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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

jeudi, avril 07, 2011

Michel Benoit met en ligne des photos d'une célébration discrète dans le jardin de Sainte Clair,, devant le théâtre des Halles, à l'emplacement de la chapelle où aurait eu lieu la rencontre de Prétarque et Laure, à l'aube du 6 avril 1327.

Malheureuse je suis de ne pas l'avoir su, me serais fait violence. J'imagine les mots dans cet endroit merveilleux, dans la lumière naissantehttp://avignon.midiblogs.com/archive/2011/04/06/a-primo-aubo-primo-dono.html?c

Et voilà que s'effacent les idées que j'avais pour Paumée, que je pars à la recherche et prends les premières photos que je trouve - pas les meilleurs me semble-t-il, et même désastreusement récupérée dans un cas, mais mon souvenir farde peut être celles qui se cachent dans mes réserves désordonnées (allez voir celles de Michel) – du jardin et du merveilleux cèdre, tant tant vieux, mais certainement postérieur à cette rencontre, et reprends, dans ma cour, le Canzoniere (dans la traduction du comte Ferdinand de Gramont) et les poèmes les plus proches de la naissance de cet amour, ceux qui sont le moins prétexte à philosophie (simple ce sont les premiers) et puis chercher sur le web, et grâce à google trouver l'original (en fait une édition bilingue anglo/italienne)

III

« C'était le jour où le soleil, en deuil de son Créateur, décolore ses rayons, lorsque ne prenant pas garde à moi, je fus fait prisonnier et enchaîné, Dame, par vos beaux yeux.

Il ne me semblait pas que ce fût le moment d'élever un rempart pour me garantir des atteintes d'Amour je m'en allai donc tranquille et sans soupçon ; ainsi mon désespoir prit naissance, au sein de la commune douleur.

Amour me trouva entièrement désarmé, trouva la voie ouverte, pas mes yeux, à mon coeur, lesquels sont devenus une source et un passage de larmes.

Donc, à mon sens, ce ne lui fut pas un honneur de me frapper de flèche en cet état, et de n'oser pas, à vous qui étiez sur la défensive, montrer seulement son arc. »

«Era i' giorno ch'al Sol si scoloraro

per la pietà del suo Fattore i rai,

quand'i fui preso, e non me ne guardai,

ché i be' vostr'occhi, Donna mi legaro..... »

V

« Quand j'émeus mes soupirs pour vous chanter, vous et le nom que dans le coeur m'écrivit Amour, sur le mode LAUdatif se fait d'abord entendre le doux son de ses premiers accents.

Votre état de REine que je rencontre ensuite vient, dans cette noble entreprise, redoubler ma valeur ; mais TAis-toi, crie la fin ; car l'honorer est un fardeau fait pour d'autres épaules que les tiennes.

La même voix réfrène ainsi L'AUdace par le REspect ; et pourtant je voudrais qu'on vous chantât, ô vous de tout honneur et révérence bien digne !

Sion que peut-être Apollon se courrouce, quand, pour parler de ses rameaux toujours verts, une langue mortelle ose se prévaloir. »

«Quando io movo i sospiri a chiamar voi

e 'l nome che nel cor mi scrisse Amore,

LAU-dando s'incomincia udir di fore

il suon de' primi dolci accenti suoi ; » ….

VI

Mon insensé désir s'est tellement égaré la poursuite de cette dame qui, s'enfuyant légère et exempte des lacs d'Amour, vole en avant de mon trop long essor ;

Que plus, en le rappelant, je l'envoie vers la route paisible, moins j'en suis écouté : il ne me sert de rien de l'éperonner ou de vouloir le retourner ; car, par sa nature, Amour se fait rétif.

Et puisque par force il retire le frein à soi, je me remets en son pouvoir, et ainsi, malgré moi, il me conduit à la mort,

Seulement pour atteindre le Laurier où se cueille l'acerbe fruit qui, lorsqu'on y goûte, aggrave les plaies d'autrui qu'il ne les soulage ».

«Si traviato é 'l folle mi' desio

a seguitar costei che'n fuga è volta

et de' lacci d'Amor leggiera et sciolta

vola dinanzi al lento correr mio... »

ô Messire clerc mon ami !

