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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

mardi, juillet 09, 2024

Festival — jour 10 —trois spectacles en trois lieux

 

Départ en tapotant jambes, dans robe trop jeune pour ma gueule mais tant pis étais bien dedans,  un peu après 8 heures 30 pour avoir la première navette vers Vedène à 9 heures 15 comme le précisait le programme papier, rageant un peu parce que cela me semblait un peu tôt pour un spectacle  programmé pour 11 heures… en fait elle avait été retardé à 9 heures 45 et les acheteurs de billets (mais pas ceux passé par la Fnac) en avaient été avertis par sms… vu arriver une jeune fille prévenant les idiots dans mon genre, vu arriver les autres spectateurs et me suis installée confortablement.. (la sollicitude qui m’entoure me renseigne sur mon aspect, ma foi j’en prends mon parti).



Une assez longue attente entre soleil encore gentil à cette heure là et hall en refusant siège, et installation au troisième rang avec bonne vue sur la large scène et le décor très architecturé et intelligent, en me demandant ce qui avec le peu de renseignements dont nous disposions en avril m’avait incitée à prendre un billet pour ces « Lieux Communs »  (2 heures 30) de Baptiste Amann, ainsi présenté sur le programme publié plus tard : 



artant du meurtre d’une jeune femme et de l’onde de choc qui s’ensuit, Baptiste Amann signe un thriller en forme de reconstitution, agençant les perspectives de quatre situations distinctes comme les pièces d’un même puzzle. Un jeu de piste qui nous ouvre tour à tour les portes d’un théâtre, d’un commissariat, de l’atelier de restauration d’un peintre et d’un studio de télévision. Amoureux des œuvres-labyrinthes, Baptiste Amann refuse de réduire la complexité du réel : chacun de ses personnages va au bout de sa vérité. De pièce en pièce, de spectacle en spectacle, cet auteur et metteur en scène déroule le fil d’une écriture singulière, qui accepte la part du doute et de l’irrésolu, animée par une obsession : à notre époque de luttes et de champs de bataille, comment faire « monde commun » ?

(trois photos de Christophe Raynaud de Lage)



Et dans le petit programme de salle, ces phrases de Baptiste Amann 

notre époque qui est extrêmement polarisée, où nos existences sont soumises à des expositions permanentes, au risque d’être réduites à des amalgames ou à des raccourcis systématiques. Dans ce climat propice aux conflits, nous alimentons parfois, à notre corps défendant, les dispositifs d’assignations que nous subissons. Lorsqu’une situation nous expose, nous prenons le risque d’apparaître comme une caricature de nous-même, parce que nous sommes sur la défensive. Quelle place reste-t-il alors pour l’incertitude, pour l’expression d’une vulnérabilité ? Ce texte est plutôt parti d’une réflexion théorique, voire existentielle sur notre rapport tourmenté à « l’irrésolu ». C’est autour de ce concept que le régime de la fiction m’est apparu…



Spectacle qui tient le public en main (y compris Loïc Cordery assis devant moi)… beau travail et bons acteurs… mais mon intérêt était passablement détaché, à la limite de l’agacement,  parce qu’il m’est apparu très rapidement (même si dans la prise de parole de la metteuse en scène d’un spectacle autour des poèmes écrits par un homme condamné pour avoir tué sous ses coups une femme et qui est affronté à des manifestations visant à le faire annuler, pour affermir ses acteurs et actrices un langage usant de phrases toutes faites, tissage de syntagmes et lieux communs — dans l’autre sens que l’on donne à ces mots se justifiait) que tous aujourd’hui parlent et finalement pensent par clichés, par idées reçues, utilisant même dans les méditation de mots qui puent le journalisme et donc que plus personne ne peut vraiment communiquer ni penser, et que même des idées justes, des luttes saines en deviennent presque artificielles et obligatoires… ce que j’ai par trop tendance à croire sans qu’on me le démontre.



Retour en car, arrivée devant la poste d’Avignon un peu après 14 heures vingt, achat d’une barquette de pâtes garnies en chemin pour gagner du temps, la déguster lentement, constater qu’appareil photo toujours pas arrivé, enrager m’allonger un moment; un peu de rangement, préparer ceci

 



et repartir vers mon cher Cloître du Palais de Benoît XII pour une lecture du « souffle d’Avignon », assuré aujourd’hui par le gueuloir (rencontres en Avignon autour des écritures scéniques Franco-Belgo-Luxembourgeoises) avec une sélection de trois textes 



« La chair quitte les os » de Paul Mathieu Namibie, une femme Nama parle. Une des rares survivantes du camp de concentration de Shark Island que les Allemands avaient installé entre 1905 et 1907 sur une île en face de Lüderitz  et alternant avec sa voix celle d’un des crânes celui d’une des victimes des massacres - comme deux  lamentations sans cri - celui que j’ai préféré



