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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération
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dimanche, avril 19, 2015

Souffle printanier en éclaircie sur fleurettes et sur mort

Hier encore il pleurait
Aujourd'hui
Il s'évente la mine dégagée
(Sôseki – haïku printemps 1896 – traduction Elisabeth Suetsugu)
samedi s'est éveillé en bleu très pâle, gentille petite brise et bénignité de l'air, et mes pas en avaient, avec mon équilibre rétabli, un semblant d'allégresse..

mais furent ces jours : ciel bleu dur irradiant et presque chaleur, robe d'été et petite veste pour les vieillardes - pluie et tiédeur devenue fraîche, pantalon petite laine et veste imperméable - 
Vent qui souffle
Sur les pétales diaphanes
Incline le coquelicot
(Sôseki – haïku été 1910 – traduction Elisabeth Suetsugu)
m'en suis allée, appareil revenu dans le sac et yeux ouverts, vers la gare, retirer les billets qui posent des bornes temporelles aux intentions d'une coalition de toubibs..
ai tourné au bout de la rue Joseph Vernet, ai longé les terrasses, fait quelques pas sur le trottoir du boulevard.. brusque sensation d'espace, de vague liberté.. un rayon de soleil et – ah c'est vrai, mes yeux n'ont plus l'appui bienveillant et la limitation des platanes, comme je le savais, comme l'avais constaté déjà mais sans cette impression de vide et de liberté
parce que campagne il y a, puisque lutte n'est pas possible, puisqu'on ne peut que devancer la mort qui prend de trois à sept ans, mais est inéluctable - et qu'on le doit avant qu'elle se propage - quand vient s'installer mister ceratocystis platani
Et, ne l'ai pas vu, mais cela doit avoir été : l'enlèvement, en camion bâché, des troncs, des branches et leur incinération..
alors j'ai suivi, jusqu'aux remparts, et en revenant, les bases aux belles veines, les premières taches, les fragilisations, le trou récupéré par des passants, le gouffre

et la beauté du mal quand il a rongé toute la vie, y a creusé des falaises noircies, des érosions plissées…
avant de trouver, au retour, sous un ciel devenu blanc, le premier platane sain malgré ses baroques blessures
Le fil de ma vie
Frêle suski
Ne s'est pas rompu
(Sôseki – haïku automne 1910 – traduction Elisabeth Suetsugu)
de regagner ma place, de souhaiter que rien ne vienne, porté par les vents, contaminer Mes platanes..
et, plus tard, de les maudire, mes sacrés f.. platanes, comme chaque année à cette époque, en voyant les escadrilles de chatons qui s'engouffrent par la porte-fenêtre, viennent se poser sur le sol nettoyé de ma cuisine, voltiger sur les meubles, se transformer en petits fils collants quand mes mains s'amusent à les saisir.
Et voilà que me demande pourquoi, avec ces sottises, suis revenue à toi, mon vieux Paumée.

dimanche, février 17, 2013

Pour commencer.. (passez votre chemin)



Journée dolente, journée doucement somnolente, un filet de conscience, juste ce qu'il faut pour accueillir, un instinct filtrant tout ce qui pourrait me heurter, éveiller à la pesanteur réfléchie, me froisser...
L'impression que le jour est joyeux dehors, cueillie le matin, mais sans vérifier d'avantage, laisser au calme les cheveux sécher, la musique venir ou reculer en bruit de fond, le corps faire ses caprices...
Un peu flottante mais un appétit près à se réveiller, s'amuser, ou plus, à relever la ou les deux premières phrases des lectures en attente (et faire, en passant, ménage dans les téléchargements) sous la garde de gentes, sereines ou fripées (avec bout du nez cassé) dames... des différentes façons d'attaquer.
Vous êtes dispensés de suivre.
Et bien entendu certains sont des relectures, mais dont j'ai désir.. et certains ont été tutoyés déjà

