Puisque le printemps nous est advenu, puisque les lourds manteaux, les pantalons de laine sur collants épais ne sont plus de mise, puisque l'étendage peut faire des incursions dans la cour, mais que, paresse grande, j'ai devant l'ouverture des valises, l'organisation des empaquetages/dépaquetages, le repassage ou le trajet vers le pressing (deux gros sacs en attente), je me suis détournée, avec toute la résolution qui me manquait pour ces actes, vers l'utilisation des quelques photos d'arbres traînant dans ma petite réserve, pendant que la sève se réveille dans les originaux, et j'ai cheminé virtuellement, à l'heure du thé,
tête renversée pour suivre les griffures douces des branchettes dardées vers le ciel, grattant le bleu pour cueillir un peu de lumière,
et leurs lourdes mères qui surveillent, et attendent.
Et la lumière je l'ai trouvée qui était descendue au creux fortement ouvert du platane, comme une main en coupe,
caressant et dorant les petits rameaux fins, chevelure clairsemée et désordonnée.
chantant à l'unisson des branchages clairs et neufs,
exaltant le rouge d'un feuillage.
L'olivier, lui seul, se recueillait sur l'effort du renouveau, en secret, jouant, comme au creux de l'hiver, des faces sombres et argentées de ses feuilles au gré des risées.
et je me suis plongée dans la lecture de «recherche d'un nouveau monde» de François Bon, http://www.publie.net/tnc/spip.php?article316, saluant en passant ou relisant les textes dont je me souvenais, comme celui qui ouvre le recueil et dont le début s'est trouvé sur «paumée» pour le premier des vases communicants auxquels j'ai participé (ce qui ne sera sans doute pas le cas ce mois-ci) http://brigetoun.blogspot.com/2009/09/linitiative-de-francois-bon-et-de.html avec une légère variante, ce qui donne :
«Dans ce qu’on rêvait il y avait cela : un chemin d’eau, déjà depuis un point de départ très loin, qu’on aurait peiné à trouver. Puis délabré, ou comme abandonné, au moins partiellement, ce simple ponton où on s’arrête, là depuis si longtemps et pourtant des traces, des traces encore - d'autres ici sont venus, d'autres ici viennent.»
circulant entre des textes reconnus et certains que j'avais négligés ou qui n'ont pas figuré sur tiers-livre, dans cet univers qui est de plus en plus celui de beaucoup d'entre nous, dont je suis, avec mon petit entêtement passéiste, délicieusement exclue dans mon oisiveté nichée en vieilles pierres (quoique mon lien avec la vie passe de plus en plus par l'écran)
Même si, je ne détesterais pas cela : «Et qui se plaignait d’être désormais débarrassé même du sommeil ? Ce qui mangeait le temps, avant, c’était le temps de transit. Maintenant, c’était où on voulait. On s’installait là, tout confortablement. Le matin, on entrait dans ces établissements avec cabines, on y prenait soin de votre linge. On avait oublié la notion d’objets personnels. On se connectait où on voulait.» ce qui est un peu moins vrai depuis que j'ai trouvé l'antre.
Description d'un monde auquel on s'adapte avec tristesse, et que, même dans mon abri égoïste, je ne peux ignorer
«C’était plutôt ce mouvement général qui effrayait : ne plus entendre d’autre point de vue. Les radios, par exemple, devenaient tristes. Ce qu’ils mettaient en place allait durer, comment ne feraient-ils pas peser tous leurs efforts sur leur propre durée. Ce qui était triste, c’est cette valeur moyenne qui perdurait, quand tout s’écroulait autour : usine qui ferme, mais c’était là, juste à côté de chez toi. Réformes mises en place, mais cela affectait même les nouvelles têtes, à l’école maternelle ou primaire, quand tu passais auprès.»
de ce monde, le nôtre, avec un pas de côté, une vision, monde pourtant où vivent des humains «Restait évidemment la famille, le couple, l'amour : pas question de noyer cela dans la ville.»
Textes divers, où l'on trouve notamment un mini-traité sur la façon dont cet ensemble se construit : «Ce qui compte, pour moi, c’est que pièce après pièce se constituent des galeries, des étages, des passerelles. Un personnage peut répondre à un autre. Parfois, dans ces chambres closes, les chambres d’invention, j’installe un ordinateur, un écran. La fiction naîtra de ce qu’il en fera, mon personnage, de son ordinateur et de son écran.», où l'on trouve Hémon et la découverte du Nord, au bout du voyage, et cela :
«Et de quoi rêvais-tu sinon de livres, et la monotonie même de la voiture – enfin ce que tu en présumais, ce temps qu’il vous faudrait – est-ce que ce n’était pas pour s’enfermer dans cette idée que naissent ainsi les livres, de cette rumination dans paysage mobile ? »
Et si vous voulez vérifier combien est facile et agréable la lecture sur écran, Publie.net a mis en ligne, et c'est gratuit, un texte du même François Bon, texte d'une ancienne conférence sur la lecture http://www.publie.net/tnc/spip.php?article317
7 commentaires:
Je n'arrive pas à trouver facile et agréable la lecture sur écran...
Il faudrait peut-être que j'essaye en grossissant l'affichage du texte...
Elsa Triolet :
- "Les mots sont ces quelques feuilles qui créent l'illusion d'un arbre avec toutes ses feuilles".
vas voir, ouvrer le fichier, tu verras il est facile de varier la taille (par cotre ce texte là est assez sérieux)
Une fête de l'arbre!
A laquelle j'applaudis.
tellement de choses dans chacun de vos billets... J'aime comment vous aimez les arbres.
Je vais aller voir publie.net
beauté de ces arbres à peine sortis du sommeil, encore tout décoiffés,ou déjà maquillé de rose
J'aime tes arbres, ta façon de les regarder, de les décrire..., j'ai aussi trouvé facile et agréable la lecture sur écran, je ne connaissais pas....
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