Un petit détour en retard pat la rive du fleuve qui l’autre jour avait inondé le petit passage souterrain permettant de passer sous la route pour accéder aux allées de l’ourle… juste pour constater qu’il a regagné son lit ne laissant un peu de limon noirâtre pour salir mes chaussures que sur un petit vallonnement du chemin
Pas trouvé aujourd’hui par quel bout prendre la nouvelle proposition de l’atelier « écopoétique » du tiers livre… je recopie ma contribution au #35 (le dernier auquel j’ai participé) de l’atelier de cet été
Femme vue de dos
Le centre d’une façade de gare, porte cintrée entre deux panneaux d’azulejos relativement modernes —bruits divers, quelques moteurs qui tournent au ralenti, surtout des voix, langues variées avec prépondérance du portugais. le tout incompréhensible juste une atmosphère, la caméra balaie lentement une rue, se fixe à 180° de son point de départ sur un dos féminin, petite, campée sur forts mollets, au demeurant mince ou quasi maigre.
Voix off
Elle ne comprend rien mais elle s’en moque, elle aime la musique de ces voix
Elle est un peu désorientée, n’avait pas prévu cette gare presque perdue dans le rien,
Elle se sent en vacances comme jamais. Presque envie d’en rester là.
La terrasse d’un café vue depuis ce qui doit être la salle qu’on ne voit pas. Caméra en direction de la gare captée presque en son entier. Des voitures passent, s’arrêtent, chargent, des taxis aussi venus de la gauche auxquels on a fait signe. Sur la droite l’arrière d’un car,. La femme de dos, assise devant une table replie ce qui semble être un plan très petit et simplifié. Un garçon de café de dos, appuyé à un poteau, rit d’un mot qu’elle a prononcé en relevant la tête, noyé dans le brouhaha.
Voix off
Merde elle aurait dû prendre son guide abandonné sur le lit de sa chambre d’hôtel au lieu de cueillir dans le hall de la gare, faute de mieux, cette carte, ce bout de papier glacé qui ne dit rien. Merde l’arrière du car s’est éloigné du trottoir, il semble que tout soit trop loin pour la marche.
Ce rire qui répond à son juron | cette manie de parler toute seule, surtout pour jurer | en profiter, faire un signe, appeler.
La terrasse encore, la femme toujours de dos, masquée en partie par le garçon, qui se tient maintenant juste derrière elle, plateau posé sur sa main gauche, la main droite sur la hanche, un peu penché en avant pour regarder les signes qu’elle trace dans l’air | une main s’éloigne comme pour indiquer distance | il se redresse, parle. L’épaule visible de la femme se soulève, pivote, elle le regarde. Le bruit ambiant empêche toujours de comprendre ce qu’ils se disent, on perçoit seulement des traces de rire ou sourire dans leur timbre et l’unité de langue, française sans doute.
Voix off
Elle pense : Décidément… on trouve partout d’anciens parisiens… enfin lui c’était La Courneuve, je ne connais pas, mais on peut dire que c’est la même chose, d’ailleurs les entrepreneurs, surtout mon petit maçon serviable avec qui je travaille et à plus forte raison leurs employés | sont pas tous Portugais eux, mais pas Français non plus, | n’habitent sans doute pas Paris, même dans mon quartier incomplètement gentrifié. L’est bien Portugais lui, aimable, serviable mais sans obséquiosité. J’ai de la chance. Sympathique le bonhomme, me sens davantage chez moi qu’avec un de ces affreux touristes français que je croise ici.
Il se penche, montre sur la carte la ligne qui indique café espresso, elle confirme et rapproche son pouce de l’index.
Toujours depuis le fond de la terrasse du café la caméra suit le garçon qui revient avec son plateau, pose la tasse sur la table, se redresse, commence à se retourner pour partir, s’arrête sur une phrase de la femme, se penche un peu en avant en lui montrant une direction vers la droite, tendant le bras comme on donne un ordre ou comme le ferait un signal, attend un moment pendant qu’elle lui répond, repart vers le fond, interrompu par l’entrée, face à l’écran, d’une petite famille venue de la droite : un homme, une femme portant un bouquet de fleurs sauvages et trois garçons. La femme boit son café, met un billet sur la table, le montre du doigt, se penche pour attraper l’anse de son sac de paille, la passe sur son épaule, lève le bras pour un adieu, sort, et commence à descendre lentement la route, s’interrompant un instant pour explorer de la main les profondeurs du sac et en tirer un petit appareil photo.
Voix off
Il se demande si elle s’arrêtera vraiment au retour pour dîner comme il le lui a suggéré. L’a annoncé mais elle a largement le temps de changer d’idée. Se dit que de toute façon il n’aura peut-être pas le temps de reprendre ce bavardage qu’ils n’ont pas eu le loisir d’avoir… quoique : les affaires vont si mal cette année.
Elle l’a presque oublié, toute au paysage qui s’ouvre et se referme au gré de la verdure bordant les virages de la route, elle en garde pourtant un sourire de bonne humeur, comme si cette rencontre avait donné à la petite ville un caractère juste un peu plus familier, et même, là elle sourit ironiquement, avait fait d’elle une invitée
Suis toujours étonnée de lire la fluidité de tes récits..et,ne me dit pas que tu es fatiguée tout au moins pas dans l'agencement de tes mots Bravo j'aime
RépondreSupprimerTout juste cela.
SupprimerSon texte :
Une petite rivière de mots
aux sinuosités paisibles entre deux berges amicales.
oh grand merci à toi !
RépondreSupprimerbelle scène de cinéma
RépondreSupprimermerci Ana... du coup me suis reue et j'ai fait quatre corrections sur le blog de l'atelier et ici (y aurait certainement bien d'autres choses à changer, mais..)
Supprimermerci aunryz pour cet embellissement pioétique
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