Gris, feuilles et carnets

 

Matin, pendant que mes cheveux séchaient me suis installée, avec une pensée pour ma mère la merveilleuse épistolière (ce qui n'est pas mon cas, mais je tiens à être copie même minable) avec cartes, mon vieux carnet d'adresses griffonnées raturées se mélangeant et six timbres (qui m'ont permis de jeter en partant dans l'après-midi les six premières dans la boite réservée au courrier à destination du Vaucluse ce qu'elles n'étaient pas... les petites vieilles ont de ces étourderies) en ai écrit quatre autres mais l'heure avait tourné et puis je me trouvais devant ce problème qui va s'aggravant.... qui est mort, qui a divorcé, qui a déménagé, qui serait très étonné de recevoir mes voeux ? parmi ces quelques adresses (infiniment moins que sur le sien qui en outre était soigneusement tenu) alors ai replié le tout et me suis occupée du déjeuner...

Mais suis partie dans l'après midi puisque voulais déposer loyer et acheter du pain avec l'idée qu'un carnet d'adresses neuf me sauverait (à vrai dire ne vois pas comment) et m'a fallu un bon bout de temps pour en trouver un petit comme le désirais et sans agenda (d'ailleurs je verrai.. parce que mon index de la main droite déclare forfait ce soir ce qui n'améliore ni mon maniement de l'ordi ni mon écriture)

Le ciel faisait gris

en camaïeu ondulant

pour que s'y posent

la dentelle des branches

et les couleurs des feuilles.

Ai trouvé en rentrant les vœux d'un ami lointain sous forme d'une feuille portant un montage de photos et de fragments manuscrits de textes de Carolyn Cassady autour de Burroughs, Kerouac, Miller, Helen Hinkle... dont « Par exemple, Bill avait six ou sept chats et tous les soirs il les attachait avec de la ficelle... leur liait les pattes et les baignait. On entendait des hurlements épouvantables et c'était complètement délirant, mais il faisait comme si c'était normal... »

Et pour continuer avec ma mauvaise habitude je recopie ma contribution aux carnets du tiers.livre en date du 12 décembre (#33 / faire le vide)

Tu veux l'écrire ce truc | tu t'éloignes de l'ordinateur | mains dans les poches jambes devant radiateur dos au mur une voix intelligente sortant de FC sans que tu comprennes pour faire point de fixation tu tires sur ton cou tu laisses monter à la surface ce qui s'est préparé lentement sous douche ou en épluchant ou... | tu mets du Mozart, Chet Baker ou Hespérion sans trop choisir juste pour occuper crâne en deux strates | tu ouvres un fichier | rentres ton ventre | respires.