Je marchais dans le plaisir d’un mouvement presqu’aisé, inconscient de lui-même, d’autant plus précieux que rare, et l’air était doucement hivernal, avec un soleil plus réel que souvenir qui embrassait les murs qui s’étaient mis en position pour le recevoir.
Mais mon moral a été un peu plombé par la laideur prétentieuse de la décoration que je devrais voir pendant plus d’un mois (espoir que la nuit l’améliorera légèrement, mais la lourdeur restera).
J’ai continué mon cheminement, devenue plus sensible au petit flux incessant de liquide sortant de mes yeux et de mon nez, jusqu’à sentir la pesanteur qui, occupant mon crâne, semblait en être la source.
J’ai continué mon cheminement, devenue plus sensible au petit flux incessant de liquide sortant de mes yeux et de mon nez, jusqu’à sentir la pesanteur qui, occupant mon crâne, semblait en être la source.
Et puis je les ai rencontrés, comme dans un autre monde, et me suis arrêtée pour allumer une cigarette et les observer.
Leur demander raison de leur présence.
Conversation de deux rescapés de longs vols, qui se connaitraient un peu, mais pas vraiment – domination attentive et soumission consentie – image d’un rêve de liberté – une nature à la profondeur gelée, pleine de symboles discrets, légers, assez raffinés mais pas trop, pour nous toucher – une épure élégante – la finesse simple et aristocratique qui aurait du m’être ennemie.
Et suis repartie sans savoir à quelle histoire, autre que l’harmonie des formes et des tons, cela correspondait dans l’esprit de l’auteur du tableau, la responsable de cette boutique qui me donnerait presque l’envie d’un achat pour la remercier du plaisir que me donnent ses vitrines, si ce royaume de bois repeint, d’osier, de verres simples et de beau coton blanc ne me semblait pas au dessus de mes moyens. Mais contrairement à la plupart des magasins ou même appartements marqués de ce gout qui, pour être celui dans lequel j’ai grandi, me semble le bon, il n’y a aucune trace de perfection assumée et réfrigérante, ou excluante, mais une chaleur aimable (même si elle est jouée et commerciale), l’illusion d’une personnalité, qui accueille et donne, et me renvoie avec un peu de joie. Comme les maisons de mes sœurs. Et n’ai pas le désir au fond de posséder des objets qui dans leur simplicité raffinée m’intimideraient jusqu’au moment où je les aurai endommagés et me les serai appropriés, ou qui constitueraient des piles intactes, non vues, pour le plaisir. Mais en les quittant ma main a eu un hoquet et j’ai emporté une seconde image.
Leur demander raison de leur présence.
Conversation de deux rescapés de longs vols, qui se connaitraient un peu, mais pas vraiment – domination attentive et soumission consentie – image d’un rêve de liberté – une nature à la profondeur gelée, pleine de symboles discrets, légers, assez raffinés mais pas trop, pour nous toucher – une épure élégante – la finesse simple et aristocratique qui aurait du m’être ennemie.
Et suis repartie sans savoir à quelle histoire, autre que l’harmonie des formes et des tons, cela correspondait dans l’esprit de l’auteur du tableau, la responsable de cette boutique qui me donnerait presque l’envie d’un achat pour la remercier du plaisir que me donnent ses vitrines, si ce royaume de bois repeint, d’osier, de verres simples et de beau coton blanc ne me semblait pas au dessus de mes moyens. Mais contrairement à la plupart des magasins ou même appartements marqués de ce gout qui, pour être celui dans lequel j’ai grandi, me semble le bon, il n’y a aucune trace de perfection assumée et réfrigérante, ou excluante, mais une chaleur aimable (même si elle est jouée et commerciale), l’illusion d’une personnalité, qui accueille et donne, et me renvoie avec un peu de joie. Comme les maisons de mes sœurs. Et n’ai pas le désir au fond de posséder des objets qui dans leur simplicité raffinée m’intimideraient jusqu’au moment où je les aurai endommagés et me les serai appropriés, ou qui constitueraient des piles intactes, non vues, pour le plaisir. Mais en les quittant ma main a eu un hoquet et j’ai emporté une seconde image.
