mardi, août 01, 2023

En finir avec juillet (et recours, encore, à l"atelier)


matin lumineux

un gentil petit vent frais

chaleur modérée

théâtres anonymisés

cartons, bouts de ficelles..


de longs assoupissements, un peu de rangement, formalités SCI et une partie du repassage... en attendant de pendre décision, recopier comme hier, ma contribution cette fois au 3bis de l'atelier d'été de François Bon... sous une photo de vases, sans rapport, mais parce qu'ils étaient sur mon chemin


le quatuor sur la terrasse

Ils étaient quatre, quatre isolés de ces gens verre en main dans ce jardin, ou plutôt les zones de ce jardin, quatre qui semblaient en dehors. Et comme ils étaient quatre qui semblaient en dehors, se sont retrouvés tous les quatre sur un coin de terrasse au dessus de la tente du buffet, des buissons de fleurs et des gens verre en main. Trois hommes et une femme. Ou une très jeune femme, presque une adolescente, avec un sourire fixe et noyé qui ne montait pas dans les yeux, et des pieds que l'on devinait virtuellement de travers. Des yeux qui ne devaient pas voir les trois hommes ni ceux qu'ils dominaient tous les quatre, des yeux qui ne regardaient qu'une idée, une image triste. Des yeux qu'un maquillage soigné avait mis en vedette et rendait cruellement perdus. Une très jolie robe et des cheveux peignés par une experte main amie, mais un sourire fixé et noyé et des yeux qui ne regardaient pas. Ils étaient là, sur la terrasse, la très jeune femme et trois hommes. Le plus affirmé, le plus large, avait installé son dos devant la très jeune femme, comme sans le faire exprès, sans ostentation, laissant un espace assez large entre ces yeux qui ne regardaient pas et son dos qu'ils voyaient. Ses yeux à lui avait effleuré sa silhouette, la robe, le maquillage et les yeux avant qu'il bouge lentement pour interposer entre elle et les regards sa présence massive, souriante, qui semblait accueillir avec bienveillance les autres existants, souplement campée sur ses fortes jambes et une canne sculptée, avec l'évidence, la plénitude, qui dissuadaient silencieusement toute tentative d'approche comme futile. Du moins c'est ce que ressentait le second des trois hommes qui se tenaient là sur la terrasse avec la toute jeune femme. Jeune aussi, le second des trois hommes, presque aussi jeune que la très jeune femme, et souple et mince, si jeune, souple et mince qu'il était une timidité modelée en garçon. Il regardait un groupe joyeux en rive de la fête dans le jardin, il se penchait vers eux, il était le désir de les rejoindre, surtout quand ses yeux isolaient la silhouette ensoleillée et rieuse de celui dont chaque phrase brève inaudible depuis la terrasse déclenchait des rires. Il jetait un regard furtif vers la présence massive et si leurs yeux se rencontraient, se choquaient, il se figeait, reprenait son air indécis, absent et l'homme pinçait un instant les lèvres avec un semblant d'autorité puis détournait la tête avec l'ombre d'un sourire. Le troisième et dernier des hommes qui se tenaient avec la toute jeune femme sur la terrasse au dessus de la tente du buffet, des fleurs et des gens verre en main, rangeait son imposant matériel de photographe, regardait ses deux compagnons du moment avec une amabilité vaguement ironique et teintait son sourire de tendresse gentille en pensant à la toute jeune femme.

6 commentaires:

  1. Votre quatuor, c'était à Alexandrie ? :-)

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  2. je ne l'avais pas encore décidé mais ne pense pas... ce serait plutôt dans l'océan indien je pense

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  3. Godart8:36 AM

    Merci une fois de plus pour ce suivi du Festival d'Avignon.

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  4. Quel beau texte vraiment !!!
    J'aime beaucoup.

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  5. Godart ma présence au festival fut pourtant excessivement limitée cette année

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  6. MERCI Maria pour votre encouragement

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