Ce livre est un pari, il constitue un projet commun élaboré par cinq personnes exerçant des responsabilités dans les principales associations de lutte contre l'exclusion sociale, il est au service d'une ambition, simple mais déterminée.
Ce livre est le fruit de nos rencontres, de nos échanges et de convictions que nous avons acquises peu à peu sur un certain nombre de questions qui touchent au vivre ensemble et que nous partageons.
Guy Aurenche Christophe Deltombe, Pierre-Yves Madignier, Patrick Peugeot, François Soulage «Nous pouvons (vraiment) vivre ensemble» - les Éditions de l'atelier
Je veux écrire une page d’Histoire.
Au début, presque tous les gens me croient fou ; à la fin, quelques-uns seulement. Je sais ce que je fais et les rumeurs ne sauraient me détourner du chemin qui s’étend devant moi, comme tracé par le destin.
Galsan Tschinak «La caravane» - traduction Dominique Petit et Françoise Toraille - Piquier poche
Je me suis toujours proposé d’expliquer de quelle façon j’avais écrit certains de mes livres (Impressions d’Afrique, Locus Solus, l’Étoile au Front et la Poussière de Soleils).
Il s’agit d’un procédé très spécial. Et, ce procédé, il me semble qu’il est de mon devoir de le révéler, car j’ai l’impression que des écrivains de l’avenir pourraient peut-être l’exploiter avec fruit.
Raymond Roussel «Comment j'ai écrit certains de mes livres» - Publie.net – collection classiques
On sait que bien avant d'aller ce jour là (le jour où avait lieu la soirée de la princesse de Guermantes) rendre au duc et à la duchesse la visite que je viens de raconter, j'avais épié leur retour et fait, pendant la durée de mon guet, une découverte, concernant particulièrement M. de Charlus, mais si importante en elle-même que j'ai jusqu'ici, jusqu'au moment de pouvoir lui donner la place et l'étendue voulues, différé de la rapporter.
Marcel Proust «Sodome et Gomorrhe» - Folio classique 

Sôsuke avait commencé par apporter un coussin sur la véranda pour s’installer dans un coin bien ensoleillé, jambes croisées en tailleur, une revue dans les mains, mais il n’avait pas tardé à abandonner celle-ci et à s’affaler par terre. Par cette magnifique journée d’automne, on entendait résonner distinctement le bruit des socques de bois des passants à travers les rues de ce quartier paisible.
Sôseki «La porte» - traduction Corinne Atlan - Piquier poche
«À demain, qui sait ?»
Les mots avaient coulé au soleil des néons sur les lèvres de Rubens. Depuis, ils tournaient, résonnaient et cognaient puis revenaient en écho au chaud d’une gorge muette qui les ressassait...
Michel Embareck «Rubens» - Publie.noir
Vers quatre heures, ce 25 juin, tout semblait prêt pour le sacre de Talou VII, empereur du Ponukélé, roi du Drelchkaff.
Malgré le déclin du soleil, la chaleur restait accablante dans cette région de l’Afrique voisine de l’équateur, et chacun de nous se sentait lourdement incommodé par l’orageuse température, que ne modifiait aucune brise.
Raymond Roussel «Impressions d'Afrique» - Publie.net – collection classiques
Nous allions dîner au restaurant. Je ne dirai pas de quel restaurant il s'agit, sinon la prochaine fois il sera envahi de gens venus voir si nous y sommes retournés. Serge avait réservé.
Herman Koch «Le dîner» - traduction Isabelle Rosselin – 10/18
Dès le matin,la tête encore tournée contre le mur et avant d'avoir vu, au-dessus des grands rideaux de la fenêtre, de quelle nuance était la raie du jour, je savais déjà le temps qu'il faisait.
Marcel Proust «La prisonnière» - 10/18

