Après deux jours de bel
été, passés à dormir beaucoup, repasser deux heures et lire un
peu davantage, après avoir tremblé en entendant passer dans la nuit
l'orage annoncé, sans dégât, voyant que les nuages présentaient
de grands trous bleus au dessus de ma cour, m'en suis allée dans la
ville, qui démentait les annonces d'orages répétés dans le jour,
admirant le ciel,
constatant très vite que mes jambes ne suivaient pas vraiment mon
moral réveillé et méditant la dernière vidéo de François Bon
pour l'atelier d'été (33 transactions)
https://youtu.be/9q3MuntuvSI,
Bien sûr les
interactions, les liens, les échanges n'étaient, en ce lundi matin
coincé au milieu de l'été, entre un week-end et une fête, guère
présents – de liens ne se voyaient guère que les câbles – mais
ce n'était que passager et j'ai entrepris, en rentrant, d'y
répondre, découvrant devant mon fichier vierge que, malgré ma
préparation, ou à cause d'elle, c'était beaucoup moins aisé que
le pensais... d'où un résultat qui, malgré relecture, retouches,
reprise d'un passage, pue un tantinet l'effort à mon avis.
Et je reprends ma seconde
réponse à la proposition n°29 : rencontrer (viidéo sur le billet
précédent, et l'ensemble des contributions sur
http://www.tierslivre.net/revue/spip.php?article211)
Une fête d'anniversaire
dans un village cossu, au delà du fleuve. La douceur d'un jardin où
s'installait la nuit, des voix joyeuses, sans excès, des rires sur
une terrasse, quelques errants dans les allées, entre les buissons,
sous les arbres, dont lui, qui s'ennuyait agréablement. Il a vu la
maîtresse de maison se diriger vers lui, accompagnée d'une femme
qui, émergeant de la pénombre, lui a paru un peu déplacée dans
cette assemblée, un peu trop âgée, ou pas assez pour prendre rang
dans le clan des duègnes plus ou moins joyeuses, un peu trop blonde,
un peu trop lourde pour les ramages violents de sa robe et la
profondeur du décolleté voilé en partie par une veste de dentelle,
les yeux un peu trop petits dans une débauche de couleur– de près
ils se sont montrés à la fois brillants, interrogatifs et peut-être
légèrement craintifs, faisant regretter la vulgarité qui les
enchâssait. Une femme que son amie ou hôtesse d'un soir voulait lui
présenter «parce qu'elle vous a reconnu» et la surprise de la voix
grave, harmonieuse, où l'accent se faisait léger, mettait quelques
notes chantantes. «oh je suis désolée, ça m'a échappé. Je ne
voulais pas vous déranger. Simplement j'ai été surprise. C'est
aujourd'hui, vous savez, avant l'orage, je décrochais des vieux
rideaux – la maison de ma tante, en vente – et vous étiez là,
seule présence dans le sentier du Tourbillon, juste sous moi, vous
regardiez la maison d'en face, celle envahie par les feuilles, et
puis vous avez avancé dans la rue, vous sembliez hésiter, chercher
quelque chose, une idée, ou un souvenir, peut être simplement une
adresse, ça m'a intriguée, vaguement... après, il y a eu la pluie
et vous êtes parti, oublions cela». L’hôtesse insistait, s'il
s'agit de vendre une maison, pourquoi ne pas s'adresser à lui,..
alors, bien obligés, ils ont commencé à en parler de cette vente,
aussi réticents l'un que l'autre. «Oui c'est bien la maison aux
rideaux volants, celle dont on disait... mais c'était des ragots,
des histoires sans aucun sens, des rumeurs imprécises, et puis c'est
oublié depuis longtemps». Oui elle en savait ce que lui racontait
son père, mais ce n'était pas chose à retenir et encore moins à
répéter. Et pour la vente, oui, elle aurait aimé.., mais bien
entendu ce n'était pas si facile comme le lui a dit son cousin
géomètre – oui elle avait fait relever les plans – elle est
grande mais sans le confort que demanderaient des acheteurs capables
d'envisager de payer un tel prix – quel prix ? elle ne savait pas
exactement, tout de même le quartier est calme, pas à la mode mais
calme – , elle est vieille mais pas ancienne, juste de la fin du
dix-neuvième siècle, il y a un jardin mais s'ils veulent une
piscine il ne leur restera plus guère de terrain, et puis tout de
même le quartier n'a pas la vogue des villages... alors la diviser
en appartements, peut-être, et l'hôtesse intervenant, «mais qu'en
dit ton frère ?» «je ne sais pas, je ne crois pas qu'il soit
d'accord pour vendre, il voudrait.. oh je ne sais pas» «mais alors
pourquoi en parler ? Tu ne changera jamais». Se sont retrouvés
seuls, face à face... elle avait brusquement l'air d'une vieille
petite fille grondée par une amie brillante, alors pour ça, pour sa
voix, pour la retenue de ses attitudes, le choix de ses mots, tout ce
qui faisait un si plaisant contraste avec son apparence, il lui pris
la main, ils se sont assis sur un banc et ils ont cherché à trouver
des souvenirs communs pour faire revivre le sentier du Tourbillon.
5 commentaires:
Le ciel passe toujours l'éponge
Votre pause n'aura pas duré trop longtemps !
Bonne reprise, alors ! :-)
c'était prévu… disais mardi ou mercredi, le temps de sortir de l'épuisement
en fait j'aurais sans doute attendre un jour de plus… pas encore bien ferme (mais volonté renaissante)
j'aime beaucoup ce texte
merci Claudine
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