Jeunesse du monde

renaissante,

en belle constance,

accrochant des pousses

juvéniles,

feuilles d'un vert inouï de fraîcheur,

au bois noir des arbres

chargés d'années,

et puis,

les souches abandonnées.

Dans nos villes,

l'explosion colorée des fleurs,

en désordre

préparé avec soin

dans des serres

et la gaieté qu'elles nous offrent en passant

vite.

Toi mon ami le mur,

et moi

qui te salue

comme un signe de mon antre

proche,

nos peaux usées

sous la caresse du soleil,

enivrées de sa tendresse,

mais ta solidité

victorieuse du temps.

Je me désagrège

sous les rides.

Alors j'ai rêvé d'une sylve grouillante, chaude, pleine d'humus, d'odeurs lourdes, d'un silence bruissant, de chants lointains, de glissements végétaux, de craquements, de crissements, d'insectes, de tant d'insectes, et de fleurs étranges dans des rais de lumière, et puis d'ombre, de profondeur creusée dans l'ombre qui s'approfondit, s'étend, renaît d'elle-même - s'y perdre, s'y dissoudre après s'être débattue, un peu.

Mais n'avais rien de tel ici. Suis restée une, encore solide.