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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

lundi, avril 07, 2008

Internet bouffe temps (pour mon plaisir, me suivre est hautement inutile ou facultatif, je pille longuement). Je n’arrive pas à lire comme je le voudrais les textes de Publie-net ou autres ; je cherchais un conseil pour le choix d’une liseuse sur à Montour, le site de Clémence Krebs, et suis tombée sur une lecture par elle, voix calme et délicate, charme et précision, de la page 48 de « Tumulte » de François Bon sur
http://page48.blogspot.com ; du coup, j’ai continué avec la page 48 de l’ »enfant qui devient fou d’amour » d’Eduardo Barrios par Sylvie Pavot, et d’autres… Mais, en fait j’avais envie de célébrer notre annuelle renaissance avec Cérès-Déméter et en navigant de trésor en trésor, j’ai trouvé un conte (que j’abrège un peu) dans l’Hymne à Démeter de Callimaque – écologie avant l’heure et refus de l’avidité. Poésie.
« Ils avaient dédié à Déméter un beau bois d'épaisse futaie, où une flèche aurait trouvé difficilement à passer. Les pins, les grands ormes, les poiriers, les beaux pommiers y abondaient ; pareille à l'ambre, l'eau bondissait dans le canal des sources. La déesse aimait passionnément ce pays, comme elle aime Eleusis, Triopé et Enna. Mais le bon génie des Triopides se mit à les haïr, et un dessein mauvais envahit Erysichthon. Il partit, ayant avec lui vingt hommes, tous en pleine force, tous des géants, capables de raser toute une ville, armés de haches et de cognées ; ils coururent, les insensés, au bois de Déméter. Il y avait là un peuplier, grand arbre qui touchait au ciel ; les nymphes y folâtraient au milieu du jour. Frappé d'abord, il exhala dans toute la futaie un gémissement. Déméter s'aperçut qu'on maltraitait son bois sacré et, dans sa colère : «Qui donc, dit-elle, abat mes beaux arbres ?» Aussitôt elle prit l'aspect de Nikippa, dont le peuple avait fait sa prêtresse ; dans sa main elle tenait les guirlandes et les pavots et elle avait une clef pendue à son épaule……..
Déméter entra dans une indicible colère ; elle fut de nouveau la déesse ; ses pas touchaient le sol et sa tête l'Olympe. Demi-morts à la vue de sa majesté, les bûcherons s'enfuirent en hâte, laissant dans les arbres les cognées. Elle, sans se soucier d'eux, car ils avaient obéi à la nécessité, sous la main d'un maître, répliqua à leur chef odieux : «Oui, oui, bâtis ta salle, oui, chien, ta salle de festins ; tu festoieras désormais et souvent». Elle n'en dit pas davantage, et à Erysichthon infligea un sort cruel. Elle mit en lui une faim terrible et sauvage, une faim ardente, violente, dont la force le rongeait comme une maladie. Malheureux ! Tout ce qu'il mangeait ne faisait que nourrir sa faim. Il y avait vingt serviteurs pour lui préparer ses repas, douze pour puiser le vin ; car Dionysos avait uni sa colère à celle de Déméter ; tout ce qui offense Déméter offense aussi Dionysos. Les parents d'Erysichthon avaient honte de le laisser aller à des banquets, à des soupers ; on imaginait toute sorte de prétextes……..
Plus il mangeait, plus s'exaspérait sa faim mauvaise. Comme un abîme marin, elle engloutissait, pour rien, sans profit, toutes les nourritures. Ainsi que la neige sur le Mimas, ou une poupée de cire au soleil, et bien plus encore, il fondait, si bien qu'à la fin le malheureux n'eut plus, outre les nerfs, que les fibres et les os. La mère pleurait ; elles se lamentaient les deux soeurs, et celle qui lui donna le sein, et les dix servantes aussi se désolaient. Triopas enfin, lève les mains jusqu'à ses cheveux blancs et apostrophe Poséidon qui ne veut pas l'entendre : «Père, qui n'es pas un père, jette les yeux sur ta troisième postérité, s'il est vrai que je suis votre enfant, à toi et à Kanake, la fille d'Eole, et si ce malheureux est bien mon fils. Plût au ciel que, frappé par Apollon, il eût reçu de mes mains les derniers devoirs. Maintenant il n'est plus, sous mes yeux, qu'une Faim mauvaise. Chasse ce mal terrible, ou charge-toi de le nourrir ; ma table y renonce. Mes étables sont vides, vide est mon parc à bétail ; et mes cuisiniers refusent tout service». On détela les mulets du grand char ; la vache, que sa mère élevait pour Hestia, il la mangea, ainsi que le cheval de course et le cheval de bataille, et la chatte, dont s'effrayaient les souris
»
Et puis le début d’un hymne homérique :
« Je commence par chanter Dèmètèr aux beaux cheveux, vénérable Déesse, elle et sa fille aux belles chevilles qu'Aidôneus, du consentement du retentissant Zeus au large regard, enleva loin de Dèmètèr à la faucille d'or et aux beaux fruits, comme elle jouait avec les filles aux seins profonds d'Okéanos, cueillant des fleurs, des roses, du safran et de belles violettes, dans une molle prairie, des glaïeuls et des hyacinthes, et un narcisse que Gaia avait produit pour tromper la Vierge à la peau rosée, par la volonté de Zeus, et afin de plaire à Aidôneus l'insatiable. Et ce narcisse était beau à voir, et tous ceux qui le virent l'admirèrent, Dieux immortels et hommes mortels. Et de sa racine sortaient cent têtes, et tout le large Ouranos supérieur, et toute la terre et l'abîme salé de la mer riaient de l'odeur embaumée »
L'hêtre (guère printanier mais beau) me vient de Toulon, le mur ruiné au cœur de la campagne méditerranéenne du Faucon

