Yeux dans les trous bleus
M’en suis allée en début de soirée vers le théâtre des Halles
pour assister à « l’Avare » mis en scène par Olivier Lopez (la Cité Théâtre de Caen) ainsi présenté sur le site Théâtre-Contemporain.net : L’Avare est une pièce sur la mort et l’argent, qui nous parle du temps qui passe et se moque de ceux qui croient pouvoir y échapper. Molière y dépeint avec précision, dérision et excès, toute la folie d’un homme gagné par l‘avarice. Dans ce monument du répertoire, Harpagon interprété avec brio par Olivier Broche impose à ses enfants et ses servant·e·s une austérité qui tourne au cauchemar. Olivier Lopez, dans une approche fraiche et moderne prend résolument le parti de la jeunesse et accorde toute sa sympathie aux enfants d’Harpagon qui, avec de petites hypocrisies et de grandes audaces, résistent à sa domination absurde.
Avais lu avant de partir, une critique (lui ai emprunté la photo ci-dessus ©Virginie Meigné) dont la conclusion cet Avare nourri de belles idées pétillantes, mais qui peinent à dépasser le stade d’un spectacle agréable sans atteindre celui d’une soirée que l’on aurait pu ne pas oublier de sitôt. m’avait fait un peu peur. Et je ne sais si je n’ai pas été un peu contaminée par cela, ou si c’est le fait de constater qu’à ma grande surprise mon grand âge fait que dans les moments où une réplique tardait un peu je l’entendais en moi avant qu’elle éclose, mais si j’ai ri souvent c’est en effet avec un plaisir assez détaché… à vrai dire je crois que c’était également un peu l’effet de l’hétérogénéité des costumes et de la franche laideur de certains mais surtout de l’hétérogénéité de la qualité de jeu… Harpagon est fort bon dans un genre assez brutal et agité, avec un peu trop de véhémence qui fait que, comme il crie beaucoup dans les minutes qui précèdent la scène de la cassette cette dernière perd de sa force ; la jeune actrice tranche par son aisance et sa délicieuse insolence ; la fille est charmante mais un peu en porte à faux dans son premier duo avec Valère qui claironnait son texte avec des césures inadaptées et de longs silences… bon Molière est là, les répliques font mouche surtout pour ceux qu’elles surprennent et l’ambiance de la salle rendait euphorique.
Pour clore ce jour, un poème tout petit, tout simple d’Alberto Caeiro prélevé dans « le gardien de troupeaux » qui figure dans le recueil qu’il partage avec Alvaro de Campos chez Poésie/Gallimard (avec en haut de la couverture Fernando Pessoa)
Léger, léger, très léger,
un vent très léger passe
et s’en va, toujours très léger ;
je ne sais, moi, ce que je pense
ni ne cherche à le savoir.
8 commentaires:
C'est la pièce de théâtre préférée de Bruno Le Maire. Il ne l'a vue d'ailleurs qu'une seule fois. :-)
un si beau tanka :
"Yeux dans les trous bleus
ou sur la lèpre des murs
marche flottante
de mes jambes inocules
avec un sourire au coeur"
___
Quant à Pessoa
la vie coule en nous
après telle lecture
merci
Dominique, ça lui évite d'avoir les répliques (y compris les réactions àl'avarice) en mémoire
Marie, trop gentille
et j'aime tot particulirelent Pessoa qand il est Caiero
Le danger des adaptations même si les mots sont là !!! la magie n'opère pas toujours ok , suis ringarde me dit un ami mais il ne faut pas tout mélanger J'assume
Arlettz nous assumons (d'auutant que là il ne s'agit pas vraiment d'une adaptation... mais majoritairement de jeunes comédiens tout juste sortis de l'écoleet plus pu mins aguerris ou à bel avenir supposable (comle les deux jeunes femmes)
Coucou Brigitte, je suis contente de revenir sur Paumée et d'y trouver toujours, sans cesse du beau :-) (j'étais dans une fatigue de tout au point que j'ouvrais à peine mon ordinateur ces dernières semaines). Mais heureuse de te lire, à nouveau !:-))))
si navrée pour toi
et tu es trop gentille ma soeur en fatigue (enfin un peu moins semble-t-il moi... lâche je me protège et sans doute un peu trop... jusqu'à ce que la fatigue de l'ordinateur et celle de l'appareil photo me coupent et mettent fin à Paumée)
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