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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération
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lundi, août 24, 2015

Risquer quelques pas avec Chéreau


Matinée où le ciel passe lentement du bleu au blanc, matinée de soins aussi attentifs que le puis à l'antre et carcasse, préparer la cour aux grosses averses annoncées, dormir, tourner un peu en rond parce que, depuis une dizaine de jours, je désire, en renâclant dès que veux passer à l'action, évoquer l'exposition d'ouverture, après agrandissement et rénovation, de la collection Lambert, à partir des photos (assez piètres à cause des éclairages, des reflets, de ma mauvaise volonté parce que rien-que-pour-moi-pour-mes-yeux d'ailleurs plus de Paumée) prises chez Lambert, 
non pas le jour de l'ouverture, parce que «pas le temps» et surtout aucune envie de la foule des personnes célèbres et non qui s'y pressaient, mais début août, un jour de chaleur un peu adoucie (environ 35°) et de superbe lumière, sans que me souvienne très bien de l'emplacement des oeuvres et, assez souvent, de la raison, qui ne m'a pas toujours été évidente, de leur présence là, dans cette série, cette salle... Mais l'avais décidé, et pour remplacer le crépuscule humide de ce dimanche (avant dix-sept heures) me suis décidée à ouvrir l'album... mais avec des excursions en lecture, petites activités.. et j'en resterai donc à une présentation succincte et aux premiers pas (sera déjà très long)
On entre toujours par la porte de l'hôtel de Caumont, les platanes sont toujours là, et j'ai retrouvé les tortillons en plexiglas de Miroslaw Balka qui égayaient, sous les filets anti-jet-d'objets, une cour de la prison.. lors de la belle exposition de l'an dernier.
On est accueilli dans le hall par un portrait posthume réalisé pour l'exposition par Yan Pei-Ming,
avant de découvrir, du moins en ce qui me concerne, outre un portrait de la grand-mère de Chéreau par Renoir, l'oeuvre de son père, Jean-Baptiste, – dessins, aquarelles - que j'ignorais, honte à moi, que j'ai beaucoup aimé, que j'aimerais connaître davantage (quelques images, les plus faciles à prendre, avec première apparition des fenêtres intempestives).
Et puis, dans les salles suivantes, au rez-de-chaussée, le début de ce qui est à l'origine de l'exposition, une partie du fabuleux dépôt par Chéreau à l'IMEC de ses archives, dont Nathalie Léger souhaitait faire la base d'une exposition, exposition qui tombait fort bien, Chéreau aimant le musée, pour passer le cap d'une situation difficile http://www.lesechos.fr/27/07/2014/lesechos.fr/0203668468734_malgre-son-succes—la-collection-lambert-cherche-son-modele-economique.htm, exposition qu'Eric Mézil, avec l'aide d'amis, de collaborateurs de Chéreau, a réussi à monter en une année, tout en suivant, je le suppose du moins, les travaux pour une ouverture, avec un retard de quelques jours par rapport à la date initialement prévue, pendant le festival.
mais là je tombe sur mon premier os, les textes, les dessins de Chéreau, m'ont passionnée, sans que je me soucie de photos, d'ailleurs fort difficiles et forcément peu lisibles, ni de prendre des notes, juste de regarder, de lire presque tout, sauf quand mon dos rouspétait ou que j'avais du mal à déchiffrer l'écriture pourtant ferme et claire... ce qui m'a amenée à m'offrir le gros catalogue édité, comme d'habitude, avec Acte-Sud, qui, en fait, comprend le récit de ce que fut pour le conservateur le choix des oeuvres à mettre en relation avec les facettes de la vie, les créations, les intérêts de Chéreau (pas toujours évident), les rencontres, les souvenirs qu'il avait de lui, avec des témoignages souvent beaux, presque toujours intéressants, des photos d'oeuvres exposées, dans un ordre qui ne suit pas forcément celui des salles, quelques documents, mais aucune liste de ce qui est montré, juste une liste, suivant l'ordre des pages, de ce qui est reproduit...
Alors, juste, pour Louis-le Grand, un beau poème du lycéen,
une lettre illustrée qui, dans mon souvenir, est de Jean-Pierre Vincent, souvenir du temps où ils s'étaient imposés à la tête du groupe téâtral, Vincent surtout pour le jeu, parfois pour la mise en scène, Chéreau, très rapidement, prenant en main la scénographie outre des mises en scène.
Il y a d'inombrables notes, dessins et croquis de lui, vifs et beaux (un trait assez gras et très souple) dont je regrette de ne pas avoir gardé trace (même si le catalogue en donne une partie) pour cette période, puis (et les témoignages sont de Jean-Pierre Vincent, Jack Lang qui les a fait venir à Nancy pour le festival du théâtre universitaire, et Jérome Deschamps qui n'a pas fait partie du groupe, mais qui connaissait Chéreau depuis la sixième du Lycée Montaigne, et qui a été depuis le début un spectateur assidu de ce qui s'élaborait), et, ensuite, du groupe théâtral de la Sorbonne puis de l'expérience de Sartrouville, avec, entre autres, les soldats de Lens, les pièces chinoises de Kuan Han-ching et l'affaire de la rue de Lourcine (une photo de Chéreau et Vincent que je connaissais déjà pour l'avoir vue dans un livre-mémoire de ce dernier le désordre des vivants aux Solitaires intempestifs, dans lequel je viens de me replonger pour raviver des souvenirs de ma jeunesse, avec, quelques années plus tard, le temps pour lui de la collaboration avec Jourdheuil).
Et puis, après cette photo (qui en fait vient plus tard dans l'exposition, lors de l'évocation du combat commun avec Ariane Mouchkine, Montant, Signoret pour Havel en 1979) de Chéreau acteur pour Jacques Kebadian dans son film Trotsky en 1967, j'en resterai là, laissant passer 68, la faillite de Sartrouville en 69, pour revenir plus tard, avec sans doute surtout des images, pour l'épanouissement de son talent (pour rester dans la litote),de sa ou ses carrières. 

