découvert au petit déjeuner une photo (Christophe Raynaud de Lage sur le site du festival) avec un moment de découragement. Décidément aucun des spectacles dans la cour d'honneur cette année n'aura tenu compte du lieu (sans remonter loin, souvenir de Castelluci, de Nadj et d'autres ) et tous auront imposé leur lourde installation qui se déplace de festival en festival, signe à la fois de la prépondérance de l'argent et, j'en ai peur, de suffisance et manque d'ouverture d'esprit et donc un peu d'intelligence de la part des créateurs (peut être aussi d'une crainte de s'affronter au mur). Les spectacles dans la cour ont été quasiment toujours montés pour plusieurs lieux, mais ils jouaient la souplesse, une certaine sobriété (pas forcément moins onéreuse d'ailleurs). Un peu du pré formaté qui tue la magie (lieu commun que ce mot, mais qui a été souvent réalité dans ces pierres). Puis j'ai haussé moralement les épaules, et décidé de passer sur cet énervement matinal pour garder l'envie de découvrir (en outre la photo était plutôt séduisante)
en fin de matinée, un groupe attendait un spectacle devant le théâtre de l'Oulle et quelques tables étaient occupées pour des petits déjeuners tardifs ou des déjeuners très en avance.
suis allée à Calvet pour écouter "communistes et compagnons de route malakoffiots" à partir d'entretiens de Wajdi Mouawad avec des communistes ou sympathisants, à Malakoff, en 2007.
Avec un petit (ou plus) agacement, devant le présuposé des questions de Mouawab qui brident les réponses de ses interlocuteurs, mais peu à peu, quand le temps leur en est donné, on a des témoignages intelligents (le premier) dans l'analyse des problèmes moraux posés par la découverte de la réalité soviétique et le refus de condamner pour autant son idéal, émouvants, parfois agaçants. (je n'ai jamais pu être tentée par le communisme, que j'accusais arbitrairement de "police des esprits", j'ai un recul devant l'organisation du parti, qui finalement se retrouve un peu dans les autres, mais j'admire le dévouement et la générosité des engagements à la base) .
Avec un petit (ou plus) agacement, devant le présuposé des questions de Mouawab qui brident les réponses de ses interlocuteurs, mais peu à peu, quand le temps leur en est donné, on a des témoignages intelligents (le premier) dans l'analyse des problèmes moraux posés par la découverte de la réalité soviétique et le refus de condamner pour autant son idéal, émouvants, parfois agaçants. (je n'ai jamais pu être tentée par le communisme, que j'accusais arbitrairement de "police des esprits", j'ai un recul devant l'organisation du parti, qui finalement se retrouve un peu dans les autres, mais j'admire le dévouement et la générosité des engagements à la base) .
suis partie en fin d'après midi vers le lycée Saint Joseph une fois encore
rencontrant un adepte du tractage paresseux (je lui ai proposé de prendre sa place)
pour le dernier programme des sujets à vif dans le jardin de la vierge. Débutant par "out of the blue'" qui a monopolisé cinq interprètes, une chorégraphe, un collaborateur, une scénographe etc... une assez belle équipe de gens talentueux, et auquel je suis restée totalement extérieure, plus préoccupée de lutter contre un début de malaise.
"un projet libre et expérimental qui est arrivé par accident, à l'improviste..." à mon humble avis, trois projets et demie plutôt réussis, sans plus, qui se raboutent comme ils peuvent. Avec une petite préférence pour la danse saccadée et ironique des deux créatures en cotte bleue qui étaient assis dans un coin pendant que nous nous installions.
"un projet libre et expérimental qui est arrivé par accident, à l'improviste..." à mon humble avis, trois projets et demie plutôt réussis, sans plus, qui se raboutent comme ils peuvent. Avec une petite préférence pour la danse saccadée et ironique des deux créatures en cotte bleue qui étaient assis dans un coin pendant que nous nous installions.
Me suis aspergée une fois de plus pour rester et assister à "dis moi quelque chose" sur une proposition de Nicolas Bouchaud, une mise en scène d'Anne Cornu et Vincent Rouche, avec Catherine Vuillez charmante clownesse en courte robe blanche à volant avec une fleur aussi rouge que son nez, et Boris Alestchenkoff, Bartok, un clown fédérant l'auguste et le clown blanc, très grand et lunaire, très homme du monde. Bartok et Schubert amoureux de Géraldine et Piaf, qui est transie d'amour pour un absent - quelques jolis mots, des déplacements hasardeux et choréfiés. Charmant.
Mais suis revenue branlante, et malgré douche, auto persuasion, ai du à ma grande navrance constater que j'étais incapable d'aller assister à Casimir et Caroline, marrie parce que, malgré ce que je notais ce matin, au début de ce billet, je ne demandais qu'à être persuadée par le dispositif (surtout pour une fête de la bière), comme je pensais l'être certainement par la pièce et l'équipe constituée par Johan Simons, Paul Koek et leurs acteurs et musiciens.
Et puis finalement, après avoir noté cela, que je garde, tant pis, j'ai senti que les médicaments faisaient leur effet, j'ai mis ma jupe préférée, du rouge à lèvres, et suis partie pas bien fiérote.J'ai pu échanger ma place contre un strapontin un peu plus haut et me suis installée, décidée à aimer.