« Terre-ville » de Maud Galet Lalande Ce sont des quartiers résidentiels bordés d’autoroutes, ce sont des zones commerciales toute proches, ce sont ces maisons mitoyennes à travers les murs desquels on capte des bribes de quotidiens dont on ne se préoccupe pas car il est de bon ton de se mêler de ses affaires. Terre-Ville, ce sont ces mères célibataires qui y élèvent seules leurs enfants au long de journées sans fin, des situations tellement banales et silencieuses qu’on finit par les trouver « normales entre frustrations et tendresse (bon sujet, j’ai honte de l’avoir assez peu goûté)



« Le garçon des étangs » de Denis Jaro Dans une France totalitaire où la pensée libre est traquée, opprimée, emprisonnée, un adolescent réussit à échapper à l’arrestation arbitraire et violente de ses parents.



Retour, repos, un petit tour sur internet 



et remonter vers la place du Palais pour prendre à la petite guérite sur la place à 21 heure 30 mon billet (l’un des dix offert à Rosmerta pour son intervention, ou du moins celle de quatre bénévoles et un jeune lors de la Nuit de solidarité et lutte contre l’extrême droite) pour la générale de « Mothers - a song pour Wartime » de Marta Gornicka qui sera donné les 9, 10 et 11 juillet. Spectacle certainement fort honorable mais que j’avais négligé parce que pour mon quota de dix à douze billets du in j’avais d’autres priorités

Mothers A Song for Wartime fait résonner les voix de vingt-et-une femmes ukrainiennes, biélorusses et polonaises, unies dans un même chant. Alors que la guerre semble de retour en Europe, ces femmes sont les survivantes et les témoins des violences perpétrées lors des conflits armés. La metteuse en scène et autrice polonaise Marta Górnicka a travaillé à partir de témoignages de mères et d’enfants qui ont fui la guerre et les persécutions. Fondatrice du CHORUS OF WOMEN à Varsovie et du Political Voice Institute à Berlin, elle crée une performance chorale et scénographique, soutenue par la force des musiques traditionnelles. Ces voix font écho au chœur antique et à la tradition deschtchedrivkas, ces chansons populaires qui célèbrent le renouveau. La Cour d’honneur se met à l’écoute de ces citoyennes du monde qui nous invitent à faire communauté. 



’étais la première arrivée de Rosmerta, une des premières arrivées des invités et pendant que j’attendais benoîtement derrière un sympathique preneur de sons et sa femme une jeune femme pompier (je trouve que pompière est très laid) alertée par mon apparence qui ne semblait troubler qu’elle m’a prise en main, m’a fait franchir tous les barrages me faufiler dans la petite foule sous le passage  couvert et m’a confiée au baron qui nous faisait patienter, à l’entrée de la cour… du coup je me suis trouvée seule au premier rang  droite (les dix premiers rangs au centre étant condamnés pour permettre un bon travail des photographes)… les bénévoles de Rosmerta arrivées nettement plus tard, en dix groupes, ont préféré grimper… la cour s’est remplie peu à peu de groupes qui s’interpelaient, s’embrassaient, 



pendant la demi-heure de réglage des lumières, des textes s’affichant sur les murs et de la prise de vue en direct de certains visages projetés en gros plan dur les murs, le visage étant pour le moment cela d’un technicien plein d’humour.



Puis ce fut la répétition (une heure) avec les déplacements presque militaire, des femmes en guerrières pleines d’énergie contre la guerre, les viols etc… même dans les moments où le chant se faisait tendre. Les photos étaient autorisées mais depuis mon premier rang quasiment impossible à cause de la hauteur du plateau.

7 commentaires:

Dominique Hasselmann a dit…

La Cour d'Honneur toujours aussi belle… La guerre invitée obligée… Avignon toujours à l'écoute… :-)

Brigetoun a dit…

Dominique... le rôle du théâtre.. et notre temps offre tant de sujets (lutter contre tentation de mettre en rivalité les victimes)

jeandler a dit…

La Cour à l'écoute, en écho, pour mieux amplifier;

Brigetoun a dit…

merci Pierre

Arlette A a dit…

Tes" privilèges " sont très appréciables ..je pédale un peu sur place ,devant tous ces sujets trop d'actualités conflictuelles ne supporte plus .. désolée
peut-être là aussi effet de l'âge grrrrr

Brigetoun a dit…

Arlette un aveu : moi aussi souvent, un peu lasse surtout de la reorsise des sujets parce que dans l'air du temps et vu avec une sympathie surplombante, avec tout de même, égoïsme, tout ce qui concerne les invisibles et les immigrés 'alors le RN et les croix celtiques sur certains locaux amis... contente qu'ils se sentent moins libres

Zoë Lucider a dit…

Vous êtes drôlement vaillante! Je ne peux pas être à Avignon cette année. Aussi merci pour vos reportages