samedi, juillet 09, 2011

Cahin, caha deux beaux spectacles

suis partie dans la chaleur de deux heures et quart, ayant tenté de juguler carcasse qui m'avait fait son petit festival : nausée, bobo, vertige etc... pendant la matinée

Il n'y a finalement pas tellement de foule à Avignon en ces premiers jours (j'espère pour les commerçants et compagnies que ça va venir),

et je n'ai rencontré quasiment aucune parade en costume (cette année c'est tee-shirts avec nom spectacle ou théâtre) – ça manque un peu de robes à panier et de pourpoints -

mais on entame la seconde ou troisième couche d'affiches.

J'ai tenu à tenter la rue des teinturiers que j'évite d'ordinaire, prenant tous les évitements possible, à cause de mon agoraphobie, que, victoire, j'ai vaincue couci-couça (les photos en ont souffert par contre)

et j'ai entrepris l'attente devant Benoit XII dans la crainte montante de la climatisation –

la sorgue puait modérément, le soleil n'était pas trop cruel et, par chance; j'étais à côté d'un couple de mon âge disposé au piapiapia ce qui est le meilleur remède.

Tout de même, j'étais un rien cramponnée pendant l'heure et quart du spectacle, mais ça en valait la peine. (« Sun » par Cyril Teste et son collectif MxM)

(une photo du hall de l'étage, même les gradins étaient interdits sauf avec un appareil téléphonique, j'ai bien essayé de faire allo-allo dans mon tout petit appareil-qui-tient-dans-la-main mais les jeunes cerbères n'ont pas accepté de s'y tromper)

Encore des enfants – encore une vidéo mais une vidéo provoquée par gestes des enfants ou dans lesquels ils entrent (le semblent), cadres mouvants, jeu onirique.

J'étais entouré de « jeunes des quartiers » et ils étaient si tendus (comme moi) que le moindre raclement de gorge ou le plus léger bruit en remuant sur un siège valait au responsable de sévères regards.

Texte de présentation sur le programme du festival :

« Ils ont six et sept ans, un garçon et une fille réunis par le hasard d'une famille recomposée. Ils s'aiment, veulent se marier, ont un témoin : leur petite soeur de cinq ans. C'est décidé, ils s'envoleront pour l'Afrique le 1er janvier afin de réaliser leur rêve, au soleil. Le matin de la Saint-Sylvestre, laissant leurs parents endormis, ils quittent la banlieue d'Hanovre pour rejoindre l'aéroport... Voilà une histoire vraie, survenue en Allemagne il y a deux ans..... Cyril Teste et ses complices du Collectif MxM s'emparent de cette incroyable tentative de voyage amoureux, de ce désir d'horizons nouveaux, pour construire un spectacle qui interroge l'un de nos territoires personnels les plus secrets : celui de l'enfance.... ils organisent un espace où ressurgit, à travers un conte heureux sans danger et sans peur, un univers venu du plus profond de nos mémoires. Des mots et des images pour construire un poème dont les enfants sont les héros. Un poème théâtral qui raconte le monde à hauteur de bambin, sans innocence mais en toute liberté. »

Texte épuré, mots rares, et donc puissants, même le départ est seulement évoqué, et l'amour passe par des dessins. Jeu extrêmement savant entre les différentes voix, off ou sur scène, ou venant de la vidéo. Poésie simple et réelle.

