Trajet du matin entre poésie douce et gêne légère ; le reste du jour s’affirmant sous lumière tamisée…
et départ en début de nuit vers une assez mauvaise place (mais tant pis, conséquence de la célébrité l’oeuvre) au troisième balcon de l’opéra pour voir/écouter la Traviata, après avoir murmuré une querelle de jurés parce que je venais d’effacer le texte élaboré depuis lundi (sans en être vraiment satisfaite) pour le #7 de l’atelier de François Bon.
Pour le parti pris de mise en scène de ce spectacle coproduit avec l’opéra de Limoges où il a été créé je recopie le texte du site de l’opéra
Sempre libera (toujours libre) : ainsi se définit à la fin du premier acte de La Traviata la courtisane Violetta dans un époustouflant déferlement de virtuosité. Mais s’agit-il d’un constat, d’une revendication, ou bien plutôt d’une tragique illusion ?
Dans la tragédie de la célèbre “dévoyée”, révérée ou conspuée selon son utilité mercantile, la metteuse en scène Chloé Lechat révèle en effet la mécanique implacable de la domination patriarcale et de l’exploitation capitaliste des femmes. De la piste de danse aux confins du sanatorium, du monde des plaisirs à celui des supplices, elle met en lumière le contrôle continu sur le corps féminin qu’exerce cette société où les hommes, desquels les femmes peuvent d’ailleurs parfois se montrer complices, tour à tour surveillent et punissent.
Verdi a écrit dans La Traviata une musique à l'image de sa protagoniste : fiévreuse, ardente, épuisée, cherchant sans relâche à s'affranchir des normes et des conventions pour laisser s’épancher la vérité de l'âme. Révélant avec évidence ce que les mots corsetés n’osent pas confier, tant dans l’expression d’un amour affolé que dans les moments de prostration, cette partition inoubliable rayonne ici avec un éclat nouveau.
Quand l’opéra tend un miroir, il convient de regarder. Celui-ci nous donne l’occasion de nous émouvoir à nouveaux frais de ce brûlant plaidoyer féministe avant l’heure, qui n’a d’ailleurs jamais semblé si actuel.
Sur la page Facebook de l’opèra j’avais vu plusieurs photos du Studio Delestrade tant de l’enregistrement projeté place Saint Didier le soir où le Figuier Pourpre attendait des présences que par la première représentation dimanche et m’étonnais de la différence entre les tenues contemporaines et colorées sur grand plateau lumineux et les « tenues d’époque » d’autres photos… suis partie à la pêche et j’ai trouvé une critique sur Olyrix intitulée « La Traviata au Spa d’Avignon » | et une autre de même eau |qui fait l’éloge de la distribution mais est passablement mordante sur le point de vue pris par la mise en scène de Chloé Lechat qui transpose l’histoire dans le présent, sur une île méditerranéenne prisée par la haute société. L’intrigue se déroule ainsi dans ce monde superficiel que Violetta a choisi pour ses derniers jours, entourée de gens qui se soucient fort peu ou même pas du tout de son bien-être. ce qui se traduit par un lever de rideau montrant une villa immaculée avec piscine intérieure et vue sur la mer (pourquoi pas au fond) l’action se passant dans le monde de la fête d’Ibiza… au deuxième acte Violetta se retrouvera dans un SPA et au dernier sur un lit perdu dans l’espace devant un vitrage donnant sur une rue et un grand rayonnage de chaussures qui intéresse les passants totalement inconscients de la présence d’une mourante… les costumes d’époque sont réservés à la scène de bal, l’ensemble ayant entrainé quelques remous réservés aux responsables lors des saluts de la première représentation…
Mais cette luminosité est plutôt agréable, et je l’ai appréciée quand j’en ai vu un bout au deuxième acte et les 2/3 au dernier, au fur et à mesure de mes déplacements améliorant un peu la vision.
Quant à la mise en scène elle se justifie assez et n’est pas gênante (si ce n’est l’obstination avec laquelle Violetta se tient à l’extrémité droite du plateau, là où même en risquant notre vie en nous penchant nous ne pouvions l’apercevoir).. et il y a Verdi, l’entrain et les airs adorables et les chanteurs : surtout la voix forte, ferme, joliment timbrée, délicieuse dans la plainte de Julia Muzychenko dans le rôle de Violetta et le baryton grave, chaud, large de Serban Vasile, le père qui arrive à faire croire à la franchise de sa pitié. Comme toujours un peu moins aimé (sauf au dernier acte) le ténor Jonas Hacker (Alberto) et ses vibratos. Les seconds rôles sont tous bons. (et j’ai pu re-écrire pendant les entractes mon #7 pour l’atelier, reste à savoir si saurais le déchiffrer au réveil)
Sortie sous petite pluie.
Jamais vu cet opéra, mais s'il est féministe et se passe dans un SPA, alors ça doit être intéressant ! :-)
RépondreSupprimerjamais vu la Traviata ? (bon normalement pas plus que la Dale au Camelia ce n'st pas dans un SPA)
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