Surprise d’avoir si délicieusement chaud (même si, il y a quinze jours, j’aurais trouvé cet air bien trop froid dame oui)
Souriant à cette absence de pluie ai terminé et publié mon invocation aux pluies sur le site de l’atelier de François Bon, et reprends ma contribution au #31 de l’atelier d’été
J’avais presque dix ans quand
J’avais presque dix ans tu sais Madame quand j’ai aimé Gredin et que je t’ai rencontrée. J’avais dix ans et quelques jours quand je suis mort et plus jamais je n’ai joué avec Gredin. Plus jamais il n’a pu s’échapper de l’enceinte de l’amour discret et possessif de sa maîtresse, ma tante, qui le trouvait si mignon et le serrait contre elle et puis l’oubliait. Quand il était, disait l’homme, le joli petit chien de manchon, contre la fourrure blanche duquel elle posait ses boucles dorées. Il était si content quand nous étions ensemble Gredin, il jouait et courait avec son ventre volant au dessus du sol. Et moi j’avais un ami. Il jappait et je riais, j’aimais mon rire, ça jaillissait sans règle, c’était bruyant. Je n’en avais pas tellement l’habitude, tu sais, d’un ami qui me regarde moi et pas mon nom, pas ce qu’on pense que je suis, pas comme mes camarades de pension, pas comme ma grand-mère qui me voyait son petit chéri que sa mère, et son père bien sûr n’oublions pas son père, laissaient seul, comme elle, pauvrets de nous, pour courir le monde, pas comme ma tante qui me voyait comme sa bonté et sa gentillesse, pas comme son compagnon qui me voyait comme quelqu’un, mais quelqu’un qu’il connaissait mal et qu’il voulait laisser libre. Gredin penchait la tête et me regardait, et je me voyais, et toi tu m’as regardé pendant que je te regardais, tu m’as salué et tu as dit que j’avais une voix de cristal. Je ne peux plus chercher dans les yeux de Gredin et sa tête penchée qui j’étais, avant que mes parents reviennent, que nous partions en voiture pour être ensemble quelques jours et que | je ne sais pas comment c’est arrivé, je regardais le reflet du soleil sur la vitre sale |il y ait soudain le sol qui s’en va, le feu, et que nous ne soyons plus. Je ne peux plus chercher dans les yeux de Gredin si j’étais heureux, alors je voulais le chercher dans mes mots vers toi. Tu soupires, tu penses que ce n’est pas possible, d’ailleurs tu ne me vois pas, tu es seule comme je suis seul. Mais attends je crois que si, ça marche, je crois que tu me dis que j’aimais bien être seul, que je me racontais des histoires et que je les racontais à l’air et à Gredin, je crois que j’aimais le rire, que j’aimais le reflet de la lumière sur la vitre sale, le goût de la mer sur mes lèvres en sortant de l’eau, le vent, le mur de la pension pour y projeter des images inventées, et les yeux de ma grand-mère et la bienveillance discrète de ma tante et de cet homme, les livres aussi, certains, et les lettres envoyées de partout sur lesquelles je rêvais. Je crois que j’aime penser que j’étais heureux. Mais je vais continuer à chercher, puisque j’ai pu te parler je devrais pouvoir parler à Gredin même si c’est très loin le temps où j’avais dix ans et s’il est sans doute mort aussi.
Journée pluvieuse sur la Loire . . . je rentre dans ma coquille.
RépondreSupprimerbonjour escargot
SupprimerGredin… il y avait longtemps que je n'avais pas rencontré ce nom et ce mot… :-)
RépondreSupprimerDominique il faut dire que pour un humain c"est rmaintenant arement appliqué 'et pas du tout comme nom)
SupprimerHeureusement je suis revenue sur mes pas et j'ai toqué à la porte d'hier, j'ai lu, et j'ai aimé, il aurait été dommage de passer à côté de ce joli texte
RépondreSupprimermerci Maria
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