M'extraire de ces sottises, m'en extirper et rejoindre la flèche bouffée par la lumière, barre de stabilité (sur la platitude de l'écran, certainement moins dans les petites rafales brusques de ce vendredi matin), m’y installer, prendre un bain de ciel, et puis regarder nos toits, me balancer un peu, donner un coup de pied à la métaphore poussive, ne garder que le goût de ces diagonales, et pour d’éventuelles autres images, ma seule fantaisie, ou peut-être des accords involontaires.
« grabataire »... « Dans ce printemps qui ne l’est que pour les autres, le mot me déchire, d’autant que par moment, dans cette saison cruelle, je fais effort pour donner à ce que je vis, sinon un sens, du moins, pour moi-même, seul, pour ma conscience, une image un peu noble, et ainsi je m’efforce de hausser, d’élever ma détresse irrespectable à celle de Job, et je me vois plutôt sur son fumier que sur la couche d’un malade ordinaire auquel l’adjectif grabataire renvoie ; autant le substantif est beau, autant l’adjectif est laid. Pour moi, qui connais la valeur des mots, cette adjectivation est une réduction de ma souffrance d’alors, sa régulation, sa normalité hospitalière ».
« tremblant de tous mes os presque à cru maintenant.....
dans un village, où un surcroît d’épouvante m’a fait arrêter et descendre du car, m’asseoir sur un banc au milieu de la place centrale et de son cercle de réverbères voilés d’insectes, les voici qui bondissent de toutes les avenues convergentes » (les chiens)
« Toute ma joie de vivre se tient dans cette tension et ce va-et-vient, ce jeu intérieur entre un mal que je sais depuis l’enfance être celui de tous les humains à la fois, à savoir de n’être que cela, humain dans un monde minéral, végétal, animal, divin, et une guérison dont personne ne voudrait, qui me priverait, en cas de réussite, de tout courage, de tout désir, de tout plaisir d’aller toujours au delà; en avant - et dont par intérêt bien compris depuis longtemps, je ne veux pas ».
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"Après la clinique, c'est l'entrée dans la dépression douce, la guérison lente..... un monde désenchanté, sans relief ni couleur notables, des regards ternes qui ne vous voient plus, des voix toujours adressées à d'autres que vous qui revenez de trop loin, une obligation quotidienne à survivre..."
Brigetoun, s’est battue avec la dolence de sa machine, qui, de nouveau, se traîne ou décroche brusquement du site que je voulais lire (raison de ma prolixité ?).
Brigetoun ce matin tachera de comprimer ses tempes à deux mains, pour fixer un reste de raison dans son crâne; et s’en ira au premier « café politique » organisé par sa section, entre 10h et 11h30 à la Brasserie 3 - 14 place Pie (et en profiter pour faire un marché), ouvert je pense à tout Avignonnais ou autre curieux.