J'ai trouvé que le grand échafaudage n'allait pas mal au mur. Des musiciens en collants rayés noirs et blancs qui s'accordaient au barreaudage derrière eux ont commencé à jouer une musique planante pas désagréable, les quelques acteurs ont commencé à s'agiter frénétiquement comme des fêtards sur ce trop grand espace. Casimir et Caroline étaient un peu trop lourds, un peu trop vieux, mais assez bons comédiens pour que Casimir soit touchant et que l'on oublie l'accent de Caroline qui la rend parfois incompréhensible.
J'ai trouvé que le grand échafaudage n'allait pas mal au mur. Des musiciens en collants rayés noirs et blancs qui s'accordaient au barreaudage derrière eux ont commencé à jouer une musique planante pas désagréable, les quelques acteurs ont commencé à s'agiter frénétiquement comme des fêtards sur ce trop grand espace. Casimir et Caroline étaient un peu trop lourds, un peu trop vieux, mais assez bons comédiens pour que Casimir soit touchant et que l'on oublie l'accent de Caroline qui la rend parfois incompréhensible.
"Casimir se rend avec Caroline à la grande Fête de la bière à Munich. Son esprit n’est pourtant pas à la fête : il vient de perdre son emploi de chauffeur et craint que sa fiancée, si elle le découvre, ne le quitte pour un meilleur parti. Mais Caroline n’en a cure et pense que leur amour est plus fort que l’argent, elle le pense… Ainsi commence Casimir et Caroline, l’un des chefs-d’œuvre de Ödön von Horváth, joué en français par la troupe du NTGent. L’atmosphère est au charivari, les têtes tournent comme les manèges, les conventions sont bousculées, la réalité s’estompe dans les vapeurs de l’alcool. Mais les hiérarchies sociales et l’argent roi ne peuvent pas être niés très longtemps et s’imposeront in fine, pour tout remettre « en ordre ». Car si la fête est ce temps farcesque et joyeux de l’égalité, de la fierté et de l’identité populaires, elle est aussi celui, aliénant, commercial et impitoyable, de la marchandisation générale du monde..." dit le programme.
Mais, le parti pris d'en faire un spectacle musical (et il y a de bonnes chansons, ils dansent parfois, et l'occupation de l'espace par les acteurs (fort bons) est intelligente, même s'ils sont un peu perdus dans beaucoup d'espace vide) fait qu'il faut peiner parfois pour saisir les intentions de la pièce, à part quelques bonnes scènes. Je n'aime pas le surlignage, mais là il y avait éparpillement.
Les départs se sont fait de plus en plus fréquents, le jeu a été interrompu un moment par les protestations vociférées de quelques spectateurs, ce qui n'a pas franchement aidé à ce que "la sauce prenne".
Du coup, je me suis entêtée, et ne suis partie, honteusement mais discrètement, que cinq minutes avant la fin pour éviter la bousculade, et m'en suis allée perplexe, parce qu'il y a une belle énergie, de l'intelligence et du travail, quelques bons moments, mais globalement j'étais passablement insatisfaite. Pas de chance avec la cour d'honneur cette année.
Mais, le parti pris d'en faire un spectacle musical (et il y a de bonnes chansons, ils dansent parfois, et l'occupation de l'espace par les acteurs (fort bons) est intelligente, même s'ils sont un peu perdus dans beaucoup d'espace vide) fait qu'il faut peiner parfois pour saisir les intentions de la pièce, à part quelques bonnes scènes. Je n'aime pas le surlignage, mais là il y avait éparpillement.
Les départs se sont fait de plus en plus fréquents, le jeu a été interrompu un moment par les protestations vociférées de quelques spectateurs, ce qui n'a pas franchement aidé à ce que "la sauce prenne".
Du coup, je me suis entêtée, et ne suis partie, honteusement mais discrètement, que cinq minutes avant la fin pour éviter la bousculade, et m'en suis allée perplexe, parce qu'il y a une belle énergie, de l'intelligence et du travail, quelques bons moments, mais globalement j'étais passablement insatisfaite. Pas de chance avec la cour d'honneur cette année.
9 commentaires:
Admiration pour cette patiente et acharnée chronique du jour qui fut pourtant le tien
au pied du mur
le dos au mur
si chaque histoire de mur est différente, toutes se révèlent infiniment plus complexes qu'une architecture hostile ou protectrice, prestigieuse ou fragile...
marathonienne du festival...et chroniqueuse à vif...j'admire la persévérance dans cette chaleur étouffante que j'imagine dans les murs et la générosité à faire connaître ces spectacles...il semble que le festival d'avignon soit une épreuve du corps et de l'esprit...
faut dire que j'ai un corps peu courageux et un esprit qui a un long passé et guère de formation officielle (bon là dessus j'aurais tendance à penser que ce n'est pas exactement un handicap)
C'est beaucoup, beaucoup, beaucoup !
Cela m'étonne que tu ne t'en lasses pas psychiquement. (je ne sais pas si tu comprends ce que je veux dire)
Merci pour ce partage quotidien ... j'ai l'impression d'avoir un peu participé en "off" à ce festival ... Je ne sais pas si j'aurai ta curiosité et ta persévérance pour suivre l'ensemble de ces spectacles.
Communisme : police des esprits ? certes une certaine droite également.
me concerne moins, je suis imunisée
la fatigue y est peut être pour quelque chose dans cette désespérante insatisfaction. Tu es très courageuse Brig!
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