Parce que je pensais que le vent s'était lassé (et en fait ça avait été le cas), parce qu'il ne peut pas me condamner éternellement à rester rivée à mon quasi bord de fleuve, parce que ne voulais renoncer à un autre spectacle, parce que quelque chose me disait que l'on touchait l'indispensable, m'en suis allée, cueillie par un retour de la violence qui tranquillement m'attendait (ne suis pas mégalomane, n'y crois pas, mais c'était comme si), parce que bien entendu l'arbre qui gisait dans cette cour y avait été apporté et ne venait pas de s'abattre, parce que tout ce qui précède et parce que n'avais rien fumé depuis samedi à midi et mon petit cafard m'autorisait à mon avis à reprendre juste un peu...
me suis retrouvée accrochée des deux mains à un poteau de la rue Molière regardant mon sac et ma canne que messire vent m'avait arraché, au sol, devant moi, coincés par un muret... dès que l'ai pu les ai repris, me suis jetée en avant pour traverser la place de l'horloge (la première et la troisième de photos prises en rafale) pour découvrir que, contrairement à tous les dimanches que Dieu fait, la Civette était fermée...
alors ai continué, cherchant les rues point trop ventées (certaines l'étaient même dans le centre) et les bureaux de tabac...
n'ai rien trouvé et comme il était temps, ai rejoint ceux qui entraient, avec les signes de civilité qui s'imposent, dans le Conservatoire... me suis installée en haut.. ai attendu que commence le concert désiré. Parce que comme le racontent Tite Live, Shakespeare, Britten et d'autres musiciens... Sextus Tarquin, Lucrèce fille de Spurius Lucretius Tricipitinus, épouse de Lucius Tarquinius Collatinus, très belle, très noble, très sage, très fière, fut violée par l'un des fils du roi Sextus Tarquin, demanda à son père et à son époux de la venger et se suicida (ce qui accessoirement aurait amené la révolte des romains, la chute de la royauté étrusque et la république mais ce n'est hors sujet... parce qu'en 1688 à Rome Alessandro Scarlatti composa sur un livret du cardinal Benedetto Pamphilij une cantate pour soprano et basse continue « Lucrezia Romana » splendide, récit et cri de douleur (cinq récitatifs, quatre airs et trois ariosos) – premier récitatif
« Abandonnée par l'arrogant
adultère, nue et dédaignée sur
les oreillers ensanglantés,
objet trop ignoble, ainsi gisait
l'épouse violée de Collatin.. »
parce qu'en 1709, ayant demandé un livret toujours au Cardinal Pamphilij, Haendel composa une non moins superbe et nettement plus célèbre cantate « La Lucrezia » cri de désir de vengeance, avec sans doute un peu plus d'ampleur et un peu moins de véhémence, débutant par
« Ô Dieux éternels !
Ô étoiles, étoiles !
Vous qui foudroyez des tyrans
impies armez-vous, c'est mon
vœu, de terribles flèches.
Avec feu et tonnerre réduisez
en cendres le coupable
Tarquin et Rome... »
parce que Jérôme Corréas, claveciniste et directeur de l'ensemble Les Paladins avait décidé de donner ces deux cantates avec pour parfaire la basse Nicolas Crnjanski violoncelliste en leur ajoutant comme de belles pauses souriantes la sonate n°3 d'Antonio Vivaldi en introduction et la sonate n°6 du même Vivaldi intercalée entre les cantates
parce que la chanteuse était Amel Brahim-Djelloul https://fr.wikipedia.org/wiki/Amel_Brahim-Djelloul et qu'elle a été superbe par son chant et par sa façon d'habiter le rôle, ce fut vraiment un peu plus d'une heure très belle.
Avant un retour dans le vent à peine tombé, en passant devant deux bureaux de tabac fermés (du coup ma vague envie de... devient idée fixe ou presque)
et comme je n'ai pas trouvé d'enregistrement de musique baroque par Amel Brahim-Djelloul sauf un air des « Surprises de l'amour » de Rameau, nettement moins tragique, j'opte pour ses interprétations de la musique berbère avec le groupe de son frère et une chanson de Idir et El Hamid Cheriet, avant de fermer Paumée pour quelques jours sans doute.
Le vent joue parfois lui-même une musique tragique... :-)
RépondreSupprimer... et revenez vite ! :-)
RépondreSupprimerMerci Dominique, tragique je ne sais pas mais exaspérante et épuisante (Scarlatti et Haendel ne le sont à la rigueur, épuisant, que pour les chanteurs, et j'espère bien que non)
RépondreSupprimerMerci, je resserre les boulons (sourire)
En partant, arrimez vos volets.
RépondreSupprimerPierre tout de même pas besoin de le dire (rire)
RépondreSupprimerChronique d'un mistral annoncé et d'un cigarillo annulé pour cause de bureau de tabac fermé. Entre les deux, beau concert raconté.
RépondreSupprimerviolent mais pas certaine que ce soit toujours du mistral... il semble qu'il ait tourné (et que ce matin il soit calmé enfin)
RépondreSupprimeron y était avec toi sous le vent et merci pour la musique, hier ici c'était glacial, un vent du nord qui a eu l'avantage de redonner le bleu au ciel, ne pars pas trop longtemps, t'embrasse
RépondreSupprimermerci...
RépondreSupprimervais voir mais il semble tombé nous laissant son froid
et les nuages vont revenir je pense... là c'était vraiment un peu longuet et me sentais prisonnière
le son "en" comme dans le vent
RépondreSupprimer;-) :-)
qui enfin n'st plus que légère, très légère brise, avec marche agréable
RépondreSupprimerJe crois avoir fait un couac .. je reprends autrement
RépondreSupprimerMerci pour l'extrait musical et des pirouettes audacieuses Pas sérieux" jeune fille "
Arlette le couac n'en était pas un juste un doublon...
RépondreSupprimertes deux commentaires (et le PS) sont bien passés, je garde le second, je te dis merci et que j'en avais assez d'être coincée par ma prudence (ai bien. fait le concert était juste ce qu'il me fallait)
La musique, comme la fumée, fait ressortir les dames. Des bises.
RépondreSupprimeret fait (avec le retard dû à la réflexion revenir le vent à de meilleures intentions
RépondreSupprimerMagnifique escapade que le vent n'a pas volée cette fois.
RépondreSupprimerLa chanson est envoûtante et triste. Merci !
le charme de la musique kabyle (ou plutôt tamazigt) mais tout aussi beau les cantates et sonates du programme
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