Matinée venteuse, mais dans le jardin de la rue de Mons je m’épanouissai de bonheu quiet au soleil, écoutant la lecture de « le jour, la nuit,et le jour, après la mort » d’Ether Gerritsen , représentant lesPay Bas, dans la série de « nouvelles pièces d’Europe », y trouvant nettement plus d’intérêt qu’à celle entendue la veille
« on a beau s’attendre à la mort de la mère, on n’y est jamais préparé. Le mari sobre et digne, le fils perdu, le frère qui sauve des vies grâce à ses « superpouvoirs » » (petite note introduisant un peu d’étrangeté, spectacularisation de notre tendance à nous préoccuper plus facilement de grandes causes que de nos proches, de notre difficulté à nous investir) ; « tous affrontent le deuil différemment pendant les deux jours et la nuit qui suivent le décès. L’écriture dramatique d’Esther Gerritsen se fait pudique » disait le programme, même si j’ai trouvé que la matérialisation, la dramatisation des tensions qui existent entre les membres d’une famille, nécessaire pour la rendre perceptible par ce pauvre spectateur était un peu excessive. Des problèmes aussi, qui peuvent être intéressants, pour la mise en scène, sur un plateau, de cette succession de monologues, entrecoupée de dialogues parfois violents.
Mais après mon assiette de pates avalée en baillant, plutôt que de me précipiter pour aller entendre Alain Badiou parler de l’amour, me suis endormie et à l’heure de partir assister à « feux » (j’avais acheté un nouveau billet) un manque total d’intérêt pour la chose, et pour les spectacles, et pour la lecture, et pour le ménage, et pour le repassage, une béance, une vacance, très légèrement douloureuse, surtout très tranquille, joyeuse un peu, sans remords, simple, totale. Et qui a duré.
Une photo en redondance, pardon, parce que je l’aime bien, et qu’elle est aussi douce et fermée que mon humeur
Une photo en redondance, pardon, parce que je l’aime bien, et qu’elle est aussi douce et fermée que mon humeur
Douceur un peu troublée malheureusement : un peu avant onze heures, le « chanteur » invité par le café en bas de chez moi ayant une sono d’une puissance inégalée (pour la première fois ni les murs, ni les écouteurs avec de la musique choisie à dessein ne la gommait) et une prétention aussi grande que sa qualité était piètre, m’en suis allée faire un tour dans les rues battues par un vent tout frais. Les vrais avignonnais plus ou moins sincèrement joyeux, de pauvres filles empailletées et un chanteur calamiteux devant la mairie, mais des cracheurs de feu et un public joyeux sous le Dom, et ce groupe de jeunes devant le théâtre, pas mauvais, surtout pleins de fougue, de sourires, avec leur public ami et familial. Je suis restée un moment avec eux et puis ai repris mon casque et tenté d’oublier la rue devant chez moi, dans son état passager.
Et presque immédiatement le silence s’est installé
Et presque immédiatement le silence s’est installé