En savourant la dernière petite cuillère d’un pot de confiture de pastèque me demandais que faire de ce jour, regardant le tas de repassage et pensant que n’avais pas encore sorti de tenue d’été renâclais, dans le souvenir des robes d’été croisées dimanche je regardais tout ce qui devait leur faire place dans la penderie… et en ai trouvé une qui n’avait pas aux premiers froids rejoint ce qui dort, en petite pagaille brigetounienne dans les housses, l’ai bravement enfilée, mais sur un collant noir épais et sous un chandail… ce dont me suis félicitée quand, décidant que la petite heure de marche mettrait mon crâne en mouvement, suis sortie pour trouver un ciel qui n’avait plus que quelques zones bleues, une lumière absente, un petit air frisquet…
Au fil des pas me suis ragaillardie, ai cru voir le bleu s’étendre et comme je pensais Paumée la barbe, pas d’idée, vais paresseusement recourir à ma contribution au #2 de l’atelier de tiers livre, comme il s’agissait de librairies, bibliothèques ou bouquinistes, enfin des endroits où trouver pitance littéraire et que je voyais s’ouvrir la rue Carnot avec le bouquiniste (fermé bien entendu.. comme un lundi… d’ailleurs n’y suis jamais entrée, tête tournant à l’idée de de progresser dans ce boyau entre livres pressés les uns contre les autres… débordant en petits cartons posés au sol devant la vitrine pour livres donnés ou soldés à un euro) sauvé par une pétition lorsqu’on a retapé la rue, ai décidé de cueillir images de ce que rencontrais en chemin
à commencer, juste un peu plus loin par la Mémoire du monde…. (j’en parle)
place Saint Jean le Vieux le bleu régnait presque.. ai continué logiquement par la rue du Vieux Sextier et la Comédie humaine que je redoute un peu parce que lorsque je cherche un livre que bien entendu ils n’ont pas et que je commande dois lutter contre la tentation de circuler et prendre, ce qui se reproduit chaque fois que je passe voir si ma commande est arrivée… parce que non je ne dois pas en ajouter sauf besoin pressant…
Ai enfilé juste après la rue ds Fourbisseurs, passant devant un bouquiniste ouvert et sans intérêt contrairement à Mémoires qui, lorsqu’il est ouvert a, contre le mur d’en face, une table chargée de tentations abordables.
Place Sant Didier, n’ai pas fait le détour par la Médiathèque Cccano, ai continué jusqu’aux Lices, découvrant en passant une librairie d’ancien que n’avais jamais remarqué… librairie qui ne s’affiche pas ainsi, une étiquette collée sur la porte vitrée indique « Librairie Près de la Fontine, livres anciens et d’occasion, les horaires des quatre jours où « sauf exception » elle est ouverte.
Et après cette trop longue tartine je recopie donc ma trop longue contribution
Caresser et acheter livres
Pourquoi pas vraiment librairies familières
Je pousse très très rarement la porte d’une librairie. Timidité ou refus instinctif de laisser quelqu’un se glisser dans l’intimité de ma rencontre avec un livre. Grand respect à priori pour les libraires les sachants les gardiens mais certitude | me connais ou du moins me connaissais puisque je me corrige | que tout conseil me dissuade. Mais suis attirée par les tables posées devant leurs portes, surtout si elles sont couvertes de livres de poche…. N’étais pas concernée ou ne me sentais pas concernée par la nouveauté; En vérité ne le suis toujours as réellement, me borne à la sympathie pour ceux qui le sont, et parfois à l’amitié curieuse. M’attiraient aussi les tables et rayonnages des librairies de musée (mes livres Beaubourg surtout et des catalogues de la Collection Lambert), du théâtre de la Colline et de la Maison de la Poésie ou les boites des bouquinistes, ces endroits où j’étais certaine d’avoir la paix. Depuis une quinzaine d’années, depuis Avignon ma principale librairie est internet, Amazon le plus souvent pour les occasions, ou pour les livres que la conversation sur le web me donne (me donnait.. veux relire) le désir soudain d’aller voir ce que recouvre tel titre, l’éditeur le plus souvent sûre que je suis que les libraires locaux ne les auront pas..