P.S. Vu, un peu plus tard un billet sur même sujet chez Fardoise, me sens vraiment idiote http://avignon-etats-lieux.blogspot.com/2011/04/alaube-du-6-avril-1327-petrarque.html

19 commentaires:

Pierre R. Chantelois a dit…

Pétrarque, dans les paradis des lettres, pourra se dire qu'il n'aura pas été oublié à travers les âges et que son œuvre, bellement et brièvement citée en ces pages, est un chant d'amour inépuisable au sein duquel se réconforte encore de nos jours l'humanité à la recherche des Belles Lettres.

Brigetoun a dit…

s'il a le sens de l'humour (le cache bien) il doit se gausser de cette ville qu'il a tellement vilipendée

Pierre R. Chantelois a dit…

« Ô Avignon, est-ce ainsi que tu vénères Rome, ta souveraine ? Malheur à toi si cette infortunée commence à se réveiller ! »

Relations tumultueuses, il va sans dire. Mais il y a Laure de Noves, cet amour interdit :

Beaux yeux, foyers étincelants

flambeaux amoureux où s’allume

L’ardent plaisir qui me consume
..



Brigetoun a dit…

Laure de Sade en fait et de Noves

MATHILDE PRIMAVERA a dit…

ralalalala, pourquoi n'avons nous pas été informés, comme toi je rage d'avoir loupé ça ???!!!

Lautreje a dit…

Vive google ! Comment faisions-nous avant, notre recherche prenait des jours, voire des semaines...le temps s'accélère, 1327 n'est pas si loin en fait !

Brigetoun a dit…

mais la traduction de Ferdinand L de Gramont je l'ai dans ma bibliothèque

micheline a dit…

être en Avignon est bien riche aventure

Fardoise a dit…

Cela ne m'étonne pas de ne pas avoir eu l'information pour l'hommage, il existe dans Avignon des réseaux d'initiés, pas toujours les mêmes d'ailleurs. Je regrette vraiment car je préparais mon billet depuis plusieurs mois, bon ! Rien n'a donc changé depuis que Pétrarque vilipendait la ville, disons qu'il nous manque doublement. Mais j'aime bien ton hommage justement, l'important est bien de perpétuer la mémoire.

lireaujardin a dit…

merci, merci pour ces mots en ligne de Petrarque...

(et j'ai raté comme toi cette rencontre, je ne savais pas... dommage, dommage)

Michel Benoit a dit…

Je regrette maintenant de ne pas vous avoir prévenues !
Mais je ne savais pas trop à quoi je devais m'attendre.
Par ailleurs, cette manifestation quasi-privée étant le fait de sincères fidèles, comment ne pas comprendre l'absence de publicité qui lui est faite ?
Donc :
Vendredi 6 avril 2012 à 6h30 !

Michel Benoit a dit…

Elle est bien d'ailleurs cette publication, Brigetoun.
Je la trouve très complémentaire !
Je vais aussi mettre un lien.

Brigetoun a dit…

ô Michel aucun reproche, juste à moi qui devrais être plus à l'écoute (surtout là)

Brigetoun a dit…

Daniel plus exactement il a fui autant que possible Avignon, par l'ascension du Ventoux (pas ce que je préfère, parce que ça nie un peu le paysage pour en venir à l'exaltation religieuse) et plus encore par la Fontaine Vaucluse avant de pouvoir regagner Rome un temps

JEA a dit…

3e (?) photo :
étrangeté d'une ombre qui mûrit sur un mur...

joye a dit…

Les flammes de Hannah sont effectivement bien loin de ton paradiso, bella mía.

Anonyme a dit…

Beaux mots de Pétrarque qui m'ont fait penser à son admirable petit livre, "L'Ascension du mont Ventoux" : le poète n'est pas resté cloîtré à Avignon !

Dominique Hasselmann

Gérard Méry a dit…

Demain départ pour vers Barcelone, culturelle aussi !

Laura- Solange a dit…

Grâce à vous je viens de relire "L'ascension du mont Ventoux", et parcourir quelques lignes de "la vie solitaire": "Sans lettres, sans culture, la solitude est un exil, une prison ,une torture: mettons-y les lettres, elle devient la patrie, la liberté, la délectation même"