J’avais pris mon appareil, d’abord parce que je le prends toujours, et puis parce que, entre mes draps, j’entendais Monsieur jardin de France Inter parler des platanes malades dans notre sud, que j’ai fait une fois encore une petite prière muette pour la survie du plus grand des platanes de la place Crillon, qui m’est cher, et que j’ai voulu le fixer encore. Je l’ai d’ailleurs totalement loupé, je trouve, le pauvre.
Ceux de la petite place derrière les halles sont, eux, moins vénérables, avec des troncs tout lisse, tout bête.
Au retour, un arrêt pour un clin d’œil à l’entrée latérale de Saint Agricole, que n’occupait pas, jour férié oblige, mon ami et sa sébile, en remettant en place la lanière d’une sandale.
En préparant le déjeuner, j’entendais sur France Culture une évocation des restaurants du Paris du 19ème. Des remontées - d’avant cette époque, le Procope : pour les rares repas que j’y ai pris, un sentiment respectueux, l’attente de l’apparition dans un coin du neveu de Rameau, et une cuisine sans intérêt. Tous les petits restaurants des passages et escaliers autour du Palais Royal. Le Grand Véfour, devant lequel je suis passée et repassée, pour n’y entrer qu’après sa mort, quand il a été remplacé par un restaurant végétarien sophistiqué (ou plutôt mixte) où nous avons fait, à cause de moi, un repas de bureau. Le ravissant décor, une assiette, hum correcte.
J’ai cherché le Grand Véfour chez Balzac mais n’ai trouvé que le Rocher de Cancale, Véry et, pour les diners de garçons, le Café Anglais – dans l’ »itinéraire nutritif » de Grimod de la Reynière, mais il n’est pas dans les restaurants cités autour du Palais Royal. J’y ai trouvé par contre, dans les boutiques, Corcellet :
« … Qu’on se contente de savoir que c’est là que les pâtés de foies d’oies de Strasbourg, de foies de canards de Toulouse, de veau de rivière de Rouen, de mauviettes de Pithiviers, de poulardes et de guignards de Chartres, de perdrix de Périgueux, etc… se rendent de préférence en arrivant à Paris. Ils s’y trouvent en pays de connoissance avec les terrines de Nérac, les mortadelles de Lyon, les saucissons d’Arles… » (j’adore Grimod même si j’ai une crise de foie après l’avoir lu) – me demandant une fois de plus quel est le rapport avec la boutique du si gentil Monsieur Paul Corcellet, un peu plus loin, rue des Petits Champs, que j’aimais, non pour ses nourritures étranges comme la trompe d’éléphant mais pour l’extrême amabilité et le raffinement de l’épicerie, boutique qui fait aussi partie du passé du quartier, passé déjà presque lointain.
Je me demande tout de même : ai-je une gueule à ce point de travers ?
9 commentaires:
Pour la gueule, il me semble qu'un effet d'optique explique tout.
Mais pour les "trompes d'éléphants" ? Gratinées ? Fourrées aux olives ?
J'ai peur d'avoir peur de penser que ça existe !
Kiki :-)
intérêt comme d'habitude pour ton texte...
sourire à la dernière phrase car pour t'avoir vue "pour de vrai" je peux t'assurer que ce n'est pas le cas, une question néanmoins : aurais-tu coupé tes cheveux ?
Bon début de semaine Brig !
ils pendent derrière
Reflexion intéressante, tous les photographes, qui utilisent un appareil numérique, ou étirent leurs bras en avant, ou se cabrent en arrière pour lire le petit écran de contrôle dudit... Bonnes photos quand même ! je continue mes visites en Avignon...
"Allez les petits"... (plus en rapport avec l'article d'hier...)
cette note me donne à penser qu'on est loin d'une quelconque "placidité"
bonne journée
ananyme c'est moi
Dommage de voiler ton visage. Moi j'aime bien la photo ou tu te trouves de travers, comme le dit Pstern il s'agit uniquement de la posture nécessaire pour faire la photo, j'imagine.
Un joli voyage à travers la Blogosphère me permet de découvrir ici un univers aussi bien littéraire qu'onirique ..et lire une belle plume est un plaisir de tout les instants !
merci Monsieur
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