vendredi, septembre 20, 2024

Petit circuit matinal et groupe apaisé


Une journée bleue

dans l’air tendre et lumineux

Circuit avec touristes




Pour marcher un peu agréablement, en paix, m’en suis allée après avoir jeté papiers et journaux aux remparts, passant par la  rue Limasset



la rue Grande Fusterie avec la surprise de troupeaux de touristes en tournant dans la rue Puits de la Reille (dans la boutique de savons les laisser circuler/hésiter/s’interpeler devant les murs de savonnettes et les diverses tailles de pains de Fer à Cheval et racheter une de ces savonnettes au lait d’ânesse qui pourtant ont renoncé à me faire belle peau)




les éviter en grimpant, seule, la jolie et raide rue VieillePoste 



pour déboucher sur la place du Palais avec la bénédiction de la vierge.



Retrouver les touristes contemplant le palais depuis la bande d’ombre et les suivre par la rue Gérard Philippe,



a place de l’Horloge et la rue Saint Agricol où ils se mélangeaient aux éventuels clients de la braderie, leurs troupeaux derrière leurs cicérone (l’un d’eux planté avec son petit auditoire leur faisait curieusement admirer la boutique de La Tropésienne et j’ai cru un instant qu’ils attendaient tous d’y entrer, avant de me frayer passage et de leur montrer une scène de vie locale en entrant dans la boutique (pour acheter un bon cookie bien sec comme les aime) à la joue vendeuse qui râlait un peu en souriant de cette attention qui la privait de clients.


Broutilles domestiques, lecture, écoute de Moscovici devant la Commission des Finances, de la cinquième leçon de Laurent Coulon au Collège de France sur « Osiris, un dieu pour les vivants » et de la joyeuse intervention d’Emmanuel Lascoux et Jacques Bonaffé sur l’Odyssée lors des rencontres de Chaminadour, dix lignes pour essayer de rompre mon idiot blocage devant le très tentant #3 du nouvel atelier de François Bon.. abandon et recopier ma contribution au #24 de l’atelier d’été


le groupe apaisé


Ils dormaient — et pour une fois ils n’étaient pas simplement allongés écrasés au sol voulant l’épouser  ne le pouvant mais ayant sombré en lui tout de même désireux de se perdre mais avec un rien de tension dans l’épaule ou le cerveau prêt à la défense, ils dormaient vraiment. Ils n’étaient plus là ou le monde n’était plus là pour eux. Elle s’était réveillée alertée par un rien un rayon de lumière sur le visage un doute dans ce que signifiaient les dernières heures elle les regardait elle touchait la peau de sa face la caressait voulait sentir ce même relâchement qui était leur qui n’effaçait pas leurs traits leurs rides ou même ce qu’ils avaient de beauté mais leur rendait leur intégrité leur essence leur nudité leur âge sans que la pensée ou les sentiments viennent les éclairer ou les tordre leur donner leur identité. Ils étaient comme des étrangers comme des anonymes. Elle les jalousa. Elle ne comprenait pas ce qui s’était réveillé en elle de l’inquiétude à laquelle ils avaient tous et elle parmi eux tourné le dos à l’orée de cette nuit, à la fin de ce jour de soulagement et d’accomplissement. Elle repoussa le gout aigre d’un mépris fugitif devant la facilité inconsciente de cet abandon soudain. Et puis elle les regarda mieux, elle vit le rictus d’une bouche ouverte, la crispation figée d’un pied, un poing à demi fermé comme stopé en mouvement, une main posée sur des yeux et elle aurait voulu pouvoir effacer ce qui restait sur eux, presqu’imperceptible, des temps d’angoisse. Elle fit quelques pas allant de l’un à l’autre elle arriva au-dessus du plus jeune à la limite de leur espace, dos tourné aux autres, à demi recroquevillé, foetus figé dans un début de dépli, un bras tendu vers les arbres, elle se pencha sur lui, sur ses lèvres au sourire un peu tordu, encore retenu. Elle s’allongea un peu plus bas, une main posée sur un des pieds, elle ferma les yeux, elle puisa en lui le presque repos, elle les rejoignit. Un peu plus bas, au de là des arbres, tinta une sonnaille, le troupeau s’éveillait.

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