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Parce qu’il me semblait que les couleurs étaient sorties d’un alignement de palette et même d’une mixtion, ou de leur jeu connu, expérimenté, depuis des siècles, plus ou moins savamment ou consciemment – ce n’était plus leurs mises en valeur réciproques, plus leur façon de structurer l’espace.
Là, devant moi, je croyais voir l’essence de la couleur effleurer et se mouvoir, les théories de Chevreul, de Signac dépassées par un mélange d’application, nourri d’années d’expériences acharnées, un saut dans la vérité.
Mais il était dit : » il doit y avoir au moins un spectre… et au moins trois couleurs ». Pour les couleurs j’en débordais, même en voulant les transposer, mais le spectre ? Un petit doute me taraudait – pas sure j’étais du sens qui était donné, là, à ce mot : pictural ou de l’ordre du pseudo-spirituel ?
Alors j’ai tourné un peu la tête, et j’ai demandé son avis à Seurat, le cher homme, un peu gris, avec sa barbe, ses yeux doux et son front têtu, et bougon, comme souvent, il m’a répondu que je l’ennuyais, que cela n’avait pas d’importance, qu’il n’avait aucune idée de ce qu’il fallait raconter et ne voulait en avoir. Alors, voilà, je suis désolée.
Bof ! bon c’était toujours ça – alors j’ai vu que le ciel était devenu bleu, j’ai déjeuné, soigné la dolence du masque et la mienne, avec plus de succès pour cette dernière, et attaqué le repassage.
« Ainsi parla Mani, le peintre donneur de préceptes
Employez toujours des couleurs de même origine. L’indigo est la meilleure base : il vient jaune traité par l’esprit de nitre et rouge dans le vinaigre. Les droguistes en ont toujours. …. Laissez le fond de votre papier éclaircir vos teintes, et faire le blanc, mais ne le laissez jamais absolument nu.
Le linge et la chair ne se peignent que si on a le secret de l’art. Qui vous dit que le vermillon clair est la chair, et que le linge s’ombre de gris ? Mettez une étoffe blanche à côté d’un chou ou à côté d’une touffe de roses et vous verrez si elle sera teintée de gris… »Parce que l’écriture de Michel-Eugène Chevreul manque furieusement de poésie quelle que soit sa pertinence.
7 commentaires:
Le temps est au beau, alors on repasse. Alors donc, pour se motiver à la besogne on contemple Seurat! Étonnant quand même, de si près c'est autre chose.
Accent Grave
Tu as bien respecté les requis du texte à produire pour Les Impromptus, un Spectre de Couleurs, j'aime beaucoup ton texte et j'y ai retrouvé les trois couleurs demandés.
Seurat, connais pas.
Alors pas de repassage hein, pas grave, la littérature et la poésie sont plus passionnantes. Tu sais, personne ne va venir voler ton repassage, ah! ah! il peut attendre.
Bon jeudi et bisous xxxx
Pense que tes tracts sont des papillons que tu déposes ça et là, tu verras ta timidité fondra telles les voix de l'UMP !
à propos de couleurs, ravi que bridgetoun ait pris sur son temps de tractage, autocollage, photographie, réflexion, écriture, promenades... pour aller voir le portrait d'albin.
à bientôt...
J'aime furieusement ton style, la richesse des mots, leur chaleur alliée à une désarmante timidité.
Oui, décidément, je dois l'avouer, je suis fan.
J'aime bien le détail de Seurat : vive le pointillisme !
brigetoun, pardon (à cause du bridge of avignon, peut-être ?).
Tractage... c'est bien ! Je vous en connais d'autres... si voulez...
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