Samedi matin, décidée à enchanter la journée, après le naufrage de la veille, m’en suis allée vers mon cher jardin de Mons. Cette année lecture d’une partie des 27 nouvelles pièces d’Europe qui doivent être lues en plusieurs endroits douceur du soleil sur mon cou, mon visage, le petit vent se faisant discret juste pour jouer avec les cheveux. La pièce du jour était danoise : « Chef d’oeuvre » de Chritian Lollike - résumé du programme : »la phrase polémique du compositeur allemand Karlheinz Stockhausen consacrant les attentats du 11 septembre 2001 comme »l’œuvre d’art la plus grandiose de tous les temps » initie la pièce… dans lesquelles les valeurs occidentales sont décryptées à la lumière de nos rapports au reste du monde »
Tentative de cynisme, dandysme, pas si feint, mais gentil - juste gentil - et il y a le Biaffra, le sida, une prétendue reconstitution de la parole ou pensée du terroriste, les piercings, les performances, les viennois - sans jamais se dégager des idées convenues, restant volontairement ou non marqué par la « guerre des civilisations » - une charmante chose qui ne risque certes pas de modifier le monde ou nos crânesEn sortant, pour effacer cette douce déception, quelques minutes dans la cour de la maison de Jean Vilar en écoutant avec plaisir et sympathie Lucien Attoun parler du festival (curieux avec l’âge je me retrouve en accord presque parfait avec ce qu’il dit) en feuilletant des livres, pour m’offrir une toute petite plaquette d’un danseur japonais Ushio Amagastu « dialogue avec la gravité » qui me semble au premier contact une jolie, peut être grave, chose.
Retour pour cuisine rapide (et souhaits familiaux, qu’ils soient bénis) - place de l’horloge fraternisation qui semblait joyeuse entre une parade et les pauvres pandores qui s’ennuient.
Vers 16 heures, partie à contre corps et contre nerfs, portée à travers la foule, et des détours, par le plaisir anticipé du « Paradisio" de Castelluci dans la si bellement fatiguée église des Célestins.
D’autant plus que j’avais aimé et adhéré à sa phrase « Pour moi c’est le chant le plus épouvantable, une forme d’exclusion inversée et non pas un accueil en forme de bienvenue » la lumière totale, le monde désincarné n’étant pas spécialement fait pour nous autres mortels au corps si présent.
D’autant plus que j’avais aimé et adhéré à sa phrase « Pour moi c’est le chant le plus épouvantable, une forme d’exclusion inversée et non pas un accueil en forme de bienvenue » la lumière totale, le monde désincarné n’étant pas spécialement fait pour nous autres mortels au corps si présent.
Un peu inquiète devant la queue, la trouvant modérée, ou presque, je morigénais la petite (pas si petite) montée d’agoraphobie, inutilement puisqu’on est venu nous dire que, le public entrant par groupes de cinq, l’attente prévisible dépassait sensiblement deux heures, et que nous arriverions devant la porte un peu après sa fermeture.
Le conseil : venir un peu avant 11 heures pour l’ouverture à 13 heures - donc cela restera pour moi une idée d’envie - à la lisière des tables, dans un coin presque caché, laissé le désarroi stupide se calmer, respiré largement, fait jouer mes mains pour les décrisper, (ma sottise parfois !)
et suis partie vers la suite de mon programme, non moins désiré, à l'hotel de Forbin La Barben, (souvenir d’un lieu plaisant et calme) « Night nursery » des frères Quay - une trace de queue, mais pour nous permettre la contemplation calme, intime, les entrées là aussi sont filtrées et l’attente était estimée à une grande heure. J'essaierai à la fin du festival.
Alors j’ai trouvé le calme vaguement studieux, gentil, amical, de l’école des arts, et un grand verre d'orgeat. Les grands panneaux de Frédéric Nauczyciel une prise prolongée pendant toute la durée d’un grand spectacle dans la cour (ici le roi Lear)
Et les très belles, amicales, amoureuses, photos que Vitez prenait de ses acteurs se maquillant ou se préparant
Quelques minutes dans la pénombre de l’installation de Célia Houdart, avec le jeu mouvant de la lumière à travers le bouquet-boule de lames métalliques, pendant que Valérie Dréville lit « précision sur les vagues » de Marie Darrieussecq » -
« Je me tiens devant la mer, celle qui borde la côte basque…. À l’ouest, tout est bleu… » mais ne suis pas restée très longtemps (prosaïquement, une odeur qui m’était désagréable)
« Je me tiens devant la mer, celle qui borde la côte basque…. À l’ouest, tout est bleu… » mais ne suis pas restée très longtemps (prosaïquement, une odeur qui m’était désagréable)
Et dans la cour, lu le début du « dialogue" acheté le matin
«station debout sur la frange entre terre et mer
Devant, déployé à perte de vue l’horizon
Par-dessous un grouillement de poissons
Qui depuis le fonds fixent des yeux la surface de l’eau… »
«station debout sur la frange entre terre et mer
Devant, déployé à perte de vue l’horizon
Par-dessous un grouillement de poissons
Qui depuis le fonds fixent des yeux la surface de l’eau… »
En passant devant Calvet plus d’une heure avant le début de la lecture d’Electre par une flopée de beaux acteurs, un petit groupe se formait déjà - j’ai continué, ai farfouillé dans la boutique la plus chère pour le plaisir, suis rentrée et écoute Electre en notant cela (raison de ma longueur ?), et endossant ma plus jolie jupe pour me mettre l’âme en fête et aller assister au cloître des Célestins à « Faune’s » - lu de mauvais avis, peut-être faux.
