Eau sur les dalles
Eau en suspens dans l’air gris
Matin dans l’antre
Lavage cheveux, changement draps, mise en bac des tee-shirts à l’exception de trois blancs… matinée fort active à mon échelle
et dalles et chaussées humides, gouttes molles, air gorgé d’eau et âme morne, remâchant les peines du monde quand, lasse d’attendre que mes cheveux finissent de ne pas finir de sécher, m’en suis allée, avec le petit sourire intérieur tout de même de l’idée de ce que devait contenir le petit paquet aperçu dans la niche à courrier…
Pris le paquet, l’ai ouvert et comme prévu (m’en doutais d’autant plus que le nom de l’éditeur « l’oeil ébloui » figurait au dos de l’enveloppe… je l’avais vérifié) et trouvé les trois livres auxquels me borne, choisis parmi les 7 premiers parus sur les 53 prévis de la « Collection Perec »
« En référence à « 53 jours », le titre du dernier roman inachevé de Georges Perec.
53 pages, l’espace d’un livre ; un lieu d’écriture pour dire, penser, inventer, rêver, percer la lecture qu’on a de Perec.
53 livres, toute une collection ; un parcours collectif multiforme, un cheminement proposé à 53 artistes et et écrivain·e·s pour porter un regard personnel sur la vie et l’œuvre de l’écrivain. »
Reprenant l’ordre de la page de l’éditeur, je vous livre les toutes premières phrases de chacun des textes
pour « Lier les lieux, élargir l’espace » d'Anne Savelli
Lier les lieux ? Quels lieux ? Les siens, ceux des autres, ceux des livres des autres, réinventés, rêvés — valeur du village qui augmente quand Proust y a dormi, quand Balzac s’y est caché, plage de Diras, chambre de Woolf, ce serait cela ? Cela et autre chose dont je ne sais que dire pour l’instant. Je devine simplement qu’un agencement existe, nous permettant d’écrire.
pour « Une seule lettre vous manque » de Claro
C’est de l’ordre de la révélation, donc de l’apocalypse, mais aussi aussi de la farce. On n’en croit pas ses yeux, ou plutôt on ne peut que croire ce que les yeux ne voient pas. C’est là et ce n’est pas là. C’est devant soi, absent, bien réel. Comme si, après avoir été soigneusement toutes les molécules d’hydrogène de votre verre d’eau, vous n’entendiez plus que la respiration de l’eau….
pour « L’espace commence ainsi » de François Bon
1. L’espace commence ainsi
« L’espace commence ainsi » : l’expression est de Perec, page 5 de ma vieille édition d’Espèces d’espaces, chapitre « La page », il écrit : « L’espace commence ainsi, avec seulement des mots, des signes tracés sur la page blanche. » Mais s’interdire ici de commenter, encore plus de trop recopier : plutôt éclater, distendre, chercher les vides, les béquilles, les fissures et dissymétries. Un Perec fragile, pour mieux le rejoindre…
Le monde dessiné avec des mots. . . Les mots ont-ils suffisamment de couleur pour le peindre ?
RépondreSupprimerça dépend de l''auteur et de son talent
SupprimerGeorges Perec avait gardé précieusement quatre lettres dans son identité.
RépondreSupprimerj'ai relu croyant que je m'étais trompée
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RépondreSupprimerEn parlant de ses parents il écrit dans " W ou le Souvenir d’enfance" : J’écris parce qu’ils ont laissé en moi leur marque indélébile et que la trace en est l’écriture ; l’écriture est le souvenir de leur mort et l’affirmation de ma vie.
le livre de Clari porte sur la "Disparition" donc sur cela (lu la moitié avant de dormir et c'est du Claro formidable)
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