelier de François Bon, l'impossible retour évoqué en lien avec le second (recomposé ou inventé) des voyages.


Première visite pour le Crucifix blessé de Cimabue dans le Musée de Santa Croce, rester devant lui, en amour et compassion, ne pas regarder la photo de ce qu'il était quand je l'ai vu à mon premier voyage, contempler la splendeur des ors et du noir de la croix, la souplesse du linge presque transparent, la courbe alanguie du corps, les blessures laissées apparentes lors de la restauration après l'inondation, témoins du sinistre de la ville et puis sortir, re-traverser les cloîtres, regagner l'église, et parce que c'est sa ville qui l'a banni et qui se glorifie de lui, parce que j'ai vu sa statue sur le parvis, parce qu'il a été mon compagnon à Sienne ou du moins son Enfer qui dort dans ma chambre d'hôtel, aller voir, à côté de ceux de Michel Ange et autres Machiavel, le cénotaphe de Dante, que j'avais négligé parce que la solennité lourde du dix-neuvième, même de qualité, jure un peu au milieu des splendeurs des treizième et quatorzième, même très remaniés au fil des siècles et des embellissements qu'ils ont voulu y apporter. Je lève les yeux vers sa statue pensive dominant le sarcophage vide, je regarde ses yeux de pierre, je lui dis combien les florentins sont fiers de lui, assez pour avoir débaptisé un petit palais pour le réinventer en maison de Dante, assez pour avoir demandé ses restes à Ravenne qui les conserve résolument, assez pour avoir gravé là, sous ses pieds, Onorate l'Altissimo Poeta et il me répond silencieusement qu'il n'a jamais cessé en son exil de lutter contre les noirs qui avaient pris possession de sa ville, il me répond qu'il garde rancune à Boniface VIII de l'avoir retenu à Rome pendant que les noirs renversaient les blancs dont il était, il me répond qu'il a tant souffert des flèches que lance l'arc de l'exil, il me répond qu'il ne pouvait rentrer et sentait combien le pain de l'étranger est amer, il me répond qu'après sa longue errance à Bologne, à Paris, il a trouvé refuge, a été accueilli à Ravenne mais ne pouvait rentrer même s'il est dur de monter et de descendre l'escalier d'autrui. Je lui rappelle que, parmi d'autres, Boccace a écrit On ne peut passer sous silence l'exil injustement prononcé contre Dante Alighieri, homme très illustre de sang noble, remarquable par sa science et par ses ouvrages dignes de louange, d'honneurs et de gloire. Il me répond « je sais ». Je lui rappelle l'offre faite en 1317 aux bannis d'une amnistie s'ils payaient une amende et se présentaient à la ville en pénitents. Il me répond en citant avec la rage froide et digne de l'exilé et de l'ancien noble qu'il fut, la réponse qu'il lui a donnée : « Ce n’est pas là le moyen de rentrer à Florence ; mais si vous en trouvez un autre, qui ne déroge pas à la réputation et à l’honneur de Dante, je l’accepterai avec empressement. Si je ne puis rentrer honorablement à Florence, je n’y rentrerai jamais » Il me répond que pourtant c'est de la ville dont on est qu'il est le plus doux de contempler le soleil et les étoiles. Je m'incline moralement et le laisse songer le menton doucement soutenu par sa main aux doigts ouverts.


Note : difficile de ne pas penser à lui et à son exil quand on pense à Florence (pas qu'à cela bien sûr mais...) et présomptueux de parler pour lui alors j'ai triché en lui empruntant ses mots dans le Paradis et dans sa lettre au nouveau pouvoir.

8 commentaires:

arlette a dit…

Dialoguer ainsi est audacieux et d'avoir des réponses encore plus ...Bravo pour tes relations

Brigetoun a dit…

j'ai des relations livresques, j'ai des relations??

jeandler a dit…

Les relations livresques sont les meilleures.
A beaucoup marché. . . Voir le soldat de Stravinsky mais vous, on vous reconnaît au retour.

Brigetoun a dit…

merci à vous Pierre de le faire(sourire)

mémoire du silence a dit…

La paresse parfois est un délice, à savourer.

Brigetoun a dit…

Maria et embellit la faiblesse... mais si continue à marcher peu ou pas vais finir paralysée (sourire)

Dominique Hasselmann a dit…

Merci pour le lien... la musique de Grisez grise si l'on accepte de rentrer dans son manège... ;-)

Brigetoun a dit…

merci à vous pour le lien vers le podcast... Grisey oui mais j'acceptais