Qu’a-t-on fait de notre été ? Des femmes sages en blousons polaires, des élégantes entortillées dans des écharpes, Brigetoun et une jupe pleine de tissu et un justaucorps à manches longues qui s‘est révélé insuffisant pour le vent se glissant dans le cloître. Cours Jean Jaurès la fête des avignonnais non festivaliers, sympathique .
Encore une file d'attente, mais tranquille, ordonnée, courtoise pour pénétrer dans le cloître, et finalement je crois que j’ai aimé ce que Olivier Dubois, avec son corps plus que lourd, et un peu mou d’aspect, fait du faune. En quatre étapes.
Sur l’écran blanc que malmenait le début de mistral, ajoutant aux scènes un peu d’étrangeté qui n’était pas voulu, le film en noir et blanc de Christophe Honoré, histoire d’éphèbes et d’un fétichiste (pour résumer), dérision assez tendre
Devant la toile peinte de la création par Nijinski, battant un peu dans le vent, la reconstitution du ballet d’origine,ou une approche - une certaine beauté avec les jeunes filles hiératiques et légères, un certain comique courageux de ce corps dans le collant peint du faune.
Devant la toile peinte de la création par Nijinski, battant un peu dans le vent, la reconstitution du ballet d’origine,ou une approche - une certaine beauté avec les jeunes filles hiératiques et légères, un certain comique courageux de ce corps dans le collant peint du faune.
Je suppose que la troisième partie était celle réglée par Sophie Perez - Dubois en chasseur sorti des contes allemands, la lamentation dans le cor, tournant en aboiements pendant qu’il se fait chien, et la danse ensuite - une bouffonnerie assumée
Et une certaine beauté dans le dernier Faune - lumière rousse, un corps emmitouflé dans un manteau de pelure rousse, danse à terre, douloureuse - puis le corps nu de dos secoué, une impression de sauvagerie calme - la beauté (je trouve) de l’avancée vers le devant de la scène, sur sons de rafales, en traînant une immense draperie en peluche comme une grande cape, le crâne portant des cornes de mouflon (ou proche) surdimensionnées, - une belle image et un peu du souffle très transposé de la forêt - mais peut être dix minutes de trop pendant lesquels il dispose sur des piques de chauds manteaux, et, frigorifiée comme je l’étais, j’ai eu grande envie de faire les quelques pas qui me séparaient du plus proche et de m’en emparer.
Me suis esquivée, épaules serrées, pendant qu’il affrontait un cocktail d’applaudissements et de huées, et suis rentrée à grands pas.
Mes félicitations aux quelques courageux qui m’auront suivie.
Et une certaine beauté dans le dernier Faune - lumière rousse, un corps emmitouflé dans un manteau de pelure rousse, danse à terre, douloureuse - puis le corps nu de dos secoué, une impression de sauvagerie calme - la beauté (je trouve) de l’avancée vers le devant de la scène, sur sons de rafales, en traînant une immense draperie en peluche comme une grande cape, le crâne portant des cornes de mouflon (ou proche) surdimensionnées, - une belle image et un peu du souffle très transposé de la forêt - mais peut être dix minutes de trop pendant lesquels il dispose sur des piques de chauds manteaux, et, frigorifiée comme je l’étais, j’ai eu grande envie de faire les quelques pas qui me séparaient du plus proche et de m’en emparer.
Me suis esquivée, épaules serrées, pendant qu’il affrontait un cocktail d’applaudissements et de huées, et suis rentrée à grands pas.
Mes félicitations aux quelques courageux qui m’auront suivie.
8 commentaires:
C'était ton anniversaire, ma belle amie, donc, je te souhaite plein de belles et bonnes choses pour la prochaine année.
Je te chante ma p'tite chanson amicale:
Un baiser sur ta joue,
Une fleur sur ton coeur,
Un sourire, pour te dire ...
Joyeux anniversaire, ma belle amie.
Dis donc, tu en fais des choses dans une journée, toujours intéressant de t'accompagner tout au long de tes ballades et de tes découvertes artistiques et musicales.
Oui, je t'ai suivie et ce n'est par courage, mais par intérêt.
Bon lundi et gros bisous pour ton anniversaire xxxxxx
Anniversaire ? Bien rempli ! Bon anniversaire !
Quelle journée pour un anniversaire. Allez, une grosse bise à toi.
Pas d'attente si longue bien que l'Orangerie était comble, hier, à Sceaux, pour le Trio Wanderer auquel était venu s'adjoindre Moragués, le clarinettiste, dans un programme Beethoven et Schubert et cet éclatant Quatuor pour la fin du temps d'Olivier Messian. Un transport éthéré. Extatique.
Je ne mérite pas tes félicitations ma suis arrêté à la photo de Vitez .Et remarqué les touches bleu, blanc, rouge de ta deuxième photo. Je t'embrasse en sachant pourquoi !
Si tu ne me vois que peu en ce moment tu en connais la raison...le déménagement se précise; encore quinze jours à vivre dans un lieu où j'ai passé 12 ans.
Pourquoi ai-je pensé à la route 66 ! va savoir. Permets moi de te serrer dans les bras et de t'embrasser chère Brig et lecture faite des billets que j'ai rattrapé...ici toujours aussi chaud et sec!
Et bien oui, je t'ai suivie jusqu'au bout, c'est moi qui te trouve courageuse, malgré l'attente et le froid.
Petite Pétarde, qui ne te suivrait pas partout ??? Joyeux anniv' !
merci à vous tous - ceci dit, est ce mon grand âge, aujourd'hui plongée dans une quiète indifférence à tout.
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