Un beau cadre
Des tables et vitrines pourtant où trouvais mon miel, occasion ou neuf, et livres de poche bien entendu, mais pas tout à fait ceux qu’on trouvait un peu partout, et sous la garde chaleureuse de belles reliures. Quand n’allais pas visiter les salles de Drouot à l’heure du déjeuner, ni ne m’amusais à dessiner sur l’écran de mon ordinateur, faisais un détour, sur mon chemin vers les galeries du Palais Royal où m’asseoir à la limite de la galerie, sur le sol, les jambes étendues devant moi au soleil du jardin, par la Galerie Vivienne et l’angle entre la branche venant de la rue du même nom et la longue galerie à trésors vers la rue du Faubourg Saint Honoré, fouiller dans les tables au fond, sous la verrière rectangulaire où ils étaient posés verticalement par ordre alphabétique avec juste assez de jeu pour qu’on « feuillette » les volumes en les ramenant vers soi à la découverte des Dickens ou des colloques littéraires chez 10/18 et dans une autre collection dont j’ai oublié le nom « Pauvre Belgique » de Baudelaire, Marivaux en romans, Restif de la Bretonne, d’autres… et la collection de l’Evolution de l’humanité |tous livres qui ont tranquillement pourri dans ma cave et que je regrette | avant de traverser la galerie et d’aller payer le butin du jour au libraire, penché sur des livres de comptes ou autres, à l’entrée de son antre peuplé de livres que je regardais respectueusement derrière les vitres de son local (internet me donne son nom : Jousseaume).
Bouquinistes
Il y avait | je vois sur Google-maps qu’il n’existe plus |près du théâtre de la Bastille l’antre si bourré que j’y entrais rarement me contentant de fouiller dans ce qui débordait sur le trottoir de la rue de la Roquette un merveilleux bouquiniste où j’ai trouvé du mauvais, de l’indifférent et deux recueils de dessins qui à tort ou raison me sont chers | il a son jumeau à Avignon au début de la rue Carnot mais qui sur le trottoir ne dépose que les livres qu’il offre ou solde à un euro | et bien entendu les boites des bouquinistes au début de ma promenade dominicale le long de la Seine, mais quand je voulais chercher des livres je traversais après m’être énervée près du Châtelet devant l’invasion des Poulbot, bérets, mugs tatoués Paris et tours Eiffel, et un grand hangar à livres près de Beaubourg au sous-sol duquel je marchais entre des piles de livres invendus d’où j’ai ramené quelques pépites qui n’existent plus qu’en vague souvenir dans un coin de ma mémoire assortis de souvenirs d’une ambiance souriante.