Et il y a l'intervention de deux adultes, qui sont notre tremblement devant notre enfance et ces premières émotions (le texte du début revenant en boucle, repris par eux)

Retour en visant les trous dans la foule -

croisé une troupe faussement martiale,

des vendeurs de colliers, jupes, glaces, éventails, sandwichs,

un musicien, mais les rues n'ont pas encore leur pleine animation, ou le milieu de l'après-midi n'est pas le bon moment pour tracter ou se faire voir.

Rentrée, petit coup de pompe, fait le minimum, mis pantalon et chemise dans le tas à laver, enfilé jupe euphorisante et polo et suis partie, dans le début de nuit, décidée à être au meilleur de ma forme vers le Lycée Saint Joseph et sa cour (avec une disposition mystère qui interdisait de numéroter les places) et Chéreau et Jon Fosse (I am the wind)

spectacle en anglais, joué par deux acteurs anglais (Tom Brooke et Jack Laskey)


prenant pour encourager mon avancée moult photo ratées (je vous épargne les pires)

croisant une crinoline (réaction trop tardive),

une fenêtre qui affiche obligeamment à l'attention des poseurs d'affiches « profitez de nos barreaux pour vous accorcher »,

et les tables alignées sur le trottoir.

Avant une très longue attente pour pénétrer (cette année l'attente se fait dans la rue et on entre par une porte secondaire) dans le Lycée

avec le passage de quelques "tracteurs".

Une place de côté au premier rang, des voisins agréables, la longue contemplation du plateau (la photo n'en donne qu'une très vague idée, avec la petite marre centrale, le panneau bleu comme un lointain au centre (et les mouvements dans l'eau produiront des reflets d'ondes discrètes et lentes sur les murs, comme dans l'air, comme si nous étions sous l'eau)

- le centre du plateau se soulevant pour créer un grand radeau monté sur vérin souple que l'Un gouvernera avec une longue barre de bois.

Et comme nous sommes dans une année où on porte, l'Autre vient du fond, portant l'Un qu'il assied, cale comme il peut, et puis, enlevant un de se chandails l'enfile doucement, maladroitement, tendrement sur les bras, le dos de l'Un avant de s'asseoir dos à dos comme des pesse livres.

Les mots de l'autre viennent propulsés, rythmés, interrogatifs et persuasifs, les mots de l'un au début arrivent au prix d'une extraction presque douloureuse, mais se feront plus fluides, même si toujours rares, une fois en mer.

J'aime les efforts entêtés de l'autre, sa façon d'interroger puis de plaider pour adoucir l'effet que lui font les mots de l'un

« L'AUTRE

Souvent c'est quand même bien

oui de vivre

L'UN

Oui

L'AUTRE

Ce n'est que de temps en temps

oui

oui comme tu dis

que tu es une pierre

ou quelque chose comme ça

L'UN

Oui

silence assez bref

Oui souvent je ne le suis pas. »

(deux photos provenant du site du festival)

Chéreau dit à propos de son choix de l'anglais : « En ce qui concerne la «musicalité » du texte, il faut savoir de quoi on parle. Il y a une construction musicale, c’est indéniable. Il y a des thèmes qui reviennent, une vraie structure, mais je n’arrive pas à entendre une véritable musicalité dans le texte français. Si je pouvais l’entendre en norvégien, peut-être serais-je plus sensible à une forme de musicalité, même s’il ne faut pas oublier que le norvégien que parle Jon Fosse est très minoritaire en Norvège, puisque parlé par environ dix pour cent de la population....... »

mais musicalité il y a, due à la langue, ou aux interprètes (comme des chanteurs), à la petite couche d'étrangeté supplémentaire, même s'il s'agit d'un anglais simple que même moi je pouvais comprendre sans sous titre.

Il dit aussi : « Avec Je suis le vent, nous sommes confrontés à une énigme totale qui, forcément, nous donne envie d’en savoir plus. Qu’est-ce qui se passe exactement dans cette pièce ? Qu’est-ce que cela touche ?.. »

Et il nous laisse croire que nous le découvrons, un peu, que nous approchons tout seul. Le dégoût de soi, les mots qui ne disent pas ce qui ne peut être dit, sauf un peu par des images, la peur, plus grande quand on est seul, le besoin d'être rassuré, etc... la tentation.

«L'UN

J'en avais si peur

Et c'est pour ça que je l'ai fait

Je savais que je le ferais

Bref silence

J'étais trop lourd

silence assez bref

et la mer était trop légère

Et dans le vent il y avait un tel mouvement. »






retour dans un Avignon qui semble prendre tranquillement sa vitesse de croisière