Et la journée a coulé entre tasses de thé, assauts à la nourriture, écoute de la voix de Piccoli, et parfois ses mots, petits éclats sourds d’intelligence ou fusées brèves de rire, petites somnolences et lecture du dernier numéro de « Manière de voir » sur «la fabrique du conformisme » et le plaisir amer de trouver si juste un article de Bernard Stiegler : « le désir asphyxié, ou comment l’industrie culturelle détruit l’individu », ce sentiment de survivre sur un ilot tellement rongé que je commence à l’être moi-même, depuis peut être que j’ai cédé à internet sans avoir la force nécessaire. Et mes yeux glissant jusqu’à une colonne à la suite consacrée à Deleuze, je me disais que les contraintes des familles, religions etc… permettaient à la singularité de subsister par la révolte.
Le conditionnement auquel nous sommes soumis ne le permet plus, on ne se révolte pas contre l’ »opinion publique », l’air du temps. Et, si on le fait, si on résiste, c’est au risque de se couper avec les autres par incompréhension, avec en outre la culpabilité de se croire égocentrique et suffisant. Et ainsi, d’instinct, sans réflexion, je vérifiais à mon grand dam, dans ma vie, que Deleuze avait raison. Rester à coté et aimer, mais se résoudre à ce que son ébauche de réflexion reste lettre morte. Le contrôle n’étant pas celui des caméras, des puces, etc…, ou pas seulement, mais celui de la conversation, de la communication, la vie au milieu de ceux qu’on aime. Et reprendre ma résistance obstinée au désir des biens de communication que l’on dit indispensables et qui ne peuvent que maquiller notre solitude et brouiller nos tentatives d’être.
Le conditionnement auquel nous sommes soumis ne le permet plus, on ne se révolte pas contre l’ »opinion publique », l’air du temps. Et, si on le fait, si on résiste, c’est au risque de se couper avec les autres par incompréhension, avec en outre la culpabilité de se croire égocentrique et suffisant. Et ainsi, d’instinct, sans réflexion, je vérifiais à mon grand dam, dans ma vie, que Deleuze avait raison. Rester à coté et aimer, mais se résoudre à ce que son ébauche de réflexion reste lettre morte. Le contrôle n’étant pas celui des caméras, des puces, etc…, ou pas seulement, mais celui de la conversation, de la communication, la vie au milieu de ceux qu’on aime. Et reprendre ma résistance obstinée au désir des biens de communication que l’on dit indispensables et qui ne peuvent que maquiller notre solitude et brouiller nos tentatives d’être.
Et m’en suis allée vérifier que je ne détestais pas irrémédiablement le piano romantique, quand l’interprète est Bertrand Chamayou et qu’il s’agit de Mendelssohn et Schumann, d’autant qu’il y avait aussi au programme deux trop brèves pièces de Lachenmann et Rihm.
Mais même si j’aime bien le chant simple de Mendelssohn, et malgré la relative retenue de l’interprète, même si j’ai bien aimé l’étude numéro 3 et la plus grande partie des variations sérieuses (surtout les 3 et 4) il y a (je ne parle que de ma réception toute personnelle) trop de sentimentalité, surtout dans les deux lieds transcris par Litz, trop de musique qu’avec une certaine mauvaise foi je qualifie de « au mètre » et de virtuosité pure que je supporte assez mal. Dans l’ensemble tout de même du charme. Mais si l’autorité, les petites cascades, les claires ponctuations de la berceuse de Lanchenmann ont été écoutées avec une certaine attention, ponctuée de toux, Aut einem anderen Blatt de Rihm que Chamayou avait vendu à son public en faisant allusion au sommeil qui est, en effet, au centre, a déclenché des rires encombrant tout ce qui devait être silence. Comme l’attention est revenue pour le Scherzo du songe d’une nuit d’été, j’ai pris une conscience aigue de mon refus de cette gratuité étincelante et n’ai pas eu le courage d’affronter un long entracte avant le Carnaval de Schuman, sans doute une des choses que j’aime le moins dans ce que je connais de lui, et suis partie. Je fais parfois depuis que je suis ici des rêves de Bach, Beethoven ou Kurtag pour le clavier, comme la programmation pour les opéras réveille mon amour qui a peu de chance de s’assouvir dans cette ville pour Haendel, Monteverdi, Berlioz, Janacek, Aperghis ou Eötvös.
