Premières gouttes
pour saluer ma sortie
à pas résolus,
Mon départ vers réunion
dans la pluie fine et froide.
Avançant dans ce fin crachin frisquet, à la moitié de la rue des Lices ai pensé que ma présence pour apprendre ce que savais par les échanges mails d’un beau projet et sans pouvoir assister à la réunion suivante parce que c’était le jour de mon départ vers la Lozère (et que n’aurai pas de certitude sur mes moyens pour l’été à cette date)…
ai lâchement tourné bride et m’en suis revenue à temps pour relire et poster ma contribution au #10 de l’atelier du tiers livre qui avait occupé une partie de mon après-midi et recopier mon #8 écrit jour après jour avant mon départ pour Toulon (long… désolée, un peu)
moments
Un moment qui ne fut pas, ou ne fut pas lui, ou fut indiscernable, qui passa très vite, entraîné, poussé par les autres.
Un moment qui se fit attendre, si longuement que quand il passa ce fut avec une discrétion agaçante, noyé parmi les autres ne laissant que le sentiment qu’il était passé.
Un moment qui s’éternise, distendu par la saveur aigüe d’un rayon de beauté.
Un moment qui fut bref et détestable de la survenue d’une offense qui ne sera pas relevée.
Le moment étrange et choquant où dans la rue on croise avec le regard d’un autre un être que l’on découvre dans un reflet être un soi ignoré.
Un moment où le corps s’active à des gestes répétitifs et où l’esprit libéré s’en va pensant et un moment où l’esprit n’est plus qu’un corps s’activant avec une attention passionnée
Le moment du réveil quand le corps tente de rattraper l’esprit désorienté qui ne sait ni quand ni où ni quel il est.
Ce moment où le désarroi du réveil est modéré par une poussée de l’humour premier éveillé qui aide à sortir les jambes du lit en prenant conscience du geste.
Ce moment où les vieux se recouchent et où la chute de la température, le silence plus profond, le noir de la nuit attaqué par la cendre annoncent l’approche de l’aube.
Le moment où le soleil en feu s’enfonce dans la mer quand dans un bref silence on entend les vaguelettes embrasser le sable et les haubans faseyer doucement.
Un moment d’attendrissement en voyant les yeux penchés de son chien le regardant
Le moment tant attendu où il osera s’en aller
Ce moment si rapide et sans limite d’une chute quand la vie dure quelques secondes
Le moment où perdu dans le bonheur d’une musique on sent son cou ployer et ses yeux demander à se fermer
Le moment où avançant dans la rue on a brusquement le sentiment mêlé d’un doute que l’on vient de croiser sans réaction une connaissance
Le moment où on secoue mentalement les épaules pour trouver courage d’entrer dans le jour
Le moment où on cherche l’appétit assis près ou en face de quelqu’un qui en a trop
Le moment où la lumière d’un vitrail se posant sur un profil ingrat en révèle la beauté
Le moment où on se perd dans la détente de la beauté d’une musique écoutée en concert et où on sent les yeux se voiler et le cou fléchir malgré la lutte contre l’absence
Un moment d’attente joyeuse ou craintive où les yeux ne quittent pas l’affichage du temps qui vient.