À la fin du XXe siècle, le jeune Montano, qui venait de publier son dangereux roman sur la cas énigmnatique des écrivains qui renoncent à écrire, s'est retrouvé emprisonné dans les rets de sa propre fiction et transformé en un auteur qui, malgré son inclination compulsive pour l'écriture, s'est retrouvé complètement bloqué, paralysé, changé en agraphe tragique
Enrique Vila-Matas «Le mal de Montano» - traduction André Gabastou -Christian Bourgeois -
Pour un homme comme Zhou Wenxiang, qui était persuadé d’être parfaitement honnête, recevoir une telle lettre ne pouvait être perçu que comme une véritable insulte. Il avait effectivement entendu parler d’un groupe d’hurluberlus qui avaient l’audace de s’intituler «Société des menteurs»
Lao She «L'homme qui ne mentait jamais» - traduction Claude Payen -Piquier poche
Personne ayant jamais vu Catherine Morland dans son enfance ne l'eût supposée née pour être une héroïne. Sa situation dans l'existence, le caractère de son père et celui de sa mère, se propre personne et son tempérament, tout s'opposait également à ce qu'elle en fût une un jour.
Jane Austen «Northanger Abbey» - traduction Josette Salesse-Lavergne – 10/18
La vicomtesse de Styrie était généreuse et tendre et tout pénétrée d'une grâce qui charmait. L'esprit du vicomte son mari était extrêmement vif, et les traits de sa figure d'une régularité admirable.
Marcel Proust «La fin de la jalousie» - Folio 2 euros
Toute la journée, dans cette demeure un peu trop campagne qui n'avait l'air que d'un lieu de sieste entre deux promenades ou pendant l'averse, une de ces demeures où chaque salon a l'air d'un cabinet de verdure, et où sur la tenture des chambres les roses du jardin dans l'une, les oiseaux des arbres dans l'autre, vous ont rejoints et vous tiennent compagnie – isolés du moins – car c'étaient de vieilles tentures où chaque rose était assez séparée pour qu'on eût pu si elle avait été vivante la cueillir, chaque oiseau le mettre en cage et l'apprivoiser, sans rien de ces grandes décorations des chambres d'aujourd'hui où sur un fond d'argent, tous les pommiers de Normandie sont venus se profiler en style japonais pour halluciner les heures que vous passez au lit ; toute la journée, je la passais dans ma chambre qui donnait sur les belles verdures du parc et les lilas de l'entrée, les feuilles vertes des grands arbres au bord de l'eau étincelants de soleil, et la forêt de Méseglise.
Marcel Proust «Le temps retrouvé» - Folio classique 

C'est la foudre qui a dû me réveiller. Une mèche de lumière s'est glissée derrière mes paupières fermées, a excité mes nerfs et les a tous parcourus comme un circuit électrique.
Eri De Luca «Acide, Arc-en-ciel» - traduction Danièle Valin - Folio
rue droite avec les grues au bout, le quai de déchargement – on est au bord du silence – des ombres marchent le long des voies..
Michèle Dujardin «Où s'arrête la terre» - Publie.papier
Qu’est-ce qui est derrière eux ?
Derrière eux, c’est du vent, partout. La route fume.
Benoît Vincent «L'abandon» - Amboilati.net
Elle était assise devant moi, confortablement installée sur une banquette, dans l’angle. Elle devait avoir entre seize et dix-neuf ans.
Benoît Vincent «L'étendue» - Amboilati.net
et bien sûr s'y ajoutent internet (trop ?)les relectures/pulsions, les magasines économiques ou partisans, la lecture attentive de certains débats et des lois correspondantes avec l'espoir de comprendre un peu grâce à quelques recherches et au lent déroulement de ma cervelle... et puis les envies de m'abîmer dans la contemplation d'une vidéo, les rêves et un peu la vie.
M'est avis que, à part deux livres en chemin «Décor Lafayette» d'Anne Savelli et un recueil de lettres de Robert Walser j'ai toutes les raisons du monde de résister à toutes les tentations d'ajouter à ce menu.