50 minutes de marche dans une ville qui d'averses en crachin restait doucement imbibée et froide, où les passants aux vêtures mornes longeaient des vitrines abritant des personnages colorés où seuls les ours pouvaient s'asseoir dans un café devant un thé, un chocolat ou ce qu'ils désiraient
où les platanes suppliaient et le rocher se rembrunissait... retour pour un thé mais dans l'antre et pour paresseusement reprendre ma contribution au #1 de l'atelier d'hiver de François Bon https://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article4944 (je me suis mise à jour de la lecture des dernières propositions publiées ce vendredi matin https://www.tierslivre.net/revue/spip.php?article622, et j'ose malgré cela), et, parce que c'est la seule que j'ai retrouvée facilement dans ma réserve, je l'illustre par une photo du plafond d'un couloir de la station Bastille, à défaut de l'une de celles à laquelle je pensais
La vitesse que les hommes veulent donner au monde, jusqu'à cette façon de marcher vite sur les trottoirs roulants qui sont là pour éviter des efforts, et la rage de ne pouvoir m'en exempter. Origine de l'action en projet : ce jour où, coincée derrière un dos sereinement immobile, j'en ai pris conscience, et cette première tentative, me retourner et tenter de marcher, contre les corps et l'avancée du sol qui filait sous mes pieds vers mon point de départ. Action abandonnée, non pas à cause du temps perdu, même si j'étais en retard pour un rendez-vous de chantier, mais parce que pour arriver à gagner sur le mouvement du trottoir j'étais forcée d'accélérer mes pas.
Action envisagée : marquer, discrètement, sans public conscient, sans autre trace gardée qu'un bref compte-rendu le cas échéant, mon refus de ce mouvement perpétuel.
Solution retenue : immobilité soudaine et prolongée dans un couloir suffisamment étroit pour qu'à une heure d'affluence (prévoir 18 heures 30 ou plutôt 19 heures) les corps en mouvement deviennent flux.
Réalisation : un vendredi, jour où les sorties de bureau sont précoces et pleines de l'énergie que donne l'attente de la liberté à venir, à 19 heures dans le métro (mon compte-rendu étant rétrospectif je me rend compte que je ne retrouve plus le nom de cette station où le long couloir se divise à peu près à sa moitié en deux lignes parallèles séparées par une grille) s'arrêter à cinq mètres environ de la division et rester fermement plantée. Au début être heurtée plus où moins violemment par les arrivants, et peu à peu sentir que se crée un évitement de la foule, penser que suis une pierre dans le courant, jusqu'à être heurtée, au bout d'un temps assez long, par un groupe de trois personnes avançant de front en discutant. Se rattraper à un bras, recevoir un grognement, reprendre position jusqu'à ce que les passants se fassent plus rares.
Vouloir recommencer cette action-inactive, ne pas le faire, le regretter.
12 commentaires:
Me retrouve dans ton texte dans l'univers incertain de Modiano j'adore
Se fondre dans le courant ou disparaître, un fétu de paille oublié.
oh Arlette ! n'exagérons pas
Pierre, suis un bouchon qui flotte
Les ours à table : beau détournement par un restaurateur ou tenancier de bar !
Votre immobilité dans le métro (la photo de la pancarte, c'est de qui ?) ne durerait pas longtemps : les gros bras de la "Sécurité RATP" vous auraient vite embarquée pour "entrave à la circulation" - n'oubliez pas que nous sommes dans un temps à la Paul Virilio !
Mais la fiction n'est pas encore interdite... :-)
tellement apprécié ce texte
Dominique;, oui j'ai admiré le clin d'oeil du cafetier (irai y prendre des cafés quand il rouvira !
la photo es de moi il y a un peu plus de dix ans (l'année où vous m'avez fait le plaisir de me retrouver place des Vosges
et l'immobilité n'est pas fiction mais date d'il y a une vingtaine d'années... époque où un peu de liberté existait encore
ou comment réinventer la mécanique des fluides <3
François, merci (et j'avoue que cela m'a surprise)
Bel oxymore que cette action-inactive. Votre texte, lui, ne fait pas de surplace.
Claudine, Godart merci à vous
Claudine ai toujours été a) curieuse b) négative
Impressionnant en tout ce texte, Brigitte. Texte et action. Waouw
merci Anne !
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