le ciel pudibond
aux paupières entrouvertes
mes pieds douloureux
et la main douce du vent
qui repousse les voiles
presqu'une heure de marche dolce avant une infusion de thym, pour le reste du jour lavage cheveux, petites tâches ménagères expédiées, lire et écouter un peu Mauvignier, un peu d'Alternatives économiques, lecture des débuts de chapitre de l'Accacia de Claude Simon, quasi cuisine, écoute de la première proposition de l'atelier « double voyage » de François Bon, penser à tout sauf à ce que pourrais en faire, des lectures avant et que le choix me vienne, pour aujourd'hui me conduire assez mal en reprenant ici mon prologue
J'étais à Venise et les escaliers de la gare tombaient dans le canal, j'étais à Séville et il pleuvait si fort que je ne voyais presque plus le bout du pont sur le Guadalquivir, j'étais à Rome dans une pharmacie près de la gare et un garçon dansait son manque en parlant très vite, j'étais à Bruges et je marchais le long d'un mur sans fin cherchant l'entrée du Grand Béguinage, j'étais à Lorient et il pleuvait, j'étais à Saintes et je fouillais mon panier en quête de mon billet pour le concert de Jean Rondeau, j'étais devant l'église fermée de Notre Dame du Mai et je regardais les lumières autour de la rade et celles de Bandol, j'étais à Bruxelles et j'avais trouvé la meilleure pâtisserie, j'étais à Florence et on pouvait encore s'asseoir dans une chapelle de Santa Croce pour être en compagnie de Tadeo Gaddi, j'étais à Arles et je regardais la voûte du vestibule de l'hôtel de ville.
Je serais à Valparaiso dans une ruelle qui dégringole en nous emportant moi et les poteaux peints et la mer et la richesse seraient en bas, je serais aux Kerguelen et je grelotterais en regardant le lac d'Hermance, je serais à Cholon dans la vapeur d'un restaurant, je serais à Montfavet et les gerbes de foin lancées pour le concours fendraient l'air chaud, je serais à Ua Pou à l'heure où la nuit tombe sur l'océan, je serais dans le musée d'Anthropologie de Vancouver et je penserais à Olivier Rollin en lisant les cartels des totems, je serais devant une cabine de bain blanche sur la plage de Blokhus et ce serait immense, je serais devant l'Abbaye aux Dames de Caen, je serais au Griot boulevard Kaloum à Conakry et nous mangerions des gâteaux au chocolat, je serais appuyée à une rambarde métallique du Brooklyn Bridge Park et je me remplirais le nez et les yeux.
Le ciel est ce matin franchement grognon et la mer le suit .... comme les bords de ton Rhône qui invite aux voyages en une phrase je vais essayer
RépondreSupprimerBien joué
"Extérieur monde", Olivier Rolin en écho mais aussi "Géographie intérieure ", Pierre Jourde. Les deux versants indissociables du voyage? Bonne journée
RépondreSupprimerClaudine C
merci Arlette (et zut pour le temps sur la Mitre)
RépondreSupprimerClaudine, oui extérieur monde... n'avais pas pensé à Jourde
RépondreSupprimerbeau texte que l'on lit en silence dans la tête, puis l'envie nous prend de le lire à haute voix ... comme pour concrétiser le voyage...
RépondreSupprimermerci Maria
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