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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

vendredi, mars 14, 2008

Fatigue, creux, paresse qui me rend bavarde avec les mots des autres, en pillage éhonté, et un peu comme exercice d’endurance pour la frappe entre débuts de légers vertiges.
Panne d’oreiller qui a emporté les Médicis. Et réveil difficultueux. Petit tour blog et découverte sur ligne de fuite de la présence d’écrivains planchant sur Internet sur le Contrejournal http://contrejournal.blogs.liberation.fr et je butine, entre autres :
« Internet, c’est transparent : juste une petite vitrine sur mon atelier, comme on va boire un café chez le copain luthier. Je n’aime pas le mot "œuvre". Dans celle de Kafka, il y a ses lettres, ses journaux, ses leçons de grammaire d’hébreu, ses conversations avec Max Brod et les autres. Dans la haute solitude de Beckett, il y les 3000 lettres en 5 langues qu’il a laissées » François Bon (la référence)
http://www.tierslivre.net.
« Est-ce parce que le média est neuf que le vieil écrivain piaffe comme un jeune cheval ? Je prends en tout cas cette activité d’écriture très au sérieux, j’ai opté pour un dispositif léger que je reconduis chaque jour assidûment : trois fragments brefs à tonalité le plus souvent humoristique qui peuvent être de récits, des aphorismes, des réflexions diverses, notes ou formules poétiques, en variant les effets tout en recherchant des correspondances, en suivant quelques fils aussi afin que se construise jour après jour un livre, car il y aura un livre, je suis maintenant décidé à publier ces pages. » Eric Chevillard, tonique
http://l-autofictif.over-blog.com – bonne nouvelle à la fin?
Et les autres et puis, dans les blogs cités et que je lis, bien sur Lignes de fuite, mais aussi Albin journalier.
Je suis descendue boire un café meilleur que le mien et acheter le Libération du jour, confié à des écrivains, lu par petits bouts entre flemme et taches ménagères. Et je butine de plus belle.
Pour coller à ce que l’actualité décide de mettre enfin en lumière : le stress au travail. A propos d’un documentaire programmé sur France II « travailler à en mourir » : « il n’y a plus grand-chose à tuer, lorsque le sujet n’est plus qu’une qualité particulière ou une fonction simple, lorsqu’il se sait interchangeable et en sursis, et lorsque le seul profit qu’il espère tirer de se tuer à la tâche est d’avoir le droit d’en faire encore plus » Vincent Delecroix
Dans un article de Julia Kristeva sur les relations avec la Chine, et spécialement le « dialogue stratégique » prôné et appliqué par les australiens, cette citation délicatement ambiguë de Zhuang Zi « Dans le plus grand Tao, rien ne s’énonce ; dans la plus grande dispute, rien ne se dit ; la plu grande bonté n’est pas bonne, la plus grande humilité n’est pas indigente, le plus grand courage n’est pas agressif ».
De Giancarlo Cataldo : « Les Italiens adorent raisonner avec leurs tripes. Et un reportage à sensation ou une harangue démagogique d’un populiste au lexique incertain font beaucoup plus d’effets sur les tripes qu’une discussion argumentée. » vraiment typiquement italien ?

Mais à vrai dire je renonce à piller la plupart des textes pertinents, ou moins, généralement graves, et j’efface ce que j’avais copié pour ne garder arbitrairement :
- qu’une petite histoire campagnarde de Sylvie Granotier sur « la dernière cigarette du retraité » résumé par ses premières et dernières phrases : « Ce serait mieux pour votre santé d’arrêter de fumer, a conseillé son médecin à Camille, 85 ans. Bilan : Camille s’est jeté dans le puits…..
Avec précaution, ils ont appris à sa femme que Camille était mort. Elle a dit : « Oh ben, il a fait ce qu’il voulait. Eh ben, il l’a fait »
Une manière de marquer que cette décision-là, au moins, lui appartenait ». Et bien sur le médecin avait raison.
- de François Weyergans regardant la télévision au cœur de la nuit « … je retombe sur les mêmes couleurs, le même format, et je reconnais le type de tout à l’heure : c’est Charlton Heston dans « Ben Hur », un film pour enfants diffusé à 5 heures du matin »

