Ce n’étaient pas les filles de La Rochelle, ni celles de Camaret, c’étaient les filles d’Escambobariou, mais elles aussi ont armé un bâtiment.. Comme Escambobariou est assez peu peuplé, elles avaient été rejointes par des filles de Carqueiranne, de Porquerolles, et même de la Ciotat ou de Cuers, jusqu’à deux jumelles d’Avignon descendues au fil du Rhône et comme la vie ce n’est pas des chansons, ou pas tout à fait, elles n’étaient pas toutes filles de quinze ans mais de quinze, seize ou vingt ans.
Le capitaine qui les commandait n’était pas le roi des bons enfants, mais la très belle et un peu folle fille d’un vieil amiral perclus de rhumatismes. S’avaient tout de même à leur bord quelques vieux sages pour ravauder les voiles et faire la cuisine.
Elles n’allaient pas faire la course mais cabotaient avec belles cargaisons.
Seulement, un jour où le ciel touchait la mer, leurs gris se mélangeant, le vent vient à manquer et les voiles, qui n’étaient pas de dentelles, mais de belle grosse toile bise, comme il se doit pour un beau brick, pendaient et ne pouvaient trouver le moindre souffle.
Marie-Anne le capitaine a fait hisser tous les petits bouts de toile, les focs, les trinquettes et contemplait d’un œil navré toute cette étendue flasque.
Les vieux burinés comme de beaux bronzes dodelinaient de la tête et disaient que « bonne mère, pour sur, mordiou, on n’avait jamais vu ça ».
Magalie et Perrine de Porquerolles ont descendu une embarcation et ont entrepris de pécher à la palengrotte. Zorah de Cuers, qui était un peu gipsy a commencé à danser, accompagnée au violon et à la flûte par les avignonnaises. La plus jeune, assise bien emmitouflée dans un gros caban qui la faisait ressembler à une gracieuse roche, jouait avec une ficelle, repassant toutes les figures auxquelles jouent les filles dans les couvents. Et les toulonnaises suçaient des pastilles avec un air de plus en plus boudeur.
Et le lendemain, désolation, pas le plus petit soupir, aucune risée en maraude, les vieux soupiraient et les filles s’agaçaient. Marie-Anne grondait.
Mais quand la nuit est descendue, sans réveiller le plus petit filet de brise, une musique a couru sur l’eau, et puis le bruit des avirons, et puis des chansons et dans les dernières lueurs elles ont vu arriver une galère, celle qu’avaient armée des gars de Marseille.
Et Marie-Anne a dit à son père que ce fut très sage, et que le lendemain, avec un petit ventelet nouveau-né et avec une remorque, ben ça s’est bien terminé. Mais on ne peut empêcher de jaser sur les quais. Mais hors impromptus, une vieille mère grimpée en haut de sa maison, essayait en vain de voir ses filles au milieu de la mer, par delà les distances et l’impossibilité. Il faut dire qu’elle était un peu demeurée.
Comme était limitée Brigetoun cotonneuse et durement dolente, qui a remis à mercredi, en accord avec l’équipe, toute action vaguement militante (il s’agirait de motiver les abstentionnistes et ma bouille n’avait rien de motivant)
Sieston, repassage, cool juste assez pour me permettre, honte à moi, de sortir dans la soirée pour aller entendre l’ »Elixir d’amour » à l’Opéra.
Le capitaine qui les commandait n’était pas le roi des bons enfants, mais la très belle et un peu folle fille d’un vieil amiral perclus de rhumatismes. S’avaient tout de même à leur bord quelques vieux sages pour ravauder les voiles et faire la cuisine.
Elles n’allaient pas faire la course mais cabotaient avec belles cargaisons.
Seulement, un jour où le ciel touchait la mer, leurs gris se mélangeant, le vent vient à manquer et les voiles, qui n’étaient pas de dentelles, mais de belle grosse toile bise, comme il se doit pour un beau brick, pendaient et ne pouvaient trouver le moindre souffle.
Marie-Anne le capitaine a fait hisser tous les petits bouts de toile, les focs, les trinquettes et contemplait d’un œil navré toute cette étendue flasque.
Les vieux burinés comme de beaux bronzes dodelinaient de la tête et disaient que « bonne mère, pour sur, mordiou, on n’avait jamais vu ça ».
Magalie et Perrine de Porquerolles ont descendu une embarcation et ont entrepris de pécher à la palengrotte. Zorah de Cuers, qui était un peu gipsy a commencé à danser, accompagnée au violon et à la flûte par les avignonnaises. La plus jeune, assise bien emmitouflée dans un gros caban qui la faisait ressembler à une gracieuse roche, jouait avec une ficelle, repassant toutes les figures auxquelles jouent les filles dans les couvents. Et les toulonnaises suçaient des pastilles avec un air de plus en plus boudeur.
