commentaires

désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

samedi, janvier 02, 2021

À côté du premier jour, reprise atelier


Matin, dalles mouillées dans la cour, et puis ciel blanc translucide

jour mécontente de moi, crâne qui cherche à partir de lectures de ces nuits, lecture des échanges entre Jérôme Bell et Boris Charmatz, et des correspondances sans doute inventées qu'il me semble avoir perçu avec ce qu'il faudrait avoir en tête si je veux répondre à la quatrième proposition de François Bon dans son atelier « de Chantal Akermann et du ralenti » https://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article4947



Jour de bleu, parfois légèrement voilé, juste comme il le faut pour que la température ne soit pas trop glaciale, mais jour où ne sors pas, rien ne m'appelant hors ce bleu

et comme ma foi rien n'en ai fait, après avoir recherché en vain dans tout ce que brassent les deux peintres, la phrase qui aurait ouvert un lien, sans doute illusoire, avec ce qu'a de politique le travail de Chantal Akermann, reprise du texte envoyé pour la proposition 3 « de la réalité du peintre avec Jean Hélion » https://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article4946 (ensemble des textes – ai lu ce matin les onze derniers, certains très beaux, publiés alors https://www.tierslivre.net/revue/spip.php?article626

et j'ai retrouvé une photo prise en Lozère, qui ne serait pas en accord avec le lieu évoqué en écrivant, mais pas si loin non plus.


Ce serait ou ça aurait été – pour garder la légère brume des ans – une vieille terre, des ondulations presque imperceptibles, des ruisseaux plus ou moins larges, lignes creusées derrière des haies, des prés en pente, dont seule la crispation des mollets révèlerait l'importance, couronnés par des bosquets et des fonds creusés par des bois en camaïeu de verts sombres, une impression d'humidité, des bogues et de la terre sous les pieds, une odeur d'humus que l'on transporterait avec soi, le sentiment de la vie découvert dans cette campagne en venant des pays de garrigues et pierres. Ce serait dans le pré voisin du long bâtiment de ferme un groupe de peintres plus ou moins aguerris, majoritairement des aquarellistes, qui avec application, une application modérée par des plaisanteries, des projets de promenade, quelques commentaires ironiques d'un adolescent, tenteraient de rendre ce qu'ils voyaient de tendre, parfois de chatoyant, dans le paysage ouvert devant eux. Ce serait les regarder, admirer souvent, s'arrêter, à distance pour ne pas troubler, derrière un grand dos, une main ferme recréant sur sa feuille la transparence de l'air légèrement humide de la pluie du matin, grimacer parfois intérieurement devant trop de mollesse, la stridence de certains verts, ou la façon dont ils étaient attaqués par des bruns jusqu'à évoquer la turbidité des oueds, leur tourner le dos, penser que davantage que les tons de cette nature vivante ce qui comptait c'était la terre, et sous la terre les couches millénaires qui la portaient, l'ossature du pays, se diriger vers la terrasse en contrebas, petite dépression entourée de murets, les bruits de maillets sur les ciseaux, la poussière de pierre, l'odeur du bois, le silence concentré d'un graveur penché sur une plaque de zinc pour reproduire une branche coupée, celle là même que la veille on a tenté de faire sortir de l'épaisse dalle sur laquelle on s'escrimait en très maladroit – comme on l'a jugé soi-même avec un sourire de travers, pas si mécontente d'avoir commencé à presque maîtriser l'outil – et très bas relief comme l'a dit avec ironie gentille le maître de stage, le qualifiant de beau grattage, s'arrêter à côté d'elle, se souvenir des chapiteaux vus ce matin dans l'église du bourg, leur saveur fruste, leur humilité apparente, la science qui se devinait pourtant là, la vie qui émergeait du grain de la pierre parente des visages ébauchés, s'ancrer dans son amour, son besoin des formes, s'éloigner, se planter devant un tas de pierres, relief d'un muret détruit, les toucher, en faire rouler une, caresser son beige nourri de rose, la prendre, tenter de se relever, accueillir avec un sourire reconnaissant celui qui se précipitait, opposer à ses conseils son entêtement, le suivre, le regarder la poser sur une table, la caler, prendre dans le cuveau de la terre ocre, modeler un visage plat, un crâne très rond, choisir un maillet un peu plus lourd que le précédent, soupeser deux ou trois gros ciseaux, rester plantée là, mesurer la différence qu'il y a entre modeler une forme et la faire sortir d'une masse qui semble inerte, concentrée sur elle-même, attaquer, transpirer, vouloir se faire force patiente, apprendre, continuer pendant des heures, deux ou trois jours, se réjouir des jeux de la lumière sur l'herbe, les troncs, les crêtes, de la musique des voix dans le calme, de la fusée rousse d'un épagneul lancé dans une pente émeraude devant des enfants, et brusquement comprendre le conseil dissuasif en voyant se casser un bout de sa pierre là où une veine se dissimulait au moins à vos yeux, admirer la beauté de la cassure, réfléchir.

2 commentaires:

Dominique Hasselmann a dit…

J'aime les voitures américaines (de l'époque) dans les films de Chantal Akermann où le plaisir de filmer est primordial.

Protégez-vous du froid : les pharmacies, en plus des masques, devraient en vendre (après tout, c'est aussi un genre de vaccin anti-grippe)... :-)

Brigetoun a dit…

je ne sais ce qu'elles devraient vendre, en tout cas ici elles n'avaient pas il y a un mois de vaccin anti-grippe et puis j'ai oublié (sourire)