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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

dimanche, octobre 02, 2011

Vendredi soir, à l'heure du fléchissement de la lumière, ai troqué vieux jean et joli tee-shirt pour une robe blanche - pendant que la nuit descendait sur la cour, ai ajouté un veston banc parce que nous étions en septembre - ai fermé les volets bleus, pris l'étole de lin blanc cassé et bleu-vert-gris, pris sac et suis partie dans la nuit, entre grande envie et paresse, vers le théâtre des Halles, pour assister à la lecture du scénario du spectacle en cours de préparation pour mai 2012 « Penser bonheur » d'après l'oeuvre de Robert Misrahi (que je ne connais pas), et aux échanges - si le public y arrivait - qui devaient suivre.

L'air était doux, carcasse s'éveillait, je l'ignorais avec un semblant de superbe appliquée, ai grimpé la petite côte de Saint Etienne, me suis engagée sur la place de l'horloge qui vivait doucettement, pendant que douleur me venait, et troublait marche et vue. Ai continué, fait quelque pas dans la rue des marchands.

Découragement, lâcheté et raison se sont unis, se sont fait persuasifs, m'ont démontré que se déplacer pour penser uniquement à carcasse devant des acteurs n'était pas indispensable, et j'ai rebroussé chemin.

Avançant, de lueurs en lueurs, sur le trottoir, n'étais pas franchement triste, me demandais si carasse n'avait pas simplement exprimé mon manque de vrai désir de cette sortie, me disculpais, repensais au thème. Et en rentrant, pendant que le calme, après un quart d'heure pénible, se refaisait (flemme peut-être alors?), ai relu les phrases de Misrahi citée dans l'invitation :

« Les Philosophes qui jugent aujourd'hui le bonheur impossible ne font que prolonger un courant qui, de Platon à Kant, en a toujours différé la réalisation.

Ils oublient ainsi l'autre courant qui, d'Aristote à Ernst Bloch en passant par Spinoza avait ouvert une autre voie, en faisant du bonheur la joie en acte : à la fois premier objet de la pensée et noyau d'une existence heureuse et significative. Ce projet n'est pas irréalisable, encore moins impensable : la réflexion, quand elle transfigure le désir, met le bonheur à notre portée. »

Me suis promis d'y penser.. enfin, (ai décidé à onze ans que le bonheur ne m'intéressait pas, ce que je croyais qu'on appelait ainsi, et suis têtue) … et j'ai regardé sur Arte + 7 un documentaire sur la crise de 29, avec un intérêt compatissant - notre époque rodant à l'arrière plan, et la petite crainte de la montée des extrêmes – ce qui n'était pas aussi antinomique qu'il le semble.

Ai oublié la recherche du bonheur dans les livres, ai décidé de vivre avec lui, sans négliger la colère et sans en faire quête, ni surtout le rendre matériel. Jusqu'au prochain trou... mais pas forcément, détachement suffit.

Voilà, voilà, n'importe quoi – faudrait tout de même que ne devienne pas trop, trop lâche.

9 commentaires:

Pierre R. Chantelois a dit…

Rebrousser le chemin n'est pas abdiquer. Sur votre route vous avez côtoyé la sagesse. Tout est si élastique dans le bonheur. Et puis sur la mort, « s'il n'y avait pas la mort, on ne philosopherait guère », disait déjà Schopenhauer

micheline a dit…

le bonheur:il suffit parfois d'avoir envie de mettre une robe blanche

maria-d a dit…

Une histoire de couleurs, de lecture, d'échanges, de douleur, de bonheur que l'on croque et de mots qu'on écrit ... une lecture jolie, le bonheur de le dire.

Michel Benoit a dit…

Non, non, c'est bien.
Ça m'a même un peu gonflé le moral !
Petit pas vers un morceau de bonheur...

arlette a dit…

Le manque de désir engendre petites faiblesses ..... mais
"transfigurer le désir met le bonheur à notre portée" voilà une parole de grande sagesse !!!!!! tout aussi bonne que la promenade dans la douceur du soir en robe blanche

Fardoise a dit…

Suis d'accord, la quête du bonheur me semble un peu un miroir aux alouettes, une manière d'oublier la quête de soi.

Lautreje a dit…

la joie en acte : mienne philosophie !

joye a dit…

Tu as eu raison de rentrer, brige. On ne doit pas faire confiance aux auteurs qui mettent une majuscule aux "philosophes".

;-)

Tu es parmi les plus courageuses que je connaisse, je n'ai pas peur que tu devienne "trop lâche" ou même just "lâche" tout court. Ce n'est pas toi.

Gérard Méry a dit…

Cette place de l'horloge me devient familière