Et, modernité ou presque, « les Fastes » d’Ovide – avril :
« les premiers hommes avaient en guise de pain le herbes vertes
offertes par la terre, sans que personne ne le demande ;
tantôt ils cueillaient les plantes poussant sur le sol,
tantôt les pointes des tendres frondaisons faisaient leur repas.
Après ça on connut le gland, c’était bien déjà d’avoir trouvé le gland ;
du reste les ressources du robuste chêne étaient magnifiques.
Cérès la première invita l’homme à mieux s’alimenter
et remplaça les glands par une nourriture plus salitaire.
Elle contraignit les taureaux à courber le cou sous le joug ;
alors on creusa la terre, qui pour la première fois vit le soleil…. »

et j’en suis restée là parce que j’avais faim (et vive Cérès-Déméter puisque je n’ai plus droit aux herbes, aux feuilles ou aux glands).













pour parfaire la mort du temps, des retours sur la pauvre dernière terre, longs, appliqués, têtus, pour un résultat quasi insensible ; je ne renonce pas encore à tenter de la rendre moins bovine, mais laisse le cou s’affermir, dans la crainte de la décapiter, même si j’ai enfin trouvé une colle peu agressive et assez facile à utiliser pour que la maladroite que je suis récupère un bout de bras et un bout de pieds de mes dames à la plage










et puis, à huit reprises, assaut de paille de fer et détergent, éponge et savon, serpillère, pour tenter d’éliminer les taches d’huile dont j’avais, en cuisine somnolente dans la nuit de samedi, orné mon carrelage – pas encore parfait – passionnant n’est-ce pas (absorbant et crevant à tout le moins)

11 commentaires:

Siréneau a dit…

Coucou Brigetoun, j'ai l'honneur d'être le premier grâce à une petite insomnie, merci pour ces belles lectures, je ne connaissais pas Callimaque, odes à la nature,

...grand arbre qui touchait au ciel ; les nymphes y folâtraient au milieu du jour... mais la nuit où sont elles les coquines? Je te le demande, si tu connais la suite de l'histoire.

Je me permets de t'embrasser ;)

Rosie a dit…

Je ne connaissais pas non plus Callimaque et Demeter, grâce à toi, maintenant j'ai pu lire ces textes si beaux.

Dis donc, tes dames à la plage sont vraiment ravissantes, j'ai bien hâte de les voir finies et cuites, vas-tu nous les montrer?

Bon lundi, ma belle amie et bisous.

Brigetoun a dit…

Déméter te connais, c'est elle qui règne sur la végétation (entre autre)
je n'ai pas de four,et je crains que mon traitement un rien anarchique de la terre ne soit pas faite pour cela, alors juste cirage ou laque selon les cas, et la grace de Dieu.
Et telles qu'elles sont, avec leurs défauts (ce pif !) et leur inachèvement, je les considère comme finies, sauf éventuelle lubie

Muse a dit…

de retour de Marvejols, et de ce bon vieil Henri aux mollets de coq qui te salue une fois de plus je viens célébrer avec toi mère nature avec les anciens.Belle journée Brig.

Anonyme a dit…

Tu butines, chère Maya, pour notre miel journalier. Tel ce conte que je ferai volontiers mien de Céres-Déméter. Belle image du capitaliste selon Marx! "Plus il dévorait et plus sa faim s'exaspérait". C.Q.F.D.
Bonnes lectures à toi en cette froide journée mais ensoleillée ce qui chasse la neige de la nuit.

FalconHill a dit…

C'est très beau ce matin. Vive le net

Bonne semaine

micheline a dit…

passer un peu plus tard c'est bien aussi, on profite des commentaires, sans avoir à repasser pour les lire, ni poser des questions saugrenues!comme tu tapes combien de mots minute pour nous écrire cette superbe légende si pleine de riches symboles??
et j'ai ma réponse à une autre question comment conserver ces émouvantes céations ? les cuire dans un four me semblait la moindre des destinées...

Anonyme a dit…

Mine de rien tes œuvres se promènent dans ta maison et prennent forme, vie même !

Anonyme a dit…

et aurais aimé voir ces oeuvres en plus grand....
:-)

Brigetoun a dit…

cliquer dessus et voir les défauts

Anonyme a dit…

j'avais pas pensé...

j'aime bien celle qui est allongée