Mais même si j’aime bien le chant simple de Mendelssohn, et malgré la relative retenue de l’interprète, même si j’ai bien aimé l’étude numéro 3 et la plus grande partie des variations sérieuses (surtout les 3 et 4) il y a (je ne parle que de ma réception toute personnelle) trop de sentimentalité, surtout dans les deux lieds transcris par Litz, trop de musique qu’avec une certaine mauvaise foi je qualifie de « au mètre » et de virtuosité pure que je supporte assez mal. Dans l’ensemble tout de même du charme. Mais si l’autorité, les petites cascades, les claires ponctuations de la berceuse de Lanchenmann ont été écoutées avec une certaine attention, ponctuée de toux, Aut einem anderen Blatt de Rihm que Chamayou avait vendu à son public en faisant allusion au sommeil qui est, en effet, au centre, a déclenché des rires encombrant tout ce qui devait être silence. Comme l’attention est revenue pour le Scherzo du songe d’une nuit d’été, j’ai pris une conscience aigue de mon refus de cette gratuité étincelante et n’ai pas eu le courage d’affronter un long entracte avant le Carnaval de Schuman, sans doute une des choses que j’aime le moins dans ce que je connais de lui, et suis partie. Je fais parfois depuis que je suis ici des rêves de Bach, Beethoven ou Kurtag pour le clavier, comme la programmation pour les opéras réveille mon amour qui a peu de chance de s’assouvir dans cette ville pour Haendel, Monteverdi, Berlioz, Janacek, Aperghis ou Eötvös.
Et rentrée, après un peu de variations Golberg, je me rends compte, avec honte, que j’ai tout simplement oublié qu’il y avait un forum de la rénovation du PS près de mes remparts, que je n’ai pas choisi de ne pas y assister mais simplement oublié. Et Hollande était touchant dans son discours final ou ce que j’en ai entendu, et Valls selon la radio a ironisé ce qui aurait tendance à me faire regretter mon abstention (même si je n’attendais pas grand-chose)
12 commentaires:
merci de ta visite sur mon blog, je te souhaite un très bon dimanche
Françoise
Encore une belle journée à se ballader avec toi, tes écrits font que je me sens avec toi à travers ce que tes yeux voient, parfois avec la musique que tu écoutes, parfois aussi avec ce que tu lis.
Dommage que tu aies raté l'exposition.
Bon dimanche et bisous.
oh Rosie ! l'exposition ? c'est le forum socialiste ? peut être pas faux
une nouvelle fois subjuguée par ton art de rapporter, et les moments de ta vie, et les instants de tes musiques, de tes lectures, les photos de ta ville, et bien d'autres choses... et cela dure depuis que je te lis !
Bon dimanche Brig !
Tes moments culturels sont plus intenses que tes élans à la rénovation du PS...comme je te comprends.
"Je suis allée vérifier que je ne détestais pas irrémédiablement le piano romantique" : c'est une litote ?
Quelle belle vitrine, en effet...
Je pensais à toi en pensant au premier forum, et j'espérais, en fait, que tu pourrais nous en faire un tableau aussi vivant que ceux que tu fais d'habitude... C'est raté, j'en ai bien peur ;-)
Moi aussi, ai eu une pensée pour toi ce matin en écoutant l'annonce du forum de la rénovation en Avignon. Oublié... bel acte manqué !! Pas dommage...
Biz
remarquez le vrai début selon le site du parti est le 28 à Paris - là c'était une petite consolation pour les déçus de ne pas avoir eu la visite de SR, et un encouragement avant une nouvelle défaite - pas très intéressant le Vaucluse
Dans une ville trop peuplée, c'est là que l'on perçoit le mieux sa propre solitude. Tu n'as cependant pas perdu ta journée.... Quant à la novation (mot que je préfère à ré-novation), est-elle de de ce temps?
Oublié le forum ?
belles photos ici
tombee par hasard sur ton blog.
le nom de la ville a eveillé ma curisosité, me suis sentie moins seule soudain. je blogue aussi, rien sur la ville, elle m'a peu seduite. merci pour ta prose, elle ets bien agreable à lire.
http://arpenteusedetoiles.uniterre.com/
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