matin second réveil entre
France Culture avec le travail, un avenir en pointillé et
rage triste en
écoutant le porte-parole d'Uber-France
(et en entendant virtuellement derrière lui, avec des atténuations
mais même philosophie certain candidat flamboyant) malgré
Didier Demazières et à un degré un peu moindre Danièle Linhart
https://www.franceculture.fr/emissions/linvite-des-matins/le-travail-un-avenir-en-pointille
– colère aussi (vais perdre des amis) en lisant statuts et
commentaires sur Facebook devant le raidissement de gens que trouve
plus intelligents que moi (mais trop peut-être ou du moins trop
instruits dans les théories politiques) dans leur adhésion au
tribun suprême qui ne consentira jamais à risquer de perdre ce rôle
en surplomb du peuple, bardé d'intransigeance agressive et
d'illusions (enfin lui je pense qu'il n'en a pas)
matin
renoncement définitif, comptes faits, à assister à aucun des
spectacles des hivernales http://www.hivernales-avignon.com
(pourtant certains) et finalement m'y résigne étonnement
facilement, comme j'ai renoncé à la virée samedi vers Saint
Germain en Laye pour participer au regroupement devant le dernier et
merveilleux petit être (mais j'ai images de belles gens, de leurs
sourires de bouche, des yeux débordant d'humidité tendre)
vaquer
maison, me laver cheveux, me pencjer sur mes pieds, me plonger dans
le dernier numéro de l'économie politique sur
la social-démocratie...
et
pour faire sourire un peu paumée, reprendre, publié chez les
cosaques des frontières
http://lescosaquesdesfrontieres.wordpress.com
Le cabriolet
de l'oncle Jean
L'oncle Jean
avait une charmante moustache blonde, légèrement mousseuse, une
élégance discrète, avec des traces presque subliminales de
fantaisie, une politesse pleine d'aisance et un cabriolet.
Son cabriolet
était lui-même charmant, sans grand éclat, de bonne facture mais
légèrement usé, un peu démodé. En fait, il avait été propriété
de son ami le baron de X, l'un des plus fashionables jeunes gens de
Lyon, et il l'avait tant aimé que ce dernier le lui avait vendu
lorsqu'il s'en était lassé.
L'oncle Jean
avait passé deux ans à Londres, chez un tisseur, un correspondant
de notre grand-oncle Louis. Il y avait confirmé son goût pour les
étoffes, il s'y était fait des amis et en était revenu avec
quelques notions de gestion pour entrer chez l'oncle Louis où il
occupait, avec une attention sérieuse portée aux quelques affaires
jugées importantes, une assiduité souple et un détachement
discret, la place de dauphin putatif.
Il dansait
bien, il parlait peu, se tenait résolument à sa place de second,
juste derrière les jeunes gens les plus en vue, il savait être
plaisant et charmeur, sans insister, ou résolument ennuyeux pour
éloigner les relations qui lui déplaisaient. Les mères lui
faisaient bon accueil, lui souriaient et lui faisaient confiance,
avec juste les réserves raisonnables, assez pour que Marie-Amélie,
la soeur d'un de ses meilleurs amis, accepte comme chose naturelle,
sans que cela provoque de froncement de sourcils ou de sourire pincé
de sa mère et des autres femmes, de s'asseoir à ses côtés dans sa
petite voiture pour rejoindre un piquenique organisé par son frère
dans la propriété campagnarde de la famille.
Jean découvrait
en elle la jeune fille naissante, admirait son profil, supportait
avec à peine un peu d'agacement le torrent de petites plaisanteries,
petites niaiseries, gentilles naïvetés, fausse poésie qui s'était
abattu avec elle dans l'habitacle, y devinant avec orgueil une
timidité.
Seulement, une
fois arrivés, elle le remercia gracieusement, lui tourna le dos et
se dirigea à grands pas vers les écuries. Il la suivit, hésitant à
se vexer. Elle caressait bien classiquement le cou d'une jument, la
tapotait, murmurait des mots tendres. Mais ce n'était pas, ou cela
ne semblait pas être, une attitude convenue, elle était toute à la
jument, le reste, y compris son compagnon, n'existait plus, jusqu'à
ce qu'elle se retourne vers Jean, le prenne à témoin de la beauté
de la bête, lui propose, comme une chose évidente, une promenade,
lance un ordre à un palefrenier pour qu'on selle une jument, bien
douce ajouta-t-elle après avoir jeté un coup d'oeil évaluateur sur
l'oncle.
Jean montait
honorablement, sans plus, et le manque de goût qu'il avait pour cet
exercice s'était mué en rancune depuis une très douloureuse et
humiliante chute lors d'une chasse à courre (sport qu'il trouvait
stupide) en Angleterre. Il la suivit pourtant, se piqua un temps
d'émulation, se lassa rapidement, continua, et se fit intérieurement
gloire de l'amener à chevaucher tranquillement au pas en «devisant»,
si ce n'est qu'il se lassa presque aussi rapidement de la futilité
insipide de ce qui pouvait difficilement passer pour un entretien.
Ils revinrent
vers la compagnie, essuyèrent deux ou trois petites phrases
moqueuses des plus jeunes, un regard satisfait des femmes, comme en
passant, distraitement, et elles renouèrent le fil de la
conversation.
Dans les jours,
les semaines, qui suivirent, les possibilités de trajets, puis de
promenades, en partageant le cabriolet se multiplièrent, ce qui
enchanta un moment l'oncle Jean, le plaisir de conduire s'augmentant
de la joliesse du profil qu'il regardait du coin de l'oeil, agacé
pourtant par la certitude qu'il serait amené, tôt ou tard, après
avoir écouté ses commentaires machinalement émerveillés devant la
beauté du paysage et le plaisir de la vitesse, à retrouver les
chevaux, la jument, même si la jeune fille devenait alors charmante
dans sa sincérité.
Et bien sûr il
se lassa, et bien sûr il se rendit enfin compte que la bienveillance
de la mère était sans doute un peu appuyée.
Il espaça ses
visites, et, devenu attentif, il constata une légère déception
chez les deux mères, une indifférence qu'il estima sincère chez la
jeune-fille, il se félicita d'avoir échappé à ce qu'il jugeait un
grand danger, et il s'ancra dans son idée qu'il n'était femme
intéressante que mariée.
6 commentaires:
Plus ancien que la sainte date de 1997, je ne sais pas si ce cabriolet aurait maintenant l'autorisation d'entrer dans Paris (quoiqu'il y ait, me semble-t-il, une dérogation accordée, sur demande, pour les "voitures de collection")...
Enfin, on peut toujours écrire sur le sujet !
l'oncle Jean se moquait bien de l'actuelle maire de Paris...
horrible et sympathique tonton Jean
moi je l'aime bien...
Échappa à un plus grand danger encore, que la vitesse dans les virages
sourire
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