Je me préparais à bousculer ma matinée pour aller apporter mon soutien devant le Tribunal à Rosmerta et Chantal Raffanel à 14 heures quand un coup de téléphone m’a demandé de mentionner sur la page Facebook de l’association que la séance venait d’être reportée à une date incertaine et de prévenir les nombreuses personnes et associations qui avaient partagé l’annonce… Ai donc vaqué en paix (tout en me demandant quand ce référé en défense contre les attaques du RN local sera enfin programmé) jusqu’à 17 heures 30 heure de mon départ vers le rendez-vous que j’avais obtenu (pour renouvellement ordonnance) du médecin (en rageant contre l’horaire)
Pour lutter contre le froid et parce que j’avais peu marché, ai pressé le pas et suis arrivée pour la contemplation méditative des fauteuils transparents de la salle d’attente… consultation rapide (nous étions pressés tous deux)
et retour, un rien moins frigorifiée, avec ordonnance médicaments et pour prise de sang (la barbe)… juste le temps d’enregistrer photos, d’en jeter trois, de lire la belle note du jour de Christine Jeanney, de rendosser ma parka, enfoncer le béret
et de repartir dans la nuit légèrement venteuse vers Utopia pour assister à « Un paese di résistenza » le deuxième film consacré par Shu Aiello et Catherine Catella (les Films du Tambour de soie) à Riace et Domenico Luccano, en 2023 après « Un paese di Calabria » de 2016 programmé à 18 heures auquel j’avais du renoncer.. avec une lance suffisante pour un pipait avec des bénévoles et sympathisant.e.s entre les deux séances
et la présentation sur le site du cinéma
« C’est l’épilogue d’une bien belle histoire qui avait si bien commencé…
Revenons aux origines : il y a plus de vingt ans, tout au sud de la botte italienne, une utopie est née. Une belle, une forte utopie qui, au lieu de rester enfermée dans des manifestes, se trouve avec bonheur mise en application. Nous sommes au début des années 2000 à Riace, un petit village de Calabre. Un de ces coins de l’Italie du Sud frappé par l’exode rural, sur plusieurs générations (la plupart ont rejoint les cités industrielles du Nord, d’autres ont alimenté la légende cinématographique de la communauté italienne de New York. En 2000, Riace n’est plus qu’un petit village abandonné que quelques ancêtres regardent tristement mourir. Plus d’écoles faute d’enfants, plus de commerces…
Au début des années 2000, le Moyen-Orient, en Irak puis en Syrie, s’embrase, les guerres jettent brutalement à la mer des populations affolées. Et alors que les pays occidentaux s’effraient de l’afflux sur les côtes méditerranéennes de nouveaux migrants, un jeune élu de Riace, Domenico Lucano, y voit lui une chance pour sa commune. L’espoir que l’arrivée d’une nouvelle population jeune, volontaire, entreprenante, accompagnée d’enfants, permettra la remise en place de services publics et la reconstruction d’une économie.
Devenu maire, Domenico Lucano est devenu un exemple européen pour l’accueil organisé et intelligent des demandeurs d’asile. Enfant du pays, il a su lever les inquiétudes de ses concitoyens conservateurs – même du curé, pourtant des plus méfiants face à l’arrivée d’une population majoritairement musulmane. Une réussite qui lui a valu les honneurs de la presse internationale et a attiré les projecteurs – outre un court-métrage de Wim Wenders (Il volo), un premier documentaire de Shu Aiello et Catherine Catella, Un Paese di Calabria (voir page ci-contre), relatait en 2016 cette belle expérience.
Mais la roue politique tourne, et il est probable que ni l’action de Domenico Lucano, ni sa médiatisation, n’ont été du goût des thuriféraires locaux de Matteo Salvini – dont le parti d’extrême droite arrive en 2018 en tête des élections en Italie. Salvini, devenu Ministre de l’intérieur, prive Riace de toute subvention, fait poursuivre en justice le Maire qui est interdit de séjour dans sa ville. Accusé d’avoir outrepassé les règles en termes d’attribution de marchés publics et organisé des mariages blancs, Domenico Lucano est condamné en première instance à une peine ahurissante de treize ans de prison. L’extrême droite est donc non seulement en mesure de faire avorter l’utopie d’un élu visionnaire, mais aussi, mais surtout, de condamner également le village de Riace à sa mort programmée.
Shu Aiello et Catherine Catella reprennent leur caméra, leur micro, et retournent en Calabre pour accompagner le combat de Domenico Lucano et de ses soutiens. Face à une justice aux ordres d’une extrême droite qui fait régner la peur sur la petite ville, les réalisatrices filment le courage et l’obstination des résistants – ainsi que l’ubuesque parodie de justice qui se donne en spectacle, lorsqu’un juge de pacotille accuse notamment Domenico de « regroupement de malfaiteurs à but non lucratif ». Comme de juste, David devrait avoir raison de Goliath – mais pourquoi ? Comment ? Nous n’en divulgâcherons rien, comme diraient les Québécois. Voilà, en ces temps politiquement incertains, un beau film de combat qui gonfle d’espoir et d’énergie. »
La tristesse révoltée, les quatre ans de désolation du village presque complètement déserté par les migrants et de lutte pour le procès, la salle ambiance pendant cette période les villageois se méfiant les uns des autres la sentence ahurissante (plus faible mais encore plus scandaleuse peut-être pour certains habitants et habitantes impliqués), le retentissement et la mobilisation résultant du verdict, et bien connue cette joie grave mais éclatante de crier ensemble, l’annulation (seules sont restées deux petites implications sans gravité contre le seul Mimmo). Un bel échange de la salle avec Shu Aiello… l’annonce d’un cortège le 18 pour la journée internationale des migrants
Ma sortie, première parce que mes jambes réclamaient mouvement, et le retour dans vent un peu calmé.
6 commentaires:
Merci pour tout (et surtout le film-annonce)(on en a parlé dans la maison[s]témoin - je me permets de poser le lien : http://www.maisonstemoin.fr/?s=Riace
il est écessaire detenir...) Belle journée à vous P
je me souviens... merci Piero
J'ignorais cette histoire de Riace. La "diaspora" des immigrés syriens lui redonne de l'actualité ! :-)
les réfugiés sont de toujours les migrannts nonreconnus comme tels (et là c'est majoritairement le cas comme pour Rosmerta)- aussi
Il est rare de ressortir de chez le médecin la besace vide. Une petite analyse sanguine ne peut pas faire de mal si ce n’est l’attente du résultat toujours un peu stressante, on ne se refait pas comme disait les anciens.
ce n'est pas cela qui mle fait dire zut mais ma mauvaise habitude prise depuis ma retraite d'un petit déjeuner au leu du café au comptoir du tabac à cent mètres de mon bureau et ma difficulté à partir dans le matin (surtout avec l'hiver) à jeun depuis dix heures (sourire) et certainement pas si je me sens aussi faible que ce matin.. vais tenter jeudi
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