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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

samedi, juillet 07, 2007

Brigetoun verbeuse dans le désert des vacances, et un Avignon qui se remplit.
Vendredi matin, bloquée sur le trottoir symbolique, sous l’hôtel de Sade, pendant qu’une voiture passait lentement, indécise puisqu’un chantier obstrue le débouché de la rue sur la place de la Préfecture, j’ai levé les yeux et l’appareil, mais je ne sais pourquoi ces pauvres pierres en ont légèrement rougi, habituées pourtant qu’elles devraient être à ces indiscrétions.
Et, toujours nez en l’air, j’ai remarqué pour la première fois, derrière l’urbanité de la façade et de la terrasse qui me fait toujours un peu rêver, ce qui semble être un mirador, ou, mais je crois pouvoir en douter, une hune de vieux croiseur. Nez en l’air parce qu’à mon niveau nous serons bientôt trop nombreux pour la phobie qu’a ma carcasse des foules.
Ouverture du festival. Pour moi par « les paravents » de Genet mis en scène par Fisbach, avec les marionnettes du théâtre Youkiza, reprise d’une ancienne mise en scène.
Le théâtre municipal était au 3/4 plein et j’ai pu facilement trouver un strapontin me permettant d’être quasi debout. Avec mon manque d’esprit pratique j’ai monopolisé deux personnes pour apprendre à utiliser les petites jumelles fournies à l’entrée (dont je ne me suis que fort peu servie pour ne pas perdre les mouvements et leur interaction, chorégraphie réussie). Mitigé : de beaux moments, un jeu intéressant entre le jeu des acteurs, des marionnettes, des acteurs avec les marionnettes, de quelques vidéos, une impression d’esthétisme-écran par moment.
Plateau noir avec l’arrivée d’un paravent blanc portant un beau graphisme, puis des panneaux, un écran moyen avec des projections de photos, dessins ou spectre des voix, les photos créant l’ambiance par leurs tonalités plus qu’illustrant, puis des praticables plus ou moins importants, sources de très et parfois trop belles images. Une grande science de l’occupation de l’espace. Dans la seconde partie, pour le monde des morts, un grand écran.
Au premier tableau la mère et Saïd joués par des acteurs, avec un travail sur la voix, surtout pour la mère qui passe de la représentation de la tendresse à des onomatopées ou cris, ou causticité, beau ou que j’aime, mais un peu inabouti en ce qu’elle ne permet pas toujours la compréhension du texte.
Puis arrivent les marionnettes, assez petites (d’où les jumelles) pour moi qui me souvenais d’un extraordinaire spectacle de bunraku vu à Paris, merveilleuse découverte, mais si du coup leur jeu m’a semblé relativement plus sommaire, certaines marionnettes, la jeune prostituée et le propriétaire terrien, retrouvaient cette quasi humanité stylisée qui m’avait fascinée. Comme pour le buraku elles sont manipulées par des silhouettes noires, qui parfois prennent part à l’action, et toutes les voix sont interprétés par deux diseurs, un homme et une femme, qui peu à peu sortent de leur coin (excellents, surtout l’homme). L’instrument de musique est remplacée par une bande son allusive et discrète.
La femme de Saïd, la moche, tête emmitouflée dans un grand chech noir, jouée par un homme, ce qu’on ne découvre qu’au salut final, m’a évoqué une femme d’Alger de Delacroix, en version géante et qui serait douée de mouvement et d’une voix de mezzo sensuelle.
Des moments très beaux (pour moi la scène entre la mère et Sli Slimane, le gant de pécari géant dominant les travailleurs et les deux époux en prison. Mais le mélange entre l’oratorio, la farce, l’esthétisme, les marionnettes et la pantomime ne prenait pas toujours à mes yeux. Un peu une impression que l’on passait à coté de ce qui aurait pu être.A l’entracte je suis sortie sur le balcon fumer en m’évitant la tentation de partir, juste à temps pour voir arriver des chevaux au coin de la place de l’horloge, avec des fiers faux vrais gardians, et un public ravi.

Pour une raison ou une autre, au début de la seconde partie, j’ai retrouvé du goût pour le lyrisme du texte, et avec l’errance de Saïd et de sa femme je suis enfin entrée dans le spectacle, lui retrouvant la force dont j’avais gardé le souvenir après avoir vu une mise en scène dense et belle d’une version sans doute raccourcie de la pièce, il y a je crois une dizaine d’année à Nanterre ou Bobigny (toute la matinée je me suis agacée du flou dans lequel restait cette impression pourtant marquante et d’être incapable de retrouver le nom du metteur en scène dont je sais simplement que j’aime son travail - idiot),. Toute la suite m’a semblée réussie même si par moment les dispositifs, inventaire abouti de ce que l’on retrouve dans les spectacles des dix dernières années, transparents, belles vidéos des marionnettes avec les voix off etc…) pour intéressants, pertinents, beaux qu’ils soient, finissent par retenir toute l’attention, et m’éloignaient de Genet.
Tout de même cela nous a retenus pendant un peu plus de quatre heures. Et j’en suis restée là.
Messagerie envolée. Coups de téléphone infructueux, rage, retour au calme et diner avec George Sand.

10 commentaires:

Anonyme a dit…

Je suis content de reprendre avec toi le suivi du Festival.
Tu vas finir par me donner vraiment envie d'aller jusqu'en Avignon pour son thêatre !

marie.l a dit…

tant à découvrir chez toi après mon absence, je me réjouis de te lire à nouveau et à regarder tes toujours aussi belles photos.
Bon samedi Brig !

Anonyme a dit…

Encore un tour de manège
Brigetoun amazone
Zone sur son cheval de bois

Anonyme a dit…

Tu aimes ta ville çà se sent, tu as diné avec George Sand ? quelle chance, elle va bien ?

Anonyme a dit…

Grâce à toi, ma chère Amie, je découvre ce genre de théâtre/marionnette, que je ne connais point... Si tu es restée 4 heures, le spectacle devait plus que te plaire !
Passe un excellent week-end de festival !
OLIVIER
PS : j'adore la dernière photo du public vu d'en haut, puis-je te l'emprunter ? merci !

Anonyme a dit…

Bravo; j'ai toujours déambulé dans Avignon hors-festival. La ville est très différente; on ne doit savoir où donner de la tête. Bonne continuation pour ce journal.

Anonyme a dit…

l'Hôtel de Sade... souvenirs de mes études: un poète italien qui vécut à Avignon au service du Pape tomba amoureux d'une femme nommée Laura de Noves qui était, semble-t-il, une ancêtre des de Sade. Le destin mélange les ficelles d'une bien étrange manière. A ces souvenirs d'université s'ajoutent ceux de mes lectures de Gênet, tout cela donne un goût de drogue enivrante et maléfique.

Julie Kertesz - me - moi - jk a dit…

beau récit, on le vit avec toi,

j'ai l'impression, presque confirmé par toi ici que c'est le festival des pièces d'avant garde ou joués comme telle,

aussi fantastique images des gens, attendant d'entrer?

je voudrais quand même être oiseau et m'envoler pour une ou deux heures, voir ce qui se passe: tu as réussi à nous faire lever l'appétit

Brigetoun a dit…

les gens dehors : entracte pour ceux qui n'avaient pas choisi le balcon que nous trustions à quelques uns.
Lobita ton poète est assez connu et a nom Pétrarque

Anonyme a dit…

Paix trarque