Et le lendemain, désolation, pas le plus petit soupir, aucune risée en maraude, les vieux soupiraient et les filles s’agaçaient. Marie-Anne grondait.
Mais quand la nuit est descendue, sans réveiller le plus petit filet de brise, une musique a couru sur l’eau, et puis le bruit des avirons, et puis des chansons et dans les dernières lueurs elles ont vu arriver une galère, celle qu’avaient armée des gars de Marseille.
Et Marie-Anne a dit à son père que ce fut très sage, et que le lendemain, avec un petit ventelet nouveau-né et avec une remorque, ben ça s’est bien terminé. Mais on ne peut empêcher de jaser sur les quais. Mais hors impromptus, une vieille mère grimpée en haut de sa maison, essayait en vain de voir ses filles au milieu de la mer, par delà les distances et l’impossibilité. Il faut dire qu’elle était un peu demeurée.
Comme était limitée Brigetoun cotonneuse et durement dolente, qui a remis à mercredi, en accord avec l’équipe, toute action vaguement militante (il s’agirait de motiver les abstentionnistes et ma bouille n’avait rien de motivant)
Sieston, repassage, cool juste assez pour me permettre, honte à moi, de sortir dans la soirée pour aller entendre l’ »Elixir d’amour » à l’Opéra.
Un décor agréablement stylisé, de jolis jeux de lumière, une mise en scène reprenant les codes féliniens, la robe blanche avec des plumes de Juliette, des clowns, un monsignor délicieux avec une robe à traine et des patins, des escarpolettes-ascenseurs…, mais sans trop de lourdeur, un Nemorino, Florian Laconi, à la voix agréable, pas trop nasillarde (mon manque de gout pour les ténors), avec une jolie désinvolture qui lui permettait d’assumer le caractère un peu trop purement farce que la mise en scène lui imposait, une Adina, Amel Brahim-Djelloul, jolie et chantant joliment, de bons seconds rôle (spécialement la voix chaudement veloutée d’Armando Noguera en Belcore) et une musique que, j’en demande pardon à ses amateurs, j’ai d’abord trouvée désagréable, flonflon, banale et acide, avant de lui découvrir, outre l’entrain, de l’esprit. Un très agréable moment finalement, et si je baillais la faute en était à ma carcasse.
7 commentaires:
Quel beau titre pour un concert "Élixir d'amour", tu n'as pas aimé au début, mais par la suite tu as passé un agréable moment, je suis bien contente pour toi. Chanceuse de pouvoir assister à autant de concerts.
J'aime beaucoup ton texte "La panne" bien écrit, l'on se demande ce qui va arriver et tout finit par s'arranger, les secours arrivent. Bravo, bien écrit.
Bisous, ma belle amie xxxxx
Panne: finira-t-on par désemsabler l'Artémis aux Sables d'Olonne... et le Char de l'Etat en pays de Sarkosie???
Coucou Brig,
ton texte est en tout point remarquable !
Dis moi t'aurais pas un élixir d'Amour pour moi ;)
Repose toi bien ! et excellent 2ème tour !!!
Bises,
OLIVIER
".... une mise en scène reprenant les codes féliniens, ...."
Mon commentaire n'a aucun rapport avec le sujet de votre texte .
Simplement un modeste hommage au grand Felini.
J'ai vu "La dolce vita " quand j'avais dix huit ans .
Ce film m'a hypnotisé pendant une grosse semaine .
Toute l'année suivante , souvent ,je relisais le scénario que j'avais réussi à acheter .
Je peux même dire qu'avec Saint Exupéry et son Petit Prince , ce film a fortement influencé toute ma vie .
Je suis étonné , quand je lis les différentes critiques de ce chef d'oeuvre , de voir rarement mentionné ce qui , à mes yeux , est la grande leçon de ce film : on ne voit bien qu'avec le coeur , les yeux sont aveugles .
Une autre version du Petit Prince .
Ce qui me désole , c'est par contre de voir que ce qui a été retenu , ce sont les scènes spectacles comme celle de la Fontaine de Trévise .
A croire que les spectateurs n'ont rien compris à ce film que je ressens comme une oeuvre mondiale .
Quel beau texte as-tu offert, encore une fois, aux impromptus... Sur un thème qui t'est, nous le savons, assez cher, à savoir la mer et la marine...
La touche félinienne de ton opéra m'aurai bien tenté.
ça fait du bien de passer chez vous par les temps qui courent...
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