- d’Eric Orsenna « Notre planète n’est pas simple. Elle a besoin d’observateurs passionnés. Curieux vient du mot latin cura qui veut dire le soin (comme dans cure ou curatif). Etre curieux c’est donc prendre soin du monde. » rôle qu’il confie entre autres aux journalistes et écrivains – et, en contrepoint, d’Olivia Rosenthal : « Les journalistes servent à ça. Faire jaillir de la diversité des opinions et du danger même de cette diversité un consensus… Les journaux et les radios et les télés servent à ça. Faire éprouver à tous la même indignation, donner à tous cette joie, ce plaisir de pouvoir dire ensemble et d’une même voix… » qu’elle applique à un «pédophile multirécidiviste », qui pourrait s’appliquer à de multiples choses ou gens, y compris dans l’adhésion à des choses ou gens plus ou moins futiles.
Et pour une exposition au Louvre qui aurait fait mes délices, vue et dite par Adrien Goetz, sur Gabriel de Saint-Aubin, une de mes petites dilections : « vieux garçon « malpropre », myope et édenté, il apparaît là où nul ne l’attend. A force de parcourir les rues de manière hypnotique, les terrasses, les boutiques à la mode, les salons et les arrière-cabinets, il a fini par voir et par fixer sur les feuilles volantes qu’il froisse dans ses poches, la face cachée de son temps, l’envers enténébré du siècle des lumières ». Et à mon humble avis s’il est aussi fécond que le graphomane Restif de la Bretonne et Sébastien Mercier, auxquels l’article le compare, s’il est aussi habile dessinateur qu’ils étaient élégants prosateurs en un siècle où tout plumitif l’était peu ou prou, il est beaucoup plus que ça et peut en effet tenir compagnie parfois à un Greuze, ou même Chardin.
Il y a le joli article sur Lavilliers de Léonora Miano, Bernard Henri Levy attendu sur les caricatures, et sa piètre conclusion du dialogue qu’il a avec Sayed Kashua écrivain arabe israëlien en hébreux, le charme dilettante de Dany Laferrière, le décryptage engagé de Gérard Mordillat confronté au discours de Xavier Bertrand, des brèves, Joy Sorman épatante en face des Tiberi, Emmanuel Carrère aux Tarterets etc…. et le cahier « livres » avec Le Clézio, Bergougnoux etc… que j’ai gardé pour mon diner.
Et pour saluer la lumière que je ne voyais que sur le mur de ma cour, j’ai repris des traces de sa caresse sur les pierres, la semaine dernière.
Un peu honte de moi, tout de même.

8 commentaires:

Anonyme a dit…

Rassure-toi, mon coktail est surtout de couleurs assemblées; c'est d'ailleurs, ce que j'apprécie le plus dans ce genre de breuvage au goût incertain. La graphomanie est un doux plaisir aussi. En témoigne le coktail de citations que tu nous offres en curieux-curistes que nous sommes (et qui voulons guérir le monde), s'il n'est haut en couleurs. Au matin, voilà qui nous brosse les neurones.

micheline a dit…

honte de soi: un penchant qui nous rend malheureux mais qui nous fait courir encore où nous abreuver à des sources qui alimentent notre soif...

Anonyme a dit…

Aujourd'hui je n'ai que survolé ton texte mais regardé plus attentivement tes photos en mémorisant les anciennes et me posais la question, pourquoi est elle attirée souvent par les façades, "te connaissant" tu as sûrement une réponse.

Brigetoun a dit…

architecte rentrée (études abandonnées) - 42 ans de gérance d'immeubles - je dois avoir comme qui dirait un penchant pour ça

OLIVIER a dit…

Bon j'avoue, je t'ai lue en diagonale... Honte à moi aussi ! Par contre, je vais aller acheter le libé. Graphomane, j'apprends et j'aime !
Merci pour ton compliment !
Tu as tort de ta honte car tu es un vrai exemple pour moi. Je ressors toujours enrichi de ton savoir et de ton écriture.
Bon courage pour ce week-end !
Ton Ami OLIVIER

Alcib a dit…

Je suis encore et toujours émerveillé de découvrir Avignon petit pan de mur jaune par petit pan de mur jaune...

Petite anecdote. Vous citez François Weyergans : j'avais été surpris de le voir un soir assis à l'une des tables du petit café près de chez moi où, durant quelques années, j'allais tous les soirs lire ou écrire.
Ils sont tout de même bizarres, ces écrivains, de prendre l'avion à Paris pour venir prendre un café à Montréal ;o)

Anonyme a dit…

Quel absolu délice que de te lire quand tu es fatiguée !

J'aime beaucoup beaucoup cette sorte de patchwork littéraire par toi proposé, et qui, mine de rien, a dû te demander un sacré travail (pour un très beau résultat)...

Anonyme a dit…

merci pour ce choix, c'est superbe
je trouve la citation de Delecroix terrible, glaçante