jeudi, septembre 21, 2023

Temps de rentrée et une entrée dans le jour

Ciel bleu frais ce matin quand j'ai entrepris (près d'une demi-heure aujourd'hui) entre deux toasts de nettoyer la cour, cueillant au passage en pensant à Christine la dame de Bayeux la seule plume propre au milieu des petits duvets qui réussissent à s'envoler de la pelle mais collent aux doigts et déjections (même l'arrosoir y avait eu droit), les injuriant copieusement selon mon rituel actuel.

Ciel bleu également pendant qu'entreprenais enfin, avec application scolaire et cependant un rien hors sujet, avec un effort qui se sent dans le résultat, une contribution à la proposition #13 de l'atelier de François Bon, proposition qui ne voulait pas de moi...


La pluie est venue pendant que le reprenais après lecture détente et longue sieste, en élan acquis sans que le résultat en soit je le crains amélioré, et j'ai mis le point final un peu après la fin de l'averse, juste au moment d'enfiler un imperméable et de m'en aller dans la brouillasse humide, le temps morne par excellence vers Rosmerta, la première réunion de la Commission Scolarité, pour reprendre un peu rang, et organiser comme pouvons l'année qui a commencée, avec les inconnus que sont les placements à l'Ase, les arrivées (pour l'instant ne pouvons plus accueillir personne), le déménagement) et ceux qui, hors Rosmerta maintenant, restent en demande. Un peu moins de deux heures denses et en bonne humeur



et un retour dans la nuit qui se fait fraiche (juste un peu) – relecture de mon bidule, pensé ok, publier

et repris ici le texte répondant à la proposition 9 (en gros que fait un personnage quand l'auteur ne s'occupe pas de lui)

Bertrand

Il coupe l'eau de la douche. Il entend le « sta in fronte a te » que son ventre poussait avec conviction. Ses oreilles protestent. Si faux. Il s'arrête. Il tend le bras et va chercher derrière le drap de bain une serviette qu'il fait tomber et ramasse. Il se frictionne en allant vers la fenêtre. S'arrête devant la chaise sur laquelle en bon majordome il a préparé hier soir ses vêtements. Enfile tee-shirt et slip. Regarde le pantalon, les chaussettes, les chaussures. Leur tourne le dos et glisse ses pieds dans ses mules. Passe dans la chambre, enfile le jean jeté sur le bout du lit. Finit de s'installer dans le jour et de se résigner à être créature pensante, mais pas trop. Sourit. Il sort dans le jardin et, longe la façade en s'interrogeant sur la possibilité d'une non-pensée, remâchant un très ancien dialogue « vous n'y pensez pas sérieusement » « je ne pense pas du tout ». Passées les portes fenêtres de la grande pièce il tourne dans l'allée de cailloux moussus qui va vers le portail sur la place et entre dans le parfum du thym et des herbes en fleurs. S'efface l'amusement de sa rumination. Ne reste que le constat : chercher cette non-pensée lui a fait négliger tout regard sur la bordure de fleurs civilisées imposée par Marie-Jeanne. Il soulève pour la forme et pour le rite le petit pot de terre cuite retourné à côté du seuil de la cuisine, ne trouve pas de clé, pousse la porte ouverte, entre. Ses mains prennent le pouvoir, allument la radio, baissent le son presque jusqu'à l'inaudible, massent sa nuque, saisissent la chaudière de la cafetière, la remplissent. Il vérifie le niveau, la pose sur le plan de travail, sort le paquet de café du réfrigérateur, choisit le plus petit des moulins, verse les grains, se tient sur le seuil de la porte et laisse une ébauche de rêverie s'installer en tournant la manivelle. Le mot « incontestablement » le fait sursauter et rentrer en grommelant, verser la mouture dans le filtre, visser la partie haute de la cafetière, la poser sur la plaque, allumer, tout en continuant à opposer des mots sitôt oubliés au discours de la radio. Le bras levé attrape le pain sur la claie, le pose sur la planche. Au moment où il commence à en couper une tranche, une petite toux, un froissement d'étoffe suspendent son geste. Ah oui, le jour de la femme de ménage. Il sort deux tasses, redresse ses épaules.

 

2 commentaires:

  1. J'adore la photo avec les tags sur le "magasin d'Antiquités"... comme une sorte de revanche du "modernisme" actuel sur le passé !

    ;-)

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  2. oui mais aussi les deux la façade peinte puis le tag sont des marques de l'inutilité des efforts de la ville pour faire revivre cette rue à grands renforts de travaux qui ont duré plus d"un an

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