Une vraie
Pour le plaisir de côtoyer des livres, de fouiner un peu parmi les poches avant que je me laisse avec plaisir, au rebours de mes anciennes méfiances, guider dans mes désirs par les rencontres sur internet vers le besoin urgent de tel ou tel livre plus assurée d’avoir proximité de goût avec ceux qui le conseille que l’étais dans ma vie intérieure et parce que dans mon quartier avignonnais n’y avait que deux librairies d’anciens qui relevaient du rêve et qui ont disparues en même temps que les antiquaires pour faire place aux boutiques de mode déstructurée et onéreuse, ai découvert ici la Fnac | n’étais jamais entrée dans une de ses boutiques parisiennes | pour acheter ordinateurs successifs et appareils photo, ai dérivé vers leur rayon librairie consensuelle et m’en suis, avec petite honte, tenue à elle jusqu’à ce soir où pour la présentation de deux livres édités par un couple devenu amical me suis retrouvée dans le groupe souriant assis au fond d’un librairie/couloir bellement nommée « la mémoire du Monde », soir qui fut suivi d’autres, où j’ai été conquise par la chaleur des échanges et la gentillesse du couple qui la tenait. Habitude prise de commencer par « y aller voir » avant de chercher où commander le livre pas trop banal que désirais ou pour flâner un peu, titiller ma résistance aux pulsions, échanger quelques mots avec cela ou celle installé.e devant son ordinateur dans l’entrée, et quand j’avais un livre trouvé ou venais chercher celui que j’avais commandé par leur entremise, en attendant qu’elle ou il puisse s’occuper de moi, fouiller dans le casier qui faisait face à leur recoin caisse/ordinateur de l’autre côté de la porte d’entrée parmi les petits livres de poésie de toutes tailles et apparences… Sottement ai perdu l’habitude depuis qu’ils ont quitté Avignon il y a une dizaine d’années d’y passer, craignant de ne pas trouver la même sympathie pour les deux femmes qui ont pris leur suite et lorsque veux chercher ou commander un livre en « faisant travailler » un libraire j’ai pris un temps l’habitude de « la Comédie humaine » autre adresse avignonnaise qui a souvent une table dans les rencontres militantes auxquelles j’assiste mais ils n’ont quasiment jamais Le livre dont suis en quête, n’ai pas eu même attirance pour eux même s’ils sont charmants et leur belle et grande boutique claire anonymise pour moi les livres et ne leur permet pas d’envoyer les petits messages que m’adressaient ceux qui se pressaient de chaque côté du couloir central de la Mémoire du monde dans les rayonnages et sur les rangées de tables… Il me faut une librairie sombre où les livres prennent presque tout l’espace sous la garde de gentilles personnes pour lesquelles ai un semblant d’amitié.
Pour le poème du jour, je choisis un petit livre orange passant dans « le manchot » de Yannis Ritsos traduit par Gérard Pierrat dans un numéro de « Sud » de septembre 11985 que j’ai trouvé, je crois, à la Maison de la Poésie d’Avignon avant qu’elle change de nom.
Quatre tables rondes, nues, en travers de la longue salle;
il y tombait une lumière grise, pluvieuse, par la véranda ;
près de la seconde table, l’an absent, presque hostile, était assis le manchot ;
sa main était toute rouge ; il tenait un petit livre orange
le point crucial, c’était qu’on ignorait tout de la suite.
Pardon imploré et félicitations reconnaissantes si etes arrivés jusqu'ici
Une belle page où tout est lié et se tient par la main.
RépondreSupprimerBelle aventure les livres et les vitrines suis toujours un peu réticente devant la publicité intempestive des prix et autre lancement
RépondreSupprimerBeau texte
Mais bien sûr qu'on arrive "jusqu'ici" ! Quelle idée ! c'est toujours le même plaisir de vous lire, et j'ajoute que vos photos valent un écrit sur les librairies ! merci Brigitte pour cette promenade dans le passé (souvenirs communs).
RépondreSupprimerUne bibliothèque ambulante, une marcheuse de vent à la Rimbaud, une vertu idéale.
RépondreSupprimerEt bonheur de vous lire et de vous suivre dans des rues et des lieux bien connus devenus grâce à vous étrangers un peu, comme une ville inconnue et terriblement attirante. Merci et la journée qui s'annonce, ici, un peu grise et morose.
RépondreSupprimermerci Maria
RépondreSupprimerArlette, moi aussi et avant internet j'avais toujours trois ou quatre ans de retard (sourire)
RépondreSupprimermerci Marlen
RépondreSupprimerne m'encouragez pas !
Pierre la marcheuse a du mal. à le rester (mais tente)
RépondreSupprimerSylvie la Mémoire du monde vous y figurez dans mon souvenir
RépondreSupprimerLes "livres d'occasion" vont être taxés (il faudrait qu'ils coûtent aussi chers que les neufs), à part ça Macron est, soi-disant, contre toute augmentation d'impôts !
RépondreSupprimerBelle déambulation libre et libraire… :-)
merci Dominique... et que Macron ne se mêle pas de nos pensées et lectures, je tiens à l'oublier... suporter